Rodolphe Saadé a dû s’étrangler et TF1 se trouver conforté d’avoir porté plainte contre France Télés à la lecture du papier de L’Informé sur les déboires de Brut.
En
janvier dernier, « TF1 la filiale
de Bouygues annonçait
avoir déposé plainte à Bruxelles visant France Télés pour « aides d’État
illégales ». Leur communiqué ne laissait aucun doute sur la détermination du
groupe privé à faire rectifier ce qu’elle considère comme une asymétrie de
concurrence préjudiciable face à France Télévisions… »
A la lecture de l’excellent article
de L’Informé signé Jamal Henni et Emmanuel Paquette (*), le 1er groupe de télés privé doit
se dire qu’il a bien, fait de saisir la justice.
Chacun découvre après
l’auto promo que Renaud Le Van Kim s’est faite sur le service public franceinfo :
(canal
27 de la TNT), le 23 mai dernier, la différence entre ses
déclarations et les informations du titre de presse précité :
"Brut, c'est 3500 m² de plein pied, l'ex-plateau des Galeries Lafayette dans lequel avant je circulais en trottinette alors
que maintenant j'utilise un vélo et je ne suis pas le seul" avant d'enchérir "Nous ne sommes qu'une quarantaine seulement à Cannes mais à
Paris, nous sommes 10 fois ça" [donc environ 400, ndlr]
Loin de ce qu’écrit L’Informé :
« La
plateforme a aussi cherché à diversifier ses sources de revenus. Elle a
essayé de nouer des partenariats notamment avec Carrefour pour lancer une offre
de téléachat sur le Net. Mais comme l’a révélé L’Informé , l’initiative
Brut Shop s’est terminée l’année dernière en raison de difficultés rencontrées
au sein de la société commune.
Elle a
aussi choisi de s’internationaliser en ouvrant des bureaux aux États-Unis,
en Inde ou encore en Afrique.
Pourtant,
en 2022, la société a finalement annoncé supprimer des postes afin de diminuer
ses pertes. L’antenne de New York (dotée d’une soixantaine de personnes) et
celle de Mexico ont même dû être fermées.
Les effectifs,
de plus de 350 salariés en 2022, sont tombés à environ 250 collaborateurs, dont
200 dans l’Hexagone. »
Un delta de 150 voire 200…une
paille !
TF1 a dû également adorer la suite « Le modèle économique a mis du temps à se trouver.
Il repose sur deux piliers. D’une part, la publicité : il s’agit
de trouver des annonceurs prêts à diffuser leurs spots au début de ses vidéos.
Pour cela, la start-up a signé un partenariat avec France
Télévisions Publicité devenue sa régie en 2017 pour l’ensemble des séquences
reprises par les sites ou les chaînes du groupe.
De l’autre, le
brand content, ces contenus nuancés par des marques : ces vidéos
sponsorisées représentent près de 60 % de son chiffre d’affaires. «
Ils sont très agressifs commercialement sur le marché en ce moment , note un
concurrent. Ils cherchent à faire rentrer des contrats à tout prix. ».
Autrement dit ce que le groupe privé qualifie d’asymétrie de concurrence !
Et de rappeler l’accord passé
depuis 2 ans avec France Télévisions qui assure ainsi une bonne partie du
chiffre d’affaires de Brut :
« En mai
dernier, la plateforme a revendiqué 2 milliards de vidéos vues, portée
par le Festival de Cannes, dont elle est le diffuseur officiel depuis 2022
en tandem avec France Télévisions. Ce contrat (qui s’élevait à 2 millions
d’euros par an) étant arrivé à expiration, le duo est actuellement en
négociations exclusives avec les équipes cannoises pour le renouveler. Il se
murmure toutefois sur la Croisette que Canal+, qui diffusait l’événement
jusqu’en 2022, aimerait bien le récupérer…
"D'un côté il y a Brut, de l'autre il y
a France Télés avec TikTok au milieu qui va de l'un à l'autre pour quelques
interviews" expliquait encore Le Van sur le plateau de Franceinfo
: qui claironnait "La force de Brut c’est de promouvoir le festival de Cannes
à l’international"
Quant à Rodolphe Saadé qui pourrait être particulièrement intéressé en cas de privatisation de France Télés, il doit se dire avec ce qu’il découvre dans ces quelques lignes que tout l’argent qu’il a mis dans Brut pourrait le faire trébucher !
« Débuts
difficiles pour CMA CGM dans les médias. Si l’armateur marseillais doit bientôt
mettre la main sur BFM TV et RMC pour 1,55 milliard d’euros, il enregistre
jusqu’ici de mauvais résultats dans ce secteur. Avant cette grosse opération,
qui doit encore être validée par l’Autorité de la concurrence et l’Arcom, le
groupe a dû fortement déprécier la valeur de WhyNot Media, la filiale qui
regroupe, notamment, ses actifs dans la presse.
Placée sous la
présidence de Véronique Saadé, la femme du PDG de CMA CGM Rodolphe Saadé,
l’entité réunit le quotidien régional La
Provence, Corse Matin, le site d’information La Tribune et sa déclinaison dominicale papier, mais aussi la
participation dans la plateforme vidéo Brut (16 %)*.
Extrait de L’informé :
« Selon
les chiffres consultés par L’Informé, le média était encore loin du compte
sur l’ensemble de l’année dernière : sa maison mère a enregistré une perte
nette de près de 15 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de
42,9 millions d’euros
(55 millions d’euros en incluant les filiales).
Un déficit dû en grande partie à la fermeture de Brut X. Lancé en avril 2021, ce service payant de vidéo à la demande n’a jamais décollé, et ses coûts d’achat de droits, de marketing et de développements technologiques ont lourdement pesé sur les résultats nanciers de la start-up. Ces résultats encore peu folichons n’ont toutefois pas dissuadé un nouvel investisseur de mettre — beaucoup — au pot : Rodolphe Saadé.
Selon nos
informations, son groupe CMA CGM a pris 16 % du capital en 2023 pour
près de 43 millions d’euros, valorisant ainsi Brut à plus de
268 millions d’euros, contre 189 millions d’euros lors de la levée de
fonds précédente en 2021.
En pratique,
l’armateur marseillais a essentiellement acquis des actions nouvellement
émises, apportant ainsi de l’argent frais à la start-up. Mais il a également
racheté quelques titres aux fonds entrés en 2018 et 2019. Ces années-là,
40 millions d’euros avaient été levés auprès de Xavier Niel, Bpifrance,
Red River West (famille Pinault), Blisce (Alexandre Mars), Cassius Family
(Emmanuel Seugé) et Next World Capital.
Au total, l’entreprise cofondée par Renaud le Van Kim,
Guillaume Lacroix et Laurent Lucas, aura ainsi réussi à lever plus de 140 millions
d’euros depuis ces débuts, comptant aussi parmi ses actionnaires Tikehau
Capital, James Murdoch (via son fonds Lupa Systems) ou encore Orange Ventures
et l’américain MoonPay (services nanciers).
Rappelons que Brut
avec Médiawan (copropriété l’américain KKR) et Banijay sont
les 3 grosses boîtes de prod que l’ex-Orange a France Télés fait travailler en
situation de quasi-monopole et que les Français paient par centaines de
millions chaque année.
(*)
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