Cela fait presque un an que le Président de la République a nommé Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions et voila que le scandale arrive.
Après les millions (célèbres patates) accordés aux animateurs/producteurs, il y a un peu plus de 10 ans, qui étaient alors en francs, voila les millions payés aujourd’hui aux intervenants extérieurs, quasiment multipliés par 7 puisqu’ils sont maintenant en euros.
Ce matin à France Télévisions c’était la débandade. Chacun avait avec lui un exemplaire du Canard enchaîné du 1er juin 2011(* voir en queue de post) …chacun découvrait avec effarement ce que l’article que la Presse reprend en cœur aujourd’hui (dès hier soir pour certains sites web): les millions d’euros des deniers publics dépensés dans des « conseils fumeux » (dixit).
Depuis près d’un an, l’entreprise aujourd’hui dans une procédure d’alerte votée par l’instance de représentation des salariés, est non seulement dans une situation de faillite sociale et une désorganisation sans nom mais à présent empêtrée dans des suspicions en cascades de conflits d’intérêts.
L’article du Canard enchaîné du 1/06/11 a fait l’effet d’une bombe à France Télévisions…Comme le dit l’article : « De jolis cas d’école, à l’heure où le gouvernement se fait un devoir de sévir contre les conflits d’intérêts ». Les « cas d’école » vont donc être pour un Juge d’Instruction qui sera désigné dans le cadre de la plainte, l’occasion de constater les manquements, la violation des diverses obligations notamment celles pour les entreprises publiques de lancer des appels d’offres selon l’ordonnance et le décret 2005-1742 qui garantit dans son strict respect : la bonne utilisation des deniers publics.
Ce qui semble visiblement loin d’être le cas. Lorsque le Canard écrit « plusieurs syndicats ont longtemps bataillé pour obtenir la liste des cabinets, en vain. Il y a deux mois la CGC est repartie à l’assaut… », c’est clair. Cela fait environ 2 ans que la CFDT, le SNJ et la CGC réclament ces informations, en vain. Quant au courrier des élus de la CGC pour exiger qu’un point sur le nombre des intervenants extérieurs durant ces cinq dernières années figure à l’ordre du jour du CE d’avril, le contenu est intégralement publié sur le blog depuis près de 2 mois ….et le point n’est toujours pas traité.
En fonction des informations dont nous disposons, les 22,1 millions d’euros qu’avance « Le Canard » qui sont déjà une somme hallucinante sont largement dépassés, il convient de multiplier cette somme par 6 ou 7 pour atteindre entre 100 et 150 millions.
Quant à l’encadré en bas à droite de l’article du Canard, où le « nouveau grand argentier » s’exprime ainsi : « Ces expertises privées sont des engagements antérieurs à la prise de fonctions de Rémy Pflimlin, liés pour beaucoup à la mise en place de l’entreprise commune France Télévisions et dues au manque de temps et de disponibilité » il a fini, d’en étouffer plus d’un.
Tout d’abord, cela fait preuve d’un parfait mépris des élus et/ou des délégués syndicaux qui, eux, « ne manquent pas de temps et doivent être toujours disponibles »…sans la moindre « assistance » !
Ensuite, la chanson du « C’est pas nous, ce sont les précédents » sur l’air de « On ne savait pas tout » a assez duré. La direction, quoi qu’il puisse être dit, n’est –elle pas pérenne et l’actuel président de FTV n’a–t-il pas annoncé, urbi et orbi, « faire corps avec les décision prises par son prédécesseur » !?
D’ailleurs qui a resigné le contrat avec Bygmalion (que cite Le Canard) en septembre 2010 ? Rémy Pflimlin.
Qui a embauché, en janvier 2011, Murielle Beretti, la femme du PDG d’Altédia Conseils sous contrat avec France Télévisions (que cite Le Canard) ? Rémy Pflimlin.
Et il y en a malheureusement d’autres…il suffira de lire le texte de la plainte que nous communiquerons dès son dépôt.
Enfin, il y a les propos entendus tenus en Comité d’entreprise par la direction et plus particulièrement l’intéressé à la question d’une élue.
Question d’une élue : « Après l’information parue dans le Canard Enchaîné du 9 mars 2011 concernant les liens très étroits entre la nouvelle DRH et le PDG d’Altedia, le SNJ demande s’il y a encore des contrats en cours avec la société Altedia et lesquels. »
Réponse de la direction: «J'hésite sur la réponse que je dois faire, sur ma réaction par rapport à la formulation de la question. Que l'on souhaite éviter tout conflit d'intérêts me semble normal, mais lorsque l'on vise des individus (°), je suis gêné par la formulation de la question…. cette question, avec un peu de chance, ne relevant pas du CE, pourrait ne plus être posée. »
(°) [ des conflit d'intérêts qui viseraient des individus !!!!! Mais n'est-ce pas la nature même du délit de conflit d'intérêts...qu'est-ce que c'est que cette pitrerie... ?? ]
Là c’est le pompon, la question ne relèverait pas du CE mais alors de qui relève-t-elle ? La seule réponse possible semble finalement bien être : du Juge d’Instruction, de la Justice et des pouvoirs publics.
La direction d’ajouter : « Il y a peu de contrats avec Altedia, des choses qui ont été posées avant. Je ne vois aucune raison pour que nous ne travaillions plus avec Altedia à l'avenir, quelle que soit l'évolution du management ou de l'actionnariat...Il ne faut pas faire de chasse aux sorcières mais être vigilant pour qu’il n’y ait pas de doute… nous ne pouvons pas interdire un fournisseur, un partenaire, un prestataire, au motif qu'il a un lien personnel réel ou supposé avec un membre de la direction…Il existe une queue de contrat qui date d’un an et demi, c'est tout ce qu'il y a aujourd'hui. »
Curieux quand même pour un DG de réécrire les textes notamment la Convention Collective qui interdit ce genre de pratique et quasiment de se dédouaner avec la notion de « queue de contrat » .
Voila une nouvelle notion juridique inventée par France Télévisions qui devrait plaire au Juge d’Instruction mais qui pourrait peut-être inspirer le Chef de l’État et le gouvernement dans la rédaction de la loi sur les conflits d’intérêts !... « être vigilant pour qu’il n’y ait pas de doute mais pas dans le cas d’une queue de contrat ! »[sans s’interidre de renouveler le contrat ensuite !] On rêve.
Que voulez-vous que les élues rétorquent à cela ?
La palme et la conclusion reviennent à la direction qui intervient de façon surréaliste : «En général, cela fait l’occasion d’appel d’offres. Nous ne pouvons pas empêcher quelqu'un de faire un appel d’offres.»
Le «En général » est invraisemblable, il s’agit d’une obligation légale pour toute entreprise publique….et le « nous ne pouvons pas empêcher quelqu'un de faire un appel d’offres » encore plus impensable : « vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un de faire un appel d’offres… »dîtes donc, bonjour chez vous, vous n’auriez pas besoin de ceci ou de cela ? Vous ne pouvez quand même pas m’empêcher de vous faire un appel d’offre !...
Pour peu qu’un Secrétaire général ait besoin qu’on lui fournisse des éléments de langage, ça peut marcher !!!!!!
Ce scandale n’en restera pas là spécialement dans le contexte et les « c’est pas moi, c’est lui » servant d’excuses avec les « comment pouvez-vous encore poser la question » pour des réponses à 2 balles, ne justifient en rien une facture en dizaines et dizaines de millions d’euros dépensés..L'inspection générale des finances pourrait bien rapidement être d'ailleurs saisie du dossier.
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