Lisez l'article du JDD publié le 8 octobre 2010 intitulé: "Ambiance délétère à France TV Télévision"
"Des rédactions en grève, des tentatives de suicide, des salariés déprimés et inquiets pour leur avenir… Il ne fait pas bon travailler à France Télévisions en ce moment. A peine arrivé, Rémy Pflimlin, P-DG du groupe, doit faire face à une situation de crise, générée par la réorganisation du groupe engagée par Patrick de Carolis avant lui. LeJDD.fr a tenté d'en savoir plus.
"Aujourd'hui, il y a une grande détresse humaine à France Télévisions, et tous les rapports le prouvent." Un membre du Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) du groupe, qui s'est longuement confié au JDD.fr -"surtout ne dites pas mon nom svp…", a répété la source une bonne dizaine de fois…-, est en colère.
Très en colère. En moins de quatre mois, deux salariés se sont suicidés*, et deux autres ont tenté de mettre fin à leurs jours. En régions, les grèves se multiplient. Et la situation est loin de s'apaiser. En cause, selon le personnel et les syndicats, la réorganisation du groupe engagée suite à la loi du 7 mars 2009.
Constituée jusque-là d'une quarantaine de sociétés, France Télévisions est désormais une entreprise unique, avec des services unifiés. Première conséquence: "Les gens doivent apprendre à travailler ensemble, alors qu'avant ils étaient en concurrence. Donc tout le monde se regarde en chien de faïence", explique notre source, qui rappelle "le complexe de supériorité de France 2, et d'infériorité de France 3." Difficile dans ces conditions de travailler efficacement, d'autant qu'il y a "beaucoup de doublons, avec des gens qui n'ont pas de missions définies, donc qui ne font rien. Il y a même des coquilles vides dans la hiérarchie! D'où le sentiment de déprime et d'abandon…"
La direction reconnaît "l'existence d'un malaise"
Une sensation accentuée par le fait que "les salariés ont été très peu concertés sur cette grande réforme" et que, pendant des mois "on a vécu au gré des rumeurs, lues ici ou là", confie un autre salarié du groupe au JDD.fr. "On a évidemment dénoncé ce climat à la direction, s'emporte un cadre du syndicat CGC, joint au téléphone. Elle n'a pas réagi. Nous demandons purement et simplement l'abandon de cette réforme 'carolisienne'". Ils devront pourtant faire avec.
Reste que la direction -qui a refusé de répondre à nos questions- est sortie de son silence, bien consciente que le mutisme observé par le passé n'était plus tenable.
Suite à la révélation par un blog de la rédaction du Monde des deux tentatives de suicide, le groupe a en effet annoncé la création d'une direction de la prévention des risques du travail. "Une nouvelle fumisterie", raille un journaliste de France 2, toujours sous couvert d'anonymat. Rémy Pflimlin et ses équipes se sont également adressés aux salariés dans un communiqué. Ils y reconnaissent "l'existence d'un malaise" et d'une "inquiétude". "C'est bien la preuve qu'ils ont conscience que tous les signaux sont au rouge", conclut le membre du CHSCT.
Rémy Pflimlin déçoit les salariés
Comme pour tout déménagement dans une entreprise d'au moins 50 salariés, le CHSCT a été sollicité. "Nous n'avions pas les capacités de faire cet audit, donc on a mandaté un cabinet d'expertise indépendant, qui a rendu un rapport de 230 pages. Ce document est sur la table de la direction. Il est accablant, à tous les niveaux!", assure notre source. "Et il y en a eu cinq avec les mêmes conclusions", enchérit la CGC, qui accuse Patrick de Carolis d'avoir "créé une usine à gaz, que personne ne comprend, avec une seule idée en tête: 'Comme personne ne comprend rien à part moi, il faut me reconduire à la présidence de France Télévisions'." Raté.
Présenté comme un homme de consensus, Rémy Pflimlin, qui connaît bien la boutique, était très attendu. Il déçoit. "Il aurait pu se désolidariser tout de suite de ce micmac incompréhensible lancé par Carolis", avance un journaliste de France 3. "Repartir sur des bases saines, c'était compliqué, mais possible. Il a choisi la facilité", glisse un autre. Et histoire de perdre le peu de crédit qu'il lui restait, Rémy Pflimlin - nommé par le chef de l'Etat , rappelons-le- s'est fendu d'une attaque contre Mediapart digne des Estrosi, Bertrand ou autre Morano. "Ce qu'il a dit sur l'affaire Bettencourt et sur Mediapart, c'est surréaliste. Encore une ou deux boulettes de ce genre et les rédactions vont s'enflammer!, menace notre source du CHSCT. De toute façon, depuis l'affaire du off de France 3, nous avons tous l'intime conviction que Sarkozy veut notre tête…"
*Des enquêtes sont actuellement en cours pour déterminer l'éventuelle responsabilité de France Télévisions dans ces décès."
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