Médiapart devrait reconstituer très vite le puzzle et la genèse du déplacement d’Emmanuel Macron venu donner une leçon de journalisme à France Télés.
Dans son article du 9 octobre signé Yunnes Abzouz (*), Médiapart se demande ce qui a bien pu pousser Emmanuel Macron à maintenir ce lundi matin sa venue à France Télés, alors que la guerre en Israël en était à son troisième jour, que le Quai d’Orsay n’avait toujours aucune nouvelle d’une quinzaine de Français dont un enfant de 12 ans sur place et que 2 probablement 4 ressortissants français avaient été tués.
Le journaliste s’interroge sur
cet hommage, les raisons de son maintien et la genèse de cette "décision" : « Un
chef d’État tressant des lauriers à un journaliste décédé, devenu un symbole
des compromissions du journalisme avec le pouvoir, devant un parterre de personnalités
politiques, le tout dans le vaisseau amiral de l’audiovisuel public. La scène s’est déroulée ce matin (lundi 9 octobre),
dans les locaux parisiens de France Télévisions, officiellement
rebaptisés « Maison Jean-Pierre Elkabbach », où Emmanuel Macron a
rendu hommage au journaliste et ancien président de France 2 et France 3 …
Saluant la mémoire d’un « journaliste qui voulait porter la plume [...]
dans les plaies de l’époque », le président de la République a exalté
le parcours d’un homme traversé par « une tension parfois
incomprise » caractérisée par « une souplesse pour se conformer aux
règles, et aussitôt la propension à les transgresser » et « une
adresse pour obtenir les postes, et l’irrépressible élan pour s’en faire
congédier »… » !!!
« Un
hommage aux allures de numéro d’équilibriste où le chef d’État a tenté de
célébrer une figure connue du journalisme, sans éluder les scandales qui ont
jalonné sa carrière » écrit-il encore avant d’ajouter « Depuis jeudi, nombre de salariés de plusieurs
professions s’étonnent de cette décision et se demandent comment l’empêcher…
Ils refusent que leur lieu de travail, leur maison, soit honoré du nom de
quelqu’un qui a causé beaucoup de tort à leur entreprise.
Selon la
direction du groupe audiovisuel public interrogé par Mediapart, les salariés
mécontents tempêtent surtout contre « la précipitation de la
décision ». En partie, mais pas seulement. Si le court mandat de
Jean-Pierre Elkabbach n’a pas laissé que de bons souvenirs à France
Télévisions, c’est d’abord en raison de sa gestion très critiquée des deniers
publics. « Gestion autoritaire » Empêtré dans le scandale des
animateurs-producteurs et accusé d’enrichir sur fonds publics des stars de la
télévision payées à coups de millions de francs, il avait été contraint de
quitter son poste. La Cour des comptes avait même vertement condamné dans un
rapport la gestion des contrats conclus sous sa responsabilité avec six des principaux
animateurs de la chaîne… »
Ce n’est pas
comme le prétend « la direction du groupe audiovisuel public interrogée par
Mediapart « la précipitation de la décision » qui
révolte les salariés mais bien qu’elle ait été prise.
Le site média qui précise que
« Certains
voient derrière le choix de Delphine Ernotte de renommer le siège de France
Télévisions l’ombre d’Emmanuel Macron », cite Serge Cimino délégué
central du SNJ à FTV « Cerise sur le gâteau, c’est le président de la
République, l’actionnaire de France Télé, qui a dirigé cet hommage dans le
bâtiment qui abrite les magazines d’information », regrettant « un
mauvais signal pour l’indépendance » du groupe audiovisuel,
et soulignant la version erronée de la direction de France Télévisions qui réfute en bloc
cette allégation.
Personne n'y croit et un certain syndicat allié de l'ex-Orange s'étonne qu'elle n'a pas dit un mot et en perd même son latin, écrivant sur son site - confondant l'auxiliaire être avec le verbe savoir - "Delphine Ernotte ne sait même pas exprimée, c'est élégant..." (capture d'écran dispo évidemment)
« C’est Delphine Ernotte qui a pris cette décision. L’Élysée cherchait une occasion de rendre hommage à Jean-Pierre Elkabbach et a profité de l’évènement pour le faire. »...
Tout est quasiment dit ici : L’Élysée cherchait une occasion de rendre hommage à Jean-Pierre Elkabbach...
Médiapart aura
donc tôt fait de reconstituer le puzzle et la genèse du déplacement d’Emmanuel
Macron venu donner une leçon de journalisme au siège de France Télévisions.
D’ailleurs, face au tollé provoqué hier, plusieurs
protagonistes avaient déjà commencé à baver pour se dédouaner et charger qui de
droit :
Il y est question
pêlemêle de lit d’hôpital, d’une visite organisée, d’une promesse, de « l’AMOVIBLE Baron noir »
cité dans la récente enquête de Marianne qui lundi matin paradait, à gauche, à
droite, derrière le Chef de l’Etat … (*)
Certaines accointances sont remontées à la
surface, notamment cette enquête publiée, en février 2022, dans
"Mediapart" qui révèlait des retranscriptions d'échanges privés entre Vincent Bolloré et le communicant
de Lagardère, Ramzi Khiroun : « Des propos
interceptés par la Justice dans le cadre de l'enquête sur l'affaire dite des
ports africains visant Vincent Bolloré, et pour laquelle le milliardaire
breton a été placé sur écoute entre mars et juillet 2016. Ces
interceptions dévoilent ainsi que le patron de Vivendi était au courant à l'avance du contenu du portrait, réalisé
par Tristan Waleckx et Matthieu Rénier,
pour "Complément d'enquête" diffusé en avril
2016 sur France 2.
Selon "Mediapart", Ramzi
Khiroun, alors cadre de Lagardère, a proposé le 17 mars 2016 par téléphone
à Vincent Bolloré de s'entretenir avec Stéphane Sitbon, alors
directeur de cabinet de Delphine Ernotte, pour tenter de connaître
le contenu du numéro de "Complément d'enquête" qui lui serait
consacré. S'en serait suivi un échange surprenant entre Vincent Bolloré et le
communicant. »
Chacun verra bien alors
si
« Delphine Ernotte s’est précipité pour
prendre cette décision » ou si la réalité est toute autre ?!
A suivre donc et très vite…
(*)
...
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