Cette fois-ci, en plus d’Ernotte, c’est Roselyne Bachelot et l’État qui dégustent.
Dans une tribune parue dans le n° 18 du 7 mai de la Gazette de Drouot, intitulée « La télévision et la culture partent en bateau » - chacun imagine la suite - le journaliste du service Culture à Libération Vincent Noce, n’est pas tendre avec les objectifs culturels de ce gouvernement en matière de télévision.
L’auteur de l’article se désole de la pauvreté voire de la quasi-existence des programmes à France Télés dédiés ou qui parlent simplement d’Art mais aussi de la mystification flagrante que représente la grotesque signature des mini-contrats d’objectifs et de moyens que Roselyne Bachelot a signé avec les sociétés de l’audiovisuel public bien que le Sénat les ait pourtant retoqués.
« L’audiovisuel public, qui n’avait jusqu’à maintenant pour
toute enthousiasmante ligne directrice qu’une baisse de 190 M€ de son
financement d’ici 2022, doit
être ravi de la visibilité stratégique qui lui est offerte, dépassant à peine
l’espérance de vie du mandat d’un ministre, ces documents ne portant que sur la
période 2020-2022 » écrit-il sévèrement,
poursuivant « L’État, ayant été incapable de renouveler à temps les
contrats 2015-2019 de Radio France ou de l’INA, peut donc détourner la loi de
1986 fixant leur durée de « trois à cinq années civiles ».
Qu’est-ce qu’il disait Emmanuel Macron ? Qu’il voulût
un big bang en matière de télé publique car la gouvernance de France Télévisions
était la « Honte de la République ».
Il est servi !! Il se pourrait même que ces propos destinés à laver cette « Honte » qui non seulement perdure mais s’est accentué, lui revienne comme un boomerang en 2022.
Le Blog CGC Média vous propos de découvrir, le papier suscité.
" Roselyne Bachelot a signé les contrats d’objectifs et de moyens avec les sociétés de l’audiovisuel public, comme France Télévisions ou Radio France. La ministre se félicite de l’achèvement laborieux d’un « exercice ambitieux et inédit » de synchronisation des contrats conclus avec les cinq opérateurs concernés. Néanmoins, sans explication, ils sont censés démarrer… en janvier 2020. Ô insondables abymes de l’esprit administratif ! Comme ces documents portent sur la période 2020-2022, leur validité de fait ne s’exercera donc que sur dix-huit mois.
L’audiovisuel public, qui n’avait jusqu’à maintenant pour toute
enthousiasmante ligne directrice qu’une baisse de 190 M€ de son financement
d’ici 2022, doit être ravi de la visibilité
stratégique qui lui est offerte, dépassant à peine l’espérance de vie du mandat
d’un ministre.
Il n’est pas difficile cependant de comprendre que de la sorte, l’État,
ayant été incapable de renouveler à temps les contrats 2015-2019 de Radio
France ou de l’INA, peut détourner la loi de 1986, qui fixe leur durée de «
trois à cinq années civiles ».
Pourtant, ces conventions devraient être les cycles vertueux des grands établissements culturels. Elles permettent au gouvernement de décliner ses objectifs en matière de respect des valeurs et d’éducation des publics, tout en fixant aux entreprises un horizon budgétaire.
L’Opéra, par exemple, mais aussi un grand musée comme le Louvre doivent impérativement prévoir leurs productions des années à l’avance, une notion qui fait toujours grimacer les avaricieux comptables du Budget. Encore faudrait-il que l’État respecte sa parole.
En janvier, s’inquiétant précisément des retards pris dans les engagements envers les radios et télévisions dans un rapport d’information, le Sénat faisait ainsi observer que la nouvelle majorité ne s’était pas gênée pour s’affranchir des obligations financières inscrites aux contrats d’obligations et de moyens précédents, si bien que, depuis 2017, les sociétés ont été de facto « livrées à elles-mêmes et aux décisions erratiques » de l’exécutif. Les contrats ne conservent alors plus « qu’une valeur indicative », renforcée par le caractère vague des objectifs et le manque de suivi et d’évaluation des accomplissements.
Dans son communiqué du 28 avril, le ministère affirme quand même l’ambition de « sanctuariser le rôle central de l’audiovisuel public dans la culture et la création » et « son statut de référence en matière d’information ». Il souligne ainsi fort à propos la nécessité de « faire face au défi de la désinformation ».
Mais le Sénat a toutes raisons de déplorer que les émissions culturelles, qui ne frappent pas par leur caractère « particulièrement audacieux et créatif », ne fassent « l’objet d’aucune évaluation en amont ».
Il y a encore en effet du travail, si l’on ne prend que quelques exemples récents. Coup sur coup, France Télévisions vient de diffuser deux documentaires évoqués dans ces colonnes – l’un sur le pillage des biens culturels en Afrique et les revendications de restitution, l’autre sur les pérégrinations du Salvator Mundi – qui ne confortent guère l’opérateur comme référence suprême en matière d’information et d’éducation des publics.
C’est sans compter avec les avanies subies par « D’art d’art ! », qui passait à 21 h le dimanche sur France 2. La genèse de ce format court décortiquant une œuvre à heure de grande écoute est édifiante, puisqu’il avait été précipitamment sorti du placard où il avait été remisé des mois plus tôt parce que Jean-Jacques Aillagon, notre dernier grand ministre de la Culture, venait de déplorer dans Le Monde l’absence de l’art dans les émissions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire