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vendredi 16 décembre 2022

Nicolas de Tavernost, lui au moins, ne se prend pas pour le pédégé de la BBC en déclarant avoir besoin de la TNT !

Nicolas de Tavernost, lui au moins, ne se prend pas pour le pédégé de la BBC en déclarant avoir besoin de la TNT !

Dans un ENTRETIEN EXCLUSIF que Nicolas de Tavernost donne au Figaro, le dirigeant déclare «M6 a besoin de la TNT et la TNT a besoin de M6»

Après l’échec du projet de fusion avec TF1, le patron du groupe M6 dévoile ses nouvelles ambitions au titre de presse.

"Un projet de feuilleton quotidien, plus d’information, des documentaires ambitieux, moins de sport. Alors que M6 va bientôt déposer un dossier pour conserver sa fréquence de diffusion, le président du directoire du groupe expose sa stratégie." écrit en préambule le quotidien dans le préambule de l'interview que vous propose de découvrir le blog CGC Média.

LE FIGARO. - Après l’échec de son projet de fusion avec TF1 et le «stop and go» sur une cession, M6 est-il en ordre de marche pour écrire une nouvelle page de son histoire?

Nicolas de TAVERNOST.- Notre tort est sans doute d’avoir eu raison trop tôt. La semaine dernière, Tim Davie, le directeur général de la BBC, a plaidé pour un passage au tout-numérique au cours de la prochaine décennie. Son discours aurait pu être versé au dossier que nous avions remis à l’Autorité de la concurrence. La fusion avec TF1 devait permettre de dégager des synergies pour investir massivement dans le streaming et les contenus. Cette consolidation était une réponse au big bang incroyable qui bouleverse les équilibres dans le secteur de l’audiovisuel. Elle n’a pas abouti, malheureusement.

Comment comptez-vous rebondir?

Nous allons nous appuyer sur nos fondamentaux, qui sont extrêmement solides. Le groupe est bien portant, que ce soit sur le plan de ses finances, de ses audiences, de ses programmes très identifiés, de ses équipes ou de sa cohésion, puisque nous intégrons à la fois de la production et de la diffusion, à la radio, la télévision et sur le numérique. Nous avons un actionnariat de contrôle stable pour au moins cinq ans. RTL Group continue de nous faire confiance. Il n’est pas engagé politiquement, il n’a pas endetté le groupe et il lui laisse les moyens de se développer et n’intervient pas dans sa gestion quotidienne. Par ailleurs, M6 l’a souvent prouvé, nous savons nous montrer agiles et innovants. Si le groupe suscite autant d’intérêt ces derniers mois, notamment chez des entrepreneurs prestigieux, c’est bien que nous avons de l’avenir.

Une nouvelle autorisation d’émettre vous semble-t-elle acquise, alors que Xavier Niel, candidat malheureux au rachat de M6, envisage de déposer un dossier pour remplacer la chaîne sur la TNT?

Je suis serein. Cela fait trente-cinq ans qu’avec les équipes nous avons bâti ce groupe autour de M6, qui a toujours respecté ses engagements et ses cahiers des charges. Depuis 2015, M6 est la chaîne préférée des Français. Cinq de nos animateurs figurent dans le top 10 des personnalités télés préférées des Français. M6 a besoin de la TNT et la TNT a besoin de M6. Par expérience, je sais combien il est difficile de créer une chaîne. Nous avons investi massivement et perdu de l’argent durant cinq ans. À quelques exceptions près, notamment les chaînes spécialisées, l’arrivée de nouveaux entrants, malgré les promesses formulées, n’a pas considérablement enrichi le paysage audiovisuel français. Certaines chaînes vivotent aujourd’hui, d’autres ont disparu ou ont été revendues. Sur la TNT, les nouveaux entrants sont souvent les premiers sortis.

Pourquoi la TNT est-elle si importante, à l’heure où tout le monde parle de basculer en tout-numérique?

Même s’il faut s’y préparer dès maintenant, ce grand basculement se fera progressivement. Nous devons, en outre, impérativement maîtriser notre distribution. La TNT n’est pas simplement utile, elle est indispensable pour avoir la maîtrise du lien direct avec le public. Il existe, en effet, deux moyens privilégiés pour conserver ce lien. L’OTT, c’est-à-dire un accès via notre application actuelle 6Play sur les téléviseurs connectés, les tablettes, les ordinateurs et les smartphones. L’autre moyen, c’est la TNT, qui a des atouts très importants: elle permet un accès gratuit à M6, elle couvre la quasi-totalité de la population, notamment les zones rurales, et est économe en énergie. Pour le public comme pour nous, l’assurance tous risques, c’est la TNT.

Bien sûr, aujourd’hui beaucoup de Français regardent la télévision via une box. Et il n’est pas question de s’en priver. Les opérateurs télécoms sont des partenaires, mais nous devons rester attentifs. On ne peut pas mettre demain dans leurs seules mains le choix de ce que regardent les Français. Nous avons besoin des box, à condition de ne pas être relégué, notamment derrière les plateformes américaines - je remarque d’ailleurs que Salto, un projet français, a été ignoré par la majorité des opérateurs télécoms hexagonaux, de pouvoir récupérer notre data et de proposer de la publicité adressée, ce qui est aussi notre métier.

Que va devenir Salto, dont M6, TF1 et France Télévisions sont actionnaires?

Nous tirons les conséquences de la non-fusion avec TF1. Salto a beaucoup d’atouts, mais il ne pourra pas continuer sous la forme d’une association entre ses actuels partenaires. L’avenir de Salto devrait se préciser rapidement, sans doute en début d’année prochaine.

Quel est le nouveau plan stratégique du groupe M6?

Notre stratégie repose sur la combinaison d’une offre en linéaire et sur le numérique, largement distribuée. Nous devons donc investir de manière plus significative dans le streaming gratuit, l’AVOD. Nous avons un acquis solide. 6Play a été créé dès 2008. Et nous maîtrisons notre plateforme technologique, grâce à notre filiale Bedrock. Pour que le public continue à regarder nos chaînes ou se connecte à 6Play, pour que les fabricants de téléviseur acceptent de faire figurer votre appli en bonne place sur l’écran, encore faut-il avoir des contenus puissants. Nous allons donc renforcer nos investissements dans les programmes et la production. C’est un pilier essentiel.

Comment cet investissement supplémentaire va-t-il se traduire concrètement?

Nous allons nous renforcer autour de deux grands axes. Le premier concerne la fiction et les œuvres patrimoniales. Dans ce domaine, nous ambitionnons de proposer de grands documentaires, à l’image de celui que nous avons acheté sur l’histoire de Litvinenko. Nous étudions également la possibilité d’un feuilleton quotidien destiné à la chaîne M6. C’est un projet coûteux, de l’ordre de 30 millions d’euros par an, qui prendra du temps. C’est un format qui a l’avantage d’être parfaitement adapté au streaming vidéo.

À part sur les documentaires et la fiction, sur quoi misez-vous?

Le second axe de développement concerne l’information. Je souhaite renforcer la présence de l’information sur M6: le groupe M6 totalise 270 journalistes répartis entre RTL et M6 et entre magazines et journaux d’information. Nos magazines et nos journaux sont plébiscités par les moins de 50 ans. Nous allons renforcer les synergies notamment dans les applications digitales afin de faire bénéficier le public de tout le savoir-faire du groupe. Il faut s’organiser pour faire plus et mieux et développer une communauté digitale autour de nos marques fortes. Et nous en avons beaucoup, entre «Capital», «Zone interdite», «Enquête exclusive», nos JT, le «12 h 45» et le «19 h 45».

Où allez-vous trouver des moyens supplémentaires?

Nous investirons moins dans le sport, ce qui va nous permettre de dégager des marges de manœuvre financières pour d’autres genres de programmes, notamment la fiction et les documentaires. Nous devons faire des choix. Par ailleurs, nous allons poursuivre et amplifier les diversifications qui apportent des moyens supplémentaires au groupe: nous venons, par exemple, d’investir dans la formation en ligne avec Academee.

Vos actionnaires ont déjà fait reculer trois fois l’âge limite des dirigeants de M6. À 72 ans, êtes-vous l’homme qui mènera les transformations du groupe?

Notre actionnaire, RTL Group, m’a demandé de préparer la prochaine phase du développement du groupe. À quel moment nous estimerons que les choses sont suffisamment préparées pour lever le stylo? Ce n’est pas aujourd’hui. Et quand vous êtes à la tête d’un groupe depuis trente-cinq ans, que vous vous entendez bien avec vos équipes et que votre secteur traverse un big bang sans précédent, vous ne vous dites pas que c’est le moment d’aller à la pêche.

A voir aussi:

Xavier Niel se verrait bien patron d’une chaîne de télévision: https://www.lefigaro.fr/medias/xavier-niel-se-verrait-bien-patron-d-une-chaine-de-television-20221130

Appel à candidatures pour les fréquences TNT de TF1 et M6, candidates à leur renouvellement: https://www.lefigaro.fr/medias/appel-a-candidatures-pour-les-frequences-tnt-de-tf1-et-m6-candidates-a-leur-renouvellement-20221207

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