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jeudi 8 février 2018

Inutile lobbying de France Télés auprès de plusieurs ministères pour défendre un calamiteux bilan sur fond d’instruction judiciaire.



Inutile lobbying de France Télés auprès de plusieurs ministères pour défendre un calamiteux bilan sur fond d’instruction judiciaire. 

Après que « Le Canard enchainé » de ce mercredi 7 février ait sorti une demi-page sous-titrée « Après  l’ouragan Gallet, la tempête Ernotte se rapproche - Dernier bulletin météo : débarquement de flics au CSA et convocations des sages… », Médiapart qui avait publié un dossier de 12 pages particulièrement étayé au lendemain du parachutage de l’ex Orange à France Télés,  remet le couvert.

Dans un article intitulé « France Télévisions: la justice relance le scandale Ernotte », le site d’infos en ligne évoque à son tour l’instruction judiciaire en cours concernant les conditions de « La greffe cathodique d’une ingénieure de la téléphonie vers l’audiovisuel faite à la surprise générale et qui n’a jamais vraiment pris » (comme l’écrivait hier le journal suisse « Le Temps ») 

Pendant ce temps-là le pitoyable mais inutile lobbying qu’exerce France Télés auprès de plusieurs ministères tentant de mettre en avant un bilan pourtant calamiteux, bat son plein…n’ayant de toute façon pas la moindre chance d’aboutir.   

L’arbre supposé cacher la forêt largement menacée du reste (cf le rapport de 212 page de la Cour des comptes qui qualifié « d’impasse » la situation de France Télés) ne suffira pas à stopper la machine qui est lancée et encore moins l’instruction judiciaire en cours suite à une plainte déposée en juillet 2015 (non, non, vous ne rêvez pas) par le SNPCA-CGC et la CFDT Média. 

Que ceux qui ont mis et mettent encore l’indépendance et la transparence à toutes les sauces pour justifier les options catastrophiques prises ces dernières années en matière d’audiovisuel public lisent donc l’excellent papier de Laurent Mauduit.

Extrait :

« L’audiovisuel public connaît de nouvelles turbulences : la police judiciaire enquête sur les irrégularités, révélées par Mediapart…
 

Décidément, les scandales se suivent et se ressemblent au sein de l’audiovisuel public. Quelques jours à peine après la révocation par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de Mathieu Gallet de son poste de PDG de Radio France, consécutive à sa condamnation pour « favoritisme » (lire notre parti-pris : Pour une véritable refondation de l’audiovisuel), c’est au tour de son homologue de France Télévisions (FTV), Delphine Ernotte, et du même CSA d’être happés dans de violentes turbulences.


Car, même si l’affaire a longtemps traîné, l’enquête judiciaire s’est soudainement accélérée sur les irrégularités innombrables qui ont accompagné la désignation au poste de PDG de FTV. 


Perquisition, auditions de nombreux témoins, dont tous les membres du CSA : l’affaire prend visiblement une tournure embarrassante, la justice s’étant enfin donné les moyens d’essayer de faire le jour sur les manigances qui ont accompagné cette procédure de désignation.


C’est une enquête de Mediapart qui est à l’origine de toute l’histoire. Nous avons en effet révélé le 16 mai 2015 les très nombreuses irrégularités qui avaient accompagné la désignation par le CSA quelques jours plus tôt, le 23 avril précédent, de Delphine Ernotte

Intrigues dans les coulisses du pouvoir, pillage par Delphine Ernotte du projet de l’un de ses rivaux grâce au débauchage de l’un de ses soutiens, intervention d’un membre du CSA pour aider l'impétrante à rencontrer François Pinault, de sorte que celui-ci plaide sa cause auprès de François Hollande, procédure hallucinante de vote au sein du CSA agrémentée de nombreuses pressions… Tout s’est combiné pour que Delphine Ernotte, soutenue par des conseillers de l’Élysée, soit adoubée par le CSA, autorité pourtant supposée indépendante. 


En clair, de nombreux indices ont sur-le-champ suggéré que cette désignation avait été polluée par de puissants lobbys, proches du pouvoir. 


À ces indices que nous avions recueillis peu après la désignation de Delphine Ernotte, d’autres sont d’ailleurs venus s’ajouter par la suite. Denis Pingaud, le chargé de communication qui a fait la campagne de Delphine Ernotte (et qui a aussi accompagné Mathieu Gallet à l’INA, puis à Radio France), ne cache ainsi plus sa proximité avec Gaspard Gantzer, qui était le conseiller médias de François Hollande à l’Élysée : les deux amis viennent de créer ensemble une agence de communication baptisée « 2017 ». Tous deux se sont visiblement fait la main en faisant secrètement la campagne de Delphine Ernotte ; et les voici aujourd’hui qui se lancent publiquement dans le grand bain…

C’est donc à la suite de la mise en ligne de notre article que le syndicat CGC des médias (à l’origine de la révélation du volet France Télévisions du scandale Bygmalion), bientôt rejoint par la CFDT de France Télévisions, a décidé de porter plainte, en motivant en grande partie sa requête par notre enquête.

Mais dans un premier temps, la procédure n’a pas prospéré : une enquête préliminaire a vite été classée. Sans se décourager, les deux syndicats ont donc de nouveau déposé plainte, avec constitution de partie civile. Et du même coup, le parquet a été dans l’obligation d’ouvrir longtemps plus tard, en mars 2017, une information judiciaire, qui a été confiée au juge d’instruction Milca Michel-Gabriel.


C’est depuis la saisine de cette magistrate que l’affaire a véritablement été relancée et que les actes d’instruction se sont multipliés. Selon Le Canard enchaîné de ce mercredi 7 février, (*) les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) sont ainsi venus le 20 décembre dernier frapper à la porte du CSA. L’hebdomadaire précise qu’il ne s’agissait pas d’une perquisition en bonne et due forme mais seulement d’une « demande de documents administratifs relatifs à la procédure de nomination » du 23 avril 2015. La nuance semble toutefois minime car les policiers, qui ont agi sur commission rogatoire de la magistrate, seraient repartis avec des cartons entiers de documents. 

(*) Extrait


Visiblement, les mêmes policiers souhaitent également entendre de nombreux acteurs ou témoins de cette histoire. Comme nous le précisons dans la boîte noire ci-dessous, nous avons nous-mêmes été entendus par les policiers de l’OCLCIFF, qui veulent essayer de reconstituer toutes les irrégularités qui auraient pu être commises avant les trois votes du CSA, puis lors de ces trois votes. 


Selon nos informations, tous les membres du CSA, en fonction à l’époque, ont également été entendus par les mêmes policiers, ou le seront dans les prochains jours.


Au CSA, il se murmure également que certains des candidats qui étaient en lice pour le poste de PDG et qui ont été bernés sans le savoir dans l’affaire, ont été entendus ou le seront dans les prochaines jours. Ce devrait être notamment le cas de Didier Quillot et de Pascal Josèphe qui, avec Marie-Christine Saragosse, ont été les trois poids lourds victimes de cette pantalonnade. 


L’affaire prend donc très mauvaise tournure, tout à la fois pour Delphine Ernotte et pour Olivier Schrameck, le président du CSA.
 

Pour Delphine Ernotte, cela coule de source : contestée sans cesse en interne, à l’origine de crises en cascade et de motions de censure à répétition, elle pouvait au moins espérer que la page sulfureuse de sa désignation soit tournée. Mais l’enquête judiciaire risque de saper encore davantage son autorité et surtout sa légitimité. 


L’affaire est tout aussi embarrassante pour le CSA et son président.
 

D’abord parce que la procédure de vote qui a eu lieu a été surréaliste – comme nous l’avions raconté – et a contribué à ce que des poids lourds du secteur qui étaient candidats ne soient pas même entendus par le collège. Ensuite parce que des témoignages que nous avions évoqués à l’époque – et dont Le Canard fait aussi état aujourd’hui – suggèrent qu’Olivier Schrameck a exercé des pressions, notamment sur un membre du collège du CSA, Francine Mariani-Ducray, issue comme lui du Conseil d’État, pour qu’elle vote en faveur de Delphine Ernotte, ce qu’elle ne voulait pas faire initialement, et ce qui a finalement fait pencher la balance dans le sens souhaité…


Le Canard dit même que le vice-président du Conseil d’État, Jean-Marc Sauvé, serait lui-même discrètement intervenu pour que Francine Mariani-Ducray vote dans le bon sens – ce qui correspond aux informations que nous avions également recueillies à l’époque. 


L’audition des membres du CSA revêt une importance particulière car, à l’époque, certains d’entre eux, scandalisés par ce à quoi ils avaient assisté, nous avaient dit que le secret des délibérations leur interdisait de dire ce qu’ils savaient. Mais ils nous avaient indiqué qu’ils seraient naturellement libres de leur parole si un jour la justice était saisie. » 

Sur cet épisode, voilà ce qu’écrivait d’ailleurs dans le dernier volet "Qui veut gagner France Télévisions [5/5]" de l'incroyable enquête qu’avait menée à l’époque Cyril Lacarrière pour « l’Opinion » :  

Extrait:

"La suite de l'histoire est encore floue. Olivier Shrameck a-t-il convoqué successivement Mémona Hintermann-Afféjee et Francine Mariani-Ducray pour leur demander de changer leur vote ?



Cette dernière, membre du Conseil d'État, a-t-elle reçu un coup de téléphone de Jean-Marc Sauvé, son vice-président, pour lui demander, non pas de voter pour Ernotte, mais de «trouver une solution permettant de sortir de l'impasse»?

Le journaliste qui place cette phrase entre guillemets, d’ajouter qu'"il faudrait qu'une des plaintes aboutisse à une enquête pour connaître le réel déroulé des faits"...

C’est à présent chose faite.

Les répercussions pourraient bien évidemment être multiples et particulièrement dévastatrices comme le laisse entendre Médiapart qui poursuit :

« Et puis, pour Olivier Schrameck, il y a plus grave.


Dans le cas de Mathieu Gallet, il n’a eu en effet d’autres choix que de le révoquer après sa condamnation pour favoritisme – mais par ricochet, cela souligne à quel point il avait fait un choix contestable en portant ce haut fonctionnaire à cette fonction, pour laquelle il ne disposait d’aucune compétence.
 

Et dans le cas de Delphine Ernotte, le naufrage d’aujourd’hui est en grande partie la conséquence des choix ubuesques du président du CSA.
 

En résumé, le naufrage des deux principaux piliers de l’audiovisuel public, Radio France et France Télévisions, c’est au CSA et d’abord à son président qu’on les doit.

Autrement dit, le gendarme de l’audiovisuel est le premier responsable de cette situation de chaos. »

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