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mercredi 18 novembre 2020

L’ex-Orange chante son même refrain éculé sur la Diversité.

L’ex-Orange chante son même refrain éculé sur la Diversité.

- 2015 : L’ex-Orange vouloir faire de la Diversité, une priorité…

Dans le projet publié par le CSA, deux jours après son parachutage par la Schrameck’s band, celle qui fait aujourd’hui l’objet de plusieurs procédures judiciaires notamment celle toujours pendante depuis plus de 5 ans maintenant, il était écrit dans un chapitre intitulé « Reflet de la France, une télévision de toutes les cultures » (*bas de post ): « La télévision publique doit être en pointe dans la lutte contre les discriminations liées au genre, à l'origine, à l'orientation sexuelle, à l'âge ou au handicap. Des pans entiers de la société française se trouvent aujourd'hui exclus de la télévision, soit par leur représentation à l'écran, soit par les stéréotypes véhiculés.  Cela passe, bien entendu, par une plus juste représentation à l'écran mais aussi par une plus grande lutte contre les stéréotypes dans l'ensemble des programmes. Il faut transformer les images véhiculées par les fictions, les émissions. Il faut transformer les images véhiculées par les fictions, les émissions. Cette stratégie sera coordonnée par la création d'un Comité pour la Diversité des Programmes, auprès de la présidence de France Télévisions, associant producteurs, experts et associations. »

- Été 2020 : Lors de la pitoyable mascarade intervenue en juillet dernier qui fait l’objet d’une demande en annulation, Carole Bienaimé Besse qui avait face à elle l’ex-Orange, lui faisait remarquer « Il y a cinq ans, vous preniez déjà tout un tas d’engagements. Force est de constater malgré les engagements prévus au COM que cela n'a pas été tenu évidemment. »

L’intéressée se contentait alors d’indiquer devant les membres du CSA, qu'elle aussi partageait ce constat (d'échec bien entendu) !

- Automne 2020 : La même déclare dans les colonnes du Monde vouloir faire de la Diversité, un fil rouge…

Quelle fumisterie (Canard du 18/11/20)! Cinq ans ce sont écoulés et elle chante à nouveau la même chanson.


Télérama (¤) qui publie un excellent dossier sur la Diversité à la télévision avec lequel il ironise en reprenant son mot de 2014 « Et si le petit écran se laissait hâler...? », ne s’y est pas trompé.

Il a beau citer l’ex-dircab de l’ex-Orange qui prétend que cette dernière « en a fait le constat dès 2015 avec sa fameuse remarque sur “cette télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans” » en ajoutant « C’est le premier chantier que j ’ai lancé à mon arrivée…avec une « clause diversité », exigeant des sociétés de production que leurs équipes reflètent la diversité de la société, figure depuis janvier 2020 dans tous les contrats... », cela ne trompe personne en dépit du fait qu’il cite « la Martiniquaise Karine Baste-Régis devenue le joker remarqué du 20 heures de France 2 avec l’audience qui suit » comme exemple !

Le magazine écrit d’ailleurs d’entrée de jeu « La télévision devrait être à l’image de la société française, plurielle. En dépit de promesses réitérées depuis quinze ans, le manque de diversité est criant. Mais pourquoi rien ne change ?... À France Télévisions, on a bien conscience du retard accumulé. »

(¤) Le dossier de Télérama.

«  La télévision devrait être à l’image de la société française, plurielle. En dépit de promesses réitérées depuis quinze ans, le manque de diversité est criant. Mais pourquoi rien ne change? 

"Et si le petit écran se laissait hâler...?" C’est ainsi qu’en 2004 Télérama interrogeait dans un grand dossier la diversité à la télévision.

Rappelez-vous, le PAF était alors en ébullition. Trois mois plus tôt, une certaine Audrey Pulvar venait d’arriver à la présentation du JT du soir de France 3. Né de la victoire de la Coupe du monde de 1998, l’hymne au métissage « Black Blanc Beur » semblait porter ses fruits. Malgré la lenteur du changement, l’époque voyait des visages « issus de la diversité » (Karine Le Marchand, Elizabeth Tchoungui...) entrer dans les foyers. Après les émeutes de 2005, Jacques Chirac avait ainsi convoqué à l’Élysée les patrons des chaînes pour exiger qu’ils accélèrent le mouvement. En août 2006, Harry Roselmack accédait au Graal du 20 heures de TF1. On y croyait...la voie était ouverte : la télévision du XXIe siècle allait enfin finir par ressembler à la société française, cosmopolite et multiculturelle.

Quatorze ans plus tard, alors que les dirigeants du petit monde de la télé ont tous le mot « diversité » à la bouche, où en est-on réellement ? À vrai dire, à peu près au même point. Un seul secteur, celui des écrans publicitaires, semble avoir obtenu des résultats notables avec, comme le note l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, de « forts taux de mixité “ethnique ” » et « l’absence des stéréotypes, discrimination ou dévalorisation » dans les pubs. Preuve (marketing) que les annonceurs ont compris l’enjeu d ’une représentation fidèle lorsqu’il s’agit de vendre voitures et biscuits à une France plurielle. Preuve (tout court) que l’incarnation de cette pluralité peut devenir porteuse et positive.

Pour le reste, le bilan est sans appel. Malgré la multiplication des canaux et l’influence des plateformes américaines comme Netflix, le petit écran français reste désespérément monochrome. En septembre dernier, le CSA publiait son baromètre annuel de la diversité : sur les chaînes de la TNT gratuites et Canal+, seules 15% des personnes sont perçues comme « noires », « arabes », « asiatiques » ou « autres ». De mauvais résultats qui s’appliquent à tous les genres de programmes (info, magazines et documentaires, sport, divertissement, fiction) et rejoignent les chiffres sur la place accordée aux femmes, aux personnes en situation de handicap, aux classes populaires, aux minorités sexuelles...Même si l’on observe un léger mieux avec davantage de héros et de personnages positifs dans les fictions, « c’est un constat d’échec, déplore Amirouche Laïdi, président du Club Averroes, qui agit depuis 1997 pour la promotion de la diversité dans les médias. On n’est pas éloigné des résultats d’il y a quinze ans, voire on a reculé ». 

De parents cambodgiens, Raphël Yem confirme. Passé par plusieurs radios et chaînes de télé, l ’animateur présente cette saison Ensemble c’est mieux !, un rendez-vous d’entraide et de solidarité sur France 3 Paris-Île-de-France. Mais même avec son impressionnant CV, son exposition reste limitée. « Je me sens privilégié car j ’ai la chance de travailler, explique-t-il. Ce qui n’est pas le cas de nombreux confrères d’origine asiatique, ou autre, qui galèrent... ». Rare figure noire à intervenir régulièrement sur les plateaux télé, la journaliste Rokhaya Diallo (lire page 24) estime de son côté qu’«il y a une amélioration globale, mais qu'elle reste très superficielle ». Confirmation de la productrice Mounia Aram, qui développe avec des studios africains des séries d ’animation pour le public européen : « J’ai grandi avec Candy, blonde aux yeux bleus. Aujourd’hui, je voudrais que les enfants puissent s’identifier de la même façon et sans faire de différence à un héros noir. Mais il y a encore du boulot pour combattre la frilosité de certains diffuseurs français. » 

Les annonces officielles se multiplient, la question de la diversité est récurrente dans les débats de société, des manifestations antiracistes mobilisent, comme cet été en France, et font écho au mouvement américain Black Lives Matter. »

Et pourtant « rien ne change, résume l’animatrice et productrice Enora Malagré, quinze ans de métier. La télé reste sexiste, blanche, hétéronormée et patriarcale. Il n’y a quasiment que des Blancs dans tous les talk-shows ! » Harry Roselmack s’étonne : « Les résultats d ’audience ont permis de démontrer qu’il n ’y a pas de moins-value ni d’“accident industriel ” quand on met un visage noir, métis, maghrébin ou asiatique à une heure de grande écoute. » Alors, quoi ? Reste une barrière très française : le manque de renouvellement à l’écran dans un pays où l’on aime remettre « toujours les mêmes, aux mêmes endroits », dit-il. Et des directions « rétives, sans curiosité ni intérêt» pour ces sujets, qui «se contentent du strict minimum», ajoute un professionnel qui tient à garder l’anonymat. « Les décideurs ont très peu de diversité dans leur premier cercle et ne veulent jamais nommer un inconnu à un poste stratégique. Ils ont une femme de ménage philippine, une nounou marocaine, mais aucun collègue noir ou arabe... »

À France Télévisions, on a bien conscience du retard accumulé. « Delphine Ernotte Cunci en a fait le constat dès 2015 avec sa fameuse remarque sur “cette télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans”, rappelle Stéphane Sitbon-Gomez, le tout nouveau directeur des programmes. C’est le premier chantier que j ’ai lancé à mon arrivée. » Et le jeune dirigeant de souligner qu’une « clause diversité », exigeant des sociétés de production que leurs équipes reflètent la diversité de la société, figure depuis janvier 2020 dans tous les contrats... À l’écran, la Martiniquaise Karine Baste-Régis est devenue le joker remarqué du 20 heures de France 2, et l’audience suit. Certaines séries comme Skam, qui s’attache à une bande de lycéens et cartonne sur France.tv, montrent aussi le bon exemple. « Son succès s’explique justement par sa forte représentativité, souligne Sened Dhab, le directeur de la fiction numérique. Mais l’absence sur le marché de réalisateurs, de scénaristes, de comédiens issus des quartiers populaires reste un énorme obstacle. » Pour y remédier, le groupe public a décidé de soutenir l’école de cinéma Kourtrajmé, fondée par le réalisateur Ladj Ly, implantée en banlieue parisienne et depuis peu à Marseille. Comme d ’autres chaînes, il a également lancé des « castings de la diversité ». Mais certains des candidats en gardent un souvenir amer. « En 2012, alors que j ’étais déjà un professionnel confirmé, on ma’ mis face à un animateur maison de France Télés qui me donnait la réplique, raconte l’un d ’eux. C’était vexant. Aujourd’hui, je ne le referais pas. » Un autre déplore : « Ils ne s’en rendent pas compte mais leur comportement consiste à essentialiser les gens, et à ne les voir qu’à travers leur couleur de peau et leur origine. C’est raciste. » Le concept même de diversité agace de plus en plus. « Je suis perçue non pas pour mes compétences, mais comme appartenant au grand fourre-tout de la “diversité ”, dit la journaliste Samira Ibrahim (France 2, France Ô, RMC Story...). Or je suis une femme, journaliste et chroniqueuse, avant d’être noire et arabophone. » Passé par les antennes de RFI, de MCM, de TV5 et de France 24, le présentateur Amobé Mévégué, fondateur de la chaîne panafricaine Ubiznews TV, précise : « Mon premier socle de socialisation a été la télévision française avec Pierre Tchernia, Denise Fabre et Garcimore... La locution “minorités visibles ” dit que nous ne faisons pas partie de la famille centrale du PAF. En tant que professionnels, nous subissons un déclassement permanent et l’obligation systémique de justifier notre légitimité. » Au sein des chaînes de télé, il faut donc réinventer le recrutement et les cellules de repérage. Le risque, sinon, est de voir partir des professionnels désabusés à l’étranger ou sur Internet, qui est devenu la zone de sursaut. « Alors qu’aucune icône afro-descendante - à l ’exception de Harry Roselmack et d ’Omar Sy - n ’est entrée dans la culture grand public, il y a en effet un déplacement de la représentation sur le Web, qui se trouve parfois marqué par un certain repli identitaire », constate Amobé Mévégué. En réalité, la résistance de la télé française à se renouveler témoigne d ’une crispation pro fonde. La sociologue des médias Marie-France Malonga y voit « un questionnement politique qui interroge notre façon de représenter la France. Qu’est-ce qu’un citoyen français : une personne forcément blanche et d ’origine catholique, ou issue de toute notre histoire coloniale et esclavagiste ? Deux camps s’affrontent : ceux qui acceptent ce qu’est notre pays, une société multiculturelle de fait. Et ceux, plus conservateurs, qui ne veulent pas voir cette réalité-là.

Cette fracture crée beaucoup de frustration de part et d ’autre. Mais loin de tout séparatisme, comme on le dit aujourd’hui, c’est l’inverse qui est demandé : plus de reconnaissance, d ’égalité et de représentation pour se sentir inclus dans la société. » En 2004, Télérama s’interrogeait avec une pointe d ’ironie, sur le « volontarisme » affiché. Aujourd’hui, Amirouche Laïdi, le président du Club Averroes, en est convaincu : « Cela ne suffit pas. Il faut désormais en appeler aux pouvoirs publics pour appliquer pleinement la loi sur l’égalité des chances et vérifier les objectifs à atteindre, chiffres à l’appui. » Un durcissement de ton probablement nécessaire pour que, dans quelques années, le dossier soit enfin clos".


(*Ernotte 2015) 3.3 Reflet de la France, une télévision de toutes les cultures

La diversité culturelle est aujourd'hui la grande absente de la télévision. La diversité sociale et ethnique est très faible à l'antenne et marginale dans l'encadrement. Tandis que les programmes culturels ont aussi tendance à s’homogénéiser, il y a un enjeu de première importance à faire de la télévision publique, le reflet de la France, tout en permettant aux citoyens d'avoir accès à toute la diversité de la société. La télévision publique ne doit pas être simplement celle du plus grand nombre. C'est d'abord sur les grandes chaînes généralistes, que doit s'exprimer la diversité.

La télévision publique doit être en pointe dans la lutte contre les discriminations liées au genre, à l'origine, à l'orientation sexuelle, à l'âge ou au handicap. Des pans entiers de la société française se trouvent aujourd'hui exclus de la télévision, soit par leur représentation à l'écran, soit par les stéréotypes véhiculés.  Cela passe, bien entendu, par une plus juste représentation à l'écran mais aussi par une plus grande lutte contre les stéréotypes dans l'ensemble des programmes. Il faut transformer les images véhiculées par les fictions, les émissions. Cette stratégie sera coordonnée par la création d'un Comité pour la Diversité des Programmes, auprès de la présidence de France Télévisions, associant producteurs, experts et associations.

La diversité culturelle peut renforcer l’attractivité idéologique et économique de notre pays. Ainsi le développement via les outils numériques de Afronews avec le groupe TF1 atteste de la difficulté de l'audiovisuel public à s'emparer de ces enjeux. En s'appuyant sur la francophonie, France Télévisions peut être à la pointe. Il apparaît aussi nécessaire, sur le modèle de HBO Diversity, d'organiser une filière de formation aux enjeux de la diversité. La création, la fiction et l'élaboration des programmes doivent être conçues en étant ouvertes aux enjeux de la lutte contre les discriminations. Cette filière pourrait s'articuler avec l'évolution des filières de formation à l'audiovisuel, comme en atteste l'évolution de la réflexion de la FEMIS concernant l'écriture des séries. 

Dans le même temps, il est nécessaire de rendre les programmes culturels beaucoup plus populaires, de les faire partager au plus grand nombre de téléspectateurs possibles. La première cible de ces programmes doit prendre en compte la volonté de rajeunissement de l’audience. Ce n'est pas une mission impossible. Le temps n'est pas si loin où de grandes émissions fédéraient tous les publics et étaient des lieux de débats sociaux et culturels. Les rendez-vous culturels doivent pouvoir retrouver leur place à l'antenne à une heure normale, le soir et l'hiver et dans toutes leurs formes, ainsi que sur toutes les chaînes. 

Cela passe notamment par un meilleur ciblage des émissions. Une plus grande distinction doit être faite entre les programmes : les émissions ayant des rubriques culturelles, les programmes à vocation culturelle, les magazines abordant le fait culturel. Il faut aussi distinguer les émissions liées à la connaissance et à la découverte, des programmes traditionnels consacrés aux Arts et Lettres. Chaque type de programme doit trouver sa place, un retour des émissions littéraires sur une chaîne généraliste apparaît nécessaire. L'obligation devra être remplie par chaque chaîne en fonction de son identité propre : à France 2, le flux, les nouveautés et l'audace ; à France 3, la culture de proximité, populaire ; à France 4, la culture pour la jeunesse ; à France 5, la culture alliée aux savoirs ; à France Ô, la culture des outremers. 

Il faut renouveler la présentation, comme y invite le rapport consacré au sujet. Le spectacle vivant doit pouvoir trouver sa place, sous des formes nouvelles, notamment en exposant davantage le travail de création pour susciter l'intérêt et l'accès de publics nouveaux. Certaines captations d'œuvres intégrales, comme l'Opéra pour les Chorégies d'Orange, doivent être poursuivies : elle donne accès, à parfois plus d’un million de téléspectateurs, à des spectacles habituellement réservés à des initiés.

Pour parvenir à ses efforts, je chercherai à garantir le budget de la programmation culturelle. A l'instar de la BBC, qui augmenté de 20% ses investissements dans ce domaine, France Télévisions doit être à l'offensive.

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