Le blog CGC Média a découvert sur la toile un petit bijou d’écriture sur le
site « causeur.fr » intitulé
« Qui se souvient de René Han? Sûrement pas Delphine Ernotte ! »
C’est une femme Lucie
Vilatte monteuse télé
qui a eu la bonne idée de la poster le 9
février dernier. Elle a extrêmement bien
fait.
Elle y assène des vérités cinglantes
concernant les propos de l’ex Orange au micro de Jean-Pierre Elkabbach le 23
septembre dernier, redis et publiquement assumées par l’intéressée aux vœux de France
Télévisions le 8 janvier 2016.
« Cette déclaration aurait dû
choquer pas mal de monde, a priori surtout les hommes blancs en question, mais
il n’y eut finalement que très peu de réactions à ces propos. Ils pourraient
pourtant entrer dans le cadre de la « discrimination
en fonction du sexe, de l’âge et de l’origine ethnique » tombant sous le
coup de la loi. Mais non… Comme quoi, la loi peut s’interpréter à
volonté ! » s’émeut l’auteure qui s’interroge également « Delphine Ernotte nous
aurait-elle donc révélé de manière assez maladroite qu’elle pense n’avoir été
choisie que parce que femme ? »
Cette question qu’elle pose – le
blog CGC Média lui confirme – devrait prochainement trouver réponse puisque maître Pierre-Olivier Lambert l’avocat
de la CGC notamment dans le volet France Télévisions de l'affaire Bygmalion a été mandaté par le syndicat pour déposer
plainte des 3 griefs précités.
Voilà qui
est dit…La Justice qui est par ailleurs saisie pour les conditions du « parachutage »
(il n’y a guère d’autre mot !) de l’ex Orange par « Shrameck and co »
à France Télé, devra donc « qualifier » ces propos.
Sans plus attendre le blog CGC Médi vous
propos de lire si vous l’aviez raté l’article en question :
"Il fut un
temps où le mérite comptait. Plus que le principe de diversité. Y compris à
France Télé. N'en déplaise à Delphine Ernotte qui a regretté d'avoir affaire à «une
télévision d'hommes blancs de plus de 50 ans». La preuve par René Han,
directeur de FR3 de 1986 à 1989.
Peu après sa
prise de fonctions l’été dernier, l’ex Orange Delphine Ernotte, a cru bon de
déclarer sur Europe 1, face à Jean-Pierre
Elkabbach : « On a une
télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans, et ça, il va falloir que cela
change ».
Cette déclaration aurait dû choquer pas mal de monde,
a priori surtout les hommes blancs en question, mais il n’y eut finalement que
très peu de réactions à ces propos. Ils pourraient pourtant entrer dans le
cadre de la « discrimination en fonction du sexe, de l’âge et de l’origine
ethnique » tombant sous le coup de la loi. Mais non… Comme quoi, la loi
peut s’interpréter à volonté !
Pour l’âge : on oublie que de tous temps
et sous toutes les latitudes le cheveu blanc masculin a été symbole de sagesse,
sagesse consistant d’ailleurs souvent à envoyer les jeunes à la guerre pour
canaliser leur trop plein d’énergie et leur changer les idées… au cas où un
goût malsain pour le pouvoir les aurait titillés.
Pour la couleur : le phénomène est récent mais
de plus en plus présent. Nous avions déjà eu les mêmes propos au sujet de
l’Assemblée nationale et des hommes politiques, non représentatifs (sic)
de la diversité du peuple français.
C’est devenu comme une évidence pour certain(e)s, l’homme blanc de plus de 50 ans doit
laisser la place… Cela procède un
peu de la même idée simpliste qui voudrait résoudre le problème de la pauvreté
en appauvrissant les riches, plutôt qu’en donnant aux pauvres la possibilité de
s’enrichir.
Récemment, le site « Osez le
féminisme » publie un article sur les 70 ans du droit de vote
pour les femmes : « Il est grand temps que le paysage politique
français cesse d’être l’apanage de l’homme blanc de plus de 50 ans, et que nous
n’attendions pas 70 autres années pour voir le changement ! »
Quant à Clémentine Autain elle fait preuve de plus de
nuance s’en prenant seulement au blanc sexagénaire sorti de l’ENA ou Sciences
Po. (cf entretien avec Clémentine Autain. L’Harmattan).
Il y a beaucoup d’autres exemples.
La diversité plutôt que le mérite ?
On aurait vite oublié les propos de cette interview
sur Europe 1, comme tout le reste puisque la course médiatique nous y oblige, si Julien Lepers ne venait, selon lui, de
faire les frais de cette nouvelle idéologie qui a décidé de s’en prendre à
ce qu’il représente : « L’omniprésence de l’homme blanc de
plus de 50 ans » dans tous les domaines. Cela pour promouvoir la
« diversité ».
Diversité dont on ne sait pas trop ce qu’elle
signifie, sinon souvent de mettre des figurants et figurantes ici et là pour
tenter de faire croire qu’on est en phase avec la nouvelle réalité
socio-ethnique de la France, plutôt que de redonner par l’Éducation nationale
de réelles bases permettant une véritable réussite au mérite pour tous.
Système qui a pourtant fait l’histoire de la France au
moins depuis la IIIème République, et qui a permis entre autres, au fils d’une femme de ménage espagnole,
sourde-muette et illettrée, et d’un ouvrier agricole mort à la guerre, de
devenir Albert Camus Prix Nobel de Littérature.
Système qui a vu de nombreux hommes ou femmes reconnus
pour leur seul talent, malgré les obstacles de leur sexe, de leur couleur de
peau, de leurs origines sociales ou ethniques. Mais pas de naïveté, l’aptitude
à séduire, à utiliser ses relations, à savoir se placer au bon moment au bon
endroit peut, après tout, être elle aussi considérée comme un talent personnel
faisant partie intégrante d’une réussite au mérite. C’est une règle du jeu
vieille comme le monde.
En revanche, cette
dangereuse idéologie de la diversité, du moins celle qui voudrait des
promotions sur des critères très éloignés du mérite, masque mal un mépris de l’Autre, à qui l’on voudrait dire qu’on le
considère comme un sous-homme incapable de réussir par lui-même, que l’on
ne s’y prendrait pas autrement. Les plus grands perdants en seraient celles et
ceux, dont les carrières ne doivent rien à une condescendance de quotas, qui
ont en bavé pour être là où ils sont, et qui se verraient ainsi dévalorisés.
Delphine Ernotte nous aurait-elle
donc révélé de manière assez maladroite qu’elle pense n’avoir été choisie que
parce que femme ?
Elle qui vient d’un tout autre univers que l’audiovisuel, sait-elle qui sont Jacqueline
Baudrier ou Michelle Cotta ? La seconde remplaçant la première en 1981 à
la présidence de Radio France. Et surtout sait-elle qui est René Han ?
René Han, un exemple de mérite à la
française.
René Han (prononcer « an », comme
« nouvel an ») fut directeur de FR3 de 1986 à 1989. Cet homme de bien
a écrit deux livres autobiographiques en 1992. Livres que j’ai récemment
trouvés sur eBay et dont je vous recommande la lecture car ils sont
passionnants, fort bien écrits, dans un style extrêmement plaisant.
Le premier, Un Chinois en Bourgogne est
consacré à son enfance, sa famille, sa vie en France. Le second, Un
Bourguignon en Chine, est consacré à la difficile recherche de ses parents
chinois, et aux retrouvailles avec ses différentes familles chinoises
recomposées, à Taïwan pour son père et en Chine continentale pour sa mère.
Les parents de René Han, Chinois issus de milieux
aisés, sont venus en Bourgogne pour y faire des études, afin de contribuer aux
grands changements qui s’annonçaient dans la société chinoise des débuts du
XXème siècle.
Le petit René naît à Dijon en 1930 et il est presque
aussitôt confié à un couple de gens simples vivant dans un village des
environs.
Les changements politiques se précipitant dans leur
lointain pays, les jeunes chinois trouvent plus urgent d’aller faire la
révolution, l’un avec Tchang Kaï-chek et l’autre avec Mao, que d’élever leur
fils unique.
René grandit donc en Bourgogne avec ceux qu’il
appellera toujours ses « parents », ses géniteurs étant
désignés comme ses « parents chinois ».
Son général de père garde le contact pendant plusieurs
années afin que René continue a se sentir chinois, puis, en raison de la
Deuxième guerre mondiale, plus rien. Il ne le retrouvera, à Taïwan, que des dizaines
d’années plus tard, après avoir définitivement choisi de ne pas être chinois
mais d’être ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire français.
René, est choyé par ses parents d’accueil. Ceux-ci, ne
recevant plus aucun argent de Chine, décident de le garder quand même, et
l’élèvent et l’aiment comme leur propre fils. Il devient donc un Français comme
les autres avec, sans doute, les difficultés liées à son aspect physique dont
il ne prend conscience qu’assez tard dans l’enfance.
Dans un monde où, qui que l’on soit, on se retrouve
toujours à un moment ou un autre confronté à la bêtise, parce que trop gros,
trop petit, trop moche, trop jaune, trop noir (ou désormais… trop blanc), René,
lui, n’en tient pas compte et préfère positiver, n’ayant à l’époque aucune association
pour tenter de récupérer son désappointement afin de le transformer en
subventions.
Lui, qui par amour pour la terre bourguignonne rêvait
de devenir paysan va, par amour pour ses parents, faire des études. Il va être
embauché à la télévision, puis gravir peu à peu les échelons de l’encadrement
pour finalement devenir directeur de la chaîne FR3 en 86.
René Han, d’origine ethnique différente, élevé dans un
milieu social rural et simple, est donc l’exemple même de ce qu’a pu être le
mérite à la française. A aucun moment dans ses mémoires, il ne fait preuve de
rancœur vis-à-vis de la société où il a grandi. Ce n’était pas la mode…
De ses lignes ne se dégagent que courtoisie et
élégance. Ce livre est à lire, il mériterait une réédition.
Ironie du sort, c’est sous la
présidence de René Han que l’émission « Question pour un champion »
vit le jour, animée déjà par un certain Julien Lepers.
Les temps changent, la télévision aussi…"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire