L’été meurtrier sur la télé publique !
Ce dimanche, Le Parisien publie un article sur les changements à intervenir sur "C à vous" l’émission de France 5. Pour certains c’est « Règlements de compte à OK Coral » pour d’autres c’est « Qui veut prendre sa place ».
« 20 heures. Pimpante dans une veste blanche, Anne-Élisabeth Lemoine lance « C à vous » depuis Cannes (Alpes- Maritimes), aux côtés de son acolyte Pierre Lescure et de l’humoriste Bertrand Chameroy. Cette délocalisation sur la Croisette est une grande première pour le talk-show de France 5. Une consécration pour la quotidienne créée en 2009. Il y a de quoi faire la fête. C’est ce que fait, au même moment, une partie des équipes restées à Paris. Pour son 31e anniversaire, le chroniqueur Mohamed Bouhafsi a convié amis et collè- gues au Siena, nouveau restaurant italien bling-bling au cœur de la capitale. Les salariés de « C à vous » ne le savent pas encore : ils vivent leurs derniers instants d’insouciance avant une fin de saison éprouvante.
Pile un mois plus tard, Ali Baddou est sèchement débarqué de « C l’hebdo », version du samedi du programme, qu’il présentait depuis six ans. « Ali ne s’y attendait pas. Ça lui est tombé dessus, sans explication. Il n’a pas contesté la légitimité de la décision, car il sait que c’est la vie de la télé, mais il était meurtri d’avoir été prévenu au dernier moment », résume un de ses amis. « Tout le monde a été surpris par cette brutalité. Cela n’est pas raccord avec l’ambiance amicale qui a toujours été au cœur de cette entreprise », insiste un ancien.
Des audiences pourtant au beau fixe
Pour le remplacer, Pierre-Antoine Capton, le producteur et créateur de l’émission, contacte immédiatement Aurélie Casse. Il a repéré depuis longtemps celle qui anime les débuts de soirée de BFMTV, à laquelle il dit prédire « un avenir fantastique ». Le recrutement se boucle en un week- end. Anne-Élisabeth Lemoine n’est pas consultée alors qu’Aurélie Casse participera aussi en semaine à «Cà vous ».
Un autre visage s’apprête à faire les frais de ce large renouvellement. En coulisses, le producteur prépare le rem- placement de Matthieu Belliard à la tête du «5sur5», le mini-JT du talk-show depuis deux saisons. Pierre-Antoine Capton envisage de le transférer le samedi. Pour reprendre sa chronique journalière, il contacte Lorrain Sénéchal de la radio FranceInfo dont il ne cesse de vanter l’« énorme potentiel ». Capton veut faire de ses deux nouvelles recrues « de futures grandes signatures de la télé ». Et accentuer son image d’éleveur de champions.
Dernière victime de cet été meurtrier : Émilie Tran Nguyen — qui s’était enorgueillie dans « Télé Loisirs » de « faire l’unanimité » — apprend, quant à elle, en juillet qu’elle ne viendra plus que les deux derniers jours de la semaine. Enfin, derrière les caméras, deux autres changements majeurs sont actés. Jusqu’ici programmatrice, Déborah Veil, la petite-fille de Simone Veil, devient « productrice éditoriale » de « C à vous », tandis que « C l’hebdo » voit l’arrivée d’un nouveau rédacteur en chef. Ancien grand manitou du « Grand Journal », époque Michel Denisot, François Jougneau a pour mission de renouveler en profondeur le format du samedi, avec plus de place donnée au reportage.
Dans les bureaux, personne ne découvre la précarité du milieu de la télévision où les contrats de saison s’arrêtent fin juin, sans assurance d’être reconduits. Mais cette vague de changements a surpris. « Il y en avait peu les années précédentes, rappelle une historique. Les départs n’ont pas été anticipés. Cette fois-ci, cela n’a pas fonctionné com- me d’habitude. » L’empresse- ment étonne d’autant plus que les audiences sont au beau fixe. Avec près de 1,1 million de téléspectateurs (5,6 % de part de marché) chaque soir, « C à vous » vient de boucler sa meilleure saison en quatorze ans d’existence.
Pierre-Antoine Capton se défend de toute reprise en main. « La réussite d’un talk- show quotidien, c’est de savoir accompagner son épo- que et de ne jamais lasser le téléspectateur. Quotidien, Touche pas à mon poste ou C à vous ne ressemblent plus à ce qu’ils étaient au démarra- ge et n’ont jamais autant car- tonné. C’est quand ça marche qu’il faut se renouveler », nous répond celui qui a réussi à relancer la machine après les départs d’Alessandra Sublet en 2013 et d’Anne-So- phie Lapix en 2017.
Celle qu’on surnomme Babeth n’a, quant à elle, aucune envie de passer à autre chose. La publication cet été par la presse people de photos
volées la montrant aux côtés de Bertrand Chameroy, un de ses chroniqueurs vedettes, n’a pas altéré son amour pour son émission. Le mélange d’actualité sérieuse et de décontraction semble taillé sur mesure pour elle. « Je suis ravie à 53 ans de faire à nou- veau ma rentrée des classes », répète celle qui reprend ce lundi pour tourner la prochaine bande-annonce. « La vraie rédactrice en chef, c’est elle. Elle valide tout. Les invi- tés les sujets, etc. », affirme une collaboratrice, qui la voit arriver tôt le matin et ne plus quitter son bureau jusqu’au direct. « C’est une grande pro- fessionnelle. Mais le succès ne l’a pas apaisée. Elle ne prend jamais de vacances durant la saison, elle n’a pas de joker. Elle est toujours pleine de doutes, ce qui peut être épuisant pour ses collaborateurs », confirme un ancien de la bande…. »
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