Ernotte :
la grosse artillerie pour éviter la défiance !
« Avec ça, plus aucun risque que la défiance
soit votée »…« Avec la cgt qui a sorti son papier pour taper Macron,
ça devrait le faire » se réjouissait, hier, une huile de France Télés !
Ainsi donc, il aurait suffi d’une phrase – opportunément modifiée (*)
– pour que la motion de défiance (vote le 12 décembre prochain) ne passe pas et que les journalistes mais
plus largement les salariés de France télés qui n’en peuvent plus, se couchent !? Ben voyons !
Qui pourrait croire qu’un tel écran de fumée aurait des chances d’aboutir,
à part peut-être ceux qui l’ont imaginé?
Dans un excellent article publié par « Télérama », ce 6
décembre, sous la plume d’Aude Dassonville et Olivier Milot « L'audiovisuel public, “la honte de la
République“ ? Voici ce que Macron a vraiment dit » chacun aura
vite compris que la ficelle était un peu
grosse.
Le blog CGC Média dans un post publié dès hier soir « Qui avait
intérêt à balancer l’info à « l’Express » pour tenter de discréditer le Chef de
l’État…C’est bien la question ! » se demandait à qui profitait le crime ou qui
pensait pouvoir en profiter ?
A cette question Télérama
apporte donc une réponse, en publiant ce
qu’a dit et pas dit le Chef de l’État – en tout cas pas la phrase telle qu’elle
a été balancée – à savoir, entre autres, « Un
constat sévère sur la gouvernance » de l'audiovisuel public et surtout
pas un réquisitoire contre les salariés et encore moins une « insulte
faite aux salariés, aux téléspectateurs
et aux programmes audiovisuel » comme voudraient le
faire croire certains !
Ce sentiment de honte qu’a évoqué
Emmanuel Macron, il la place « en ce qu’il a pu voir ces
dernières semaines de l’attitude des dirigeants. » [Ernotte qui tape sur l’actionnaire dans le Presse et
sur les réseaux sociaux depuis de nombreux mois !]
Pour prendre un exemple, personne ne pense une seule seconde que parce que le ministre de l'Éducation nationale aurait trouvé honteux que « Les écoliers français se classent 34e sur 50 pays au niveau de lecture en France », quelques buses en déduisent qu’il tape sur les profs, les élèves et les parents !
Extraits :
"Emmanuel Macron a-t-il vraiment dit que “l’audiovisuel
public était la honte de la République” ? Aurore Bergé, la porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale,
l’a démenti.
Sauf que le Président a dit bien plus, et ses propos
sont explosifs. Alors que les salariés France Télévisions, Radio France, France
Médias Monde ou encore l’INA attendent depuis des semaines de connaître la
sauce à laquelle ils seront bientôt accommodés, le chef de l’État a dévoilé
lundi 5 décembre 2017 la recette qu’il compte appliquer.
Aux députés de la commission des Affaires culturelles,
il a exprimé en termes forts, parfois même cinglants, sa « volonté
ferme de faire une révolution » dans le secteur. Que les dirigeants actuels se le tiennent pour dit.
Emmanuel Macron n’a que faire des questions de
personnes (sur lesquelles « on passe beaucoup trop de temps »),
ni des discussions sur les « centaines de milliers ou millions
d’euros » qu’ils doivent économiser. Son sujet, c’est la culture, et les moyens de l’apporter à ceux à qui
elle est le plus nécessaire.
Extraits d’une rencontre où les acteurs de
l’audiovisuel, CSA compris, en ont pris pour leur grade.
Pour Emmanuel Macron, le constat est simple :
l’audiovisuel public français est « une honte ».Non pas « la honte pour la
République », comme l’a écrit L’Express, et démentie par la porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée
nationale, Aurore Bergé. Usant du procédé de l’anaphore cher à
François Hollande, le chef de l’État a en réalité martelé ceci : « L’audiovisuel
public, c’est une honte pour nos concitoyens, c’est une honte en termes de
gouvernance, c’est une honte en ce que
j’ai pu voir ces dernières semaines de l’attitude des dirigeants. »
Pourquoi cette charge virulente ? Pour le
Président, les raisons ne manquent pas. « Parce que c’est très cher, pour une absence de réforme
complète depuis que l’entreprise unique [à France Télévisions,
ndlr] existe ; pour une
synergie quasi inexistante entre les différents piliers des entreprises
publiques ; pour une production de contenus de qualité variable ».
Il a également fustigé un système « complètement
incestueux » qui profite à des entrepreneurs « abonnés à la
commande publique ». Conséquence de ces travers et, à ses yeux, comble
de l’ineptie : « On ne se pose
plus la question de savoir les contenus que l’on veut produire » pour
apporter la culture à ceux qui en sont les plus éloignés : les jeunes, et
les plus démunis.
Précisant son propos, le Président de la République a
reproché à l’audiovisuel public de ne pas « s’être une seconde adapté à
l’évolution des usages ». Le
jugement est excessif mais pas toujours infondé. Il a raillé une télévision
incapable de s’adresser à une jeunesse qui a investi le Net, les jeux vidéos et
les médias délinéarisés sur lesquels « nous n’avons aucune forme de
production, ni aucune réflexion ». « On ne regarde pas le
continent sur lequel nos gamins sont en train de s’éduquer » a-t-il
déploré. Avant d’attaquer : « On fait des programmes pour les
jeunes en disant, c’est super, c’est pour les jeunes (…) mais ceux qui
les regardent ont plus de 65 ans. »
La critique d’Emmanuel Macron est
également très sévère sur le contenu des programmes eux-mêmes : « ils
sont trop chers » et avant tout destinés aux « gens les mieux
éduqués, les mieux informés, les mieux protégés. » « L’allocation
des finances publiques est ultra inégalitaire en matière d’audiovisuel
public », a-t-il
jugé.
« On met très peu d’argent pour aller éduquer
des gens qui sont loin de la culture (…), qui ne vont jamais regarder ni
Arte, ni une chaîne de télévision publique. C’est ça la réalité. »
Un modèle caduc ?
Si l’audiovisuel public paraît plus que jamais à la
veille de son big bang, le CSA, lui, n’a plus qu’à compter les heures jusqu’à
sa propre dissolution. Le président de la République a redit son hostilité à la
nomination des présidents des chaînes et radios publiques par l’instance de
régulation de l’audiovisuel. « Vous
nommez des patrons qui ne sont responsables devant personne, a-t-il griffé,
estimant que ce secteur était « le seul où celui qui nomme des gens ne leur
demande aucun compte »…
« Le modèle du CSA est caduc », a-t-il insisté. « Il a été pensé, dans sa forme, à une autre
époque, qui avait d’autres usages : il faut complètement le
réadapter ».
Pour finir, Emmanuel Macron a pronostiqué une
année 2018 pleine « de chamboulement et de bouillonnement », où
chacun devra apporter idées et soutien à la ministre de la Culture, Françoise
Nyssen.
Gare aux dirigeants qui envisageraient de défendre
leurs intérêts à la manière d’hier : «
Je n’accepterai jamais qu’une entreprise publique, quand on lui demande un
effort (…) considère que la seule réponse serait d’augmenter la
redevance, ou d’aller faire du lobbying en commission. » A bon
entendeur.."
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