Ernotte prête à flouer les élus de France Télés avec un document d’une dizaine de pages sur la disparition du Soir 3 ou encore la création d’une chaîne jeunesse !

Ernotte prête à flouer les élus de France Télés avec un document d’une dizaine de pages sur la disparition du Soir 3 ou encore la création d’une chaîne jeunesse...sur fond d'arrêt de France 4 et France Ô.

C’est ce 19 février que l’ex Orange a choisi pour lire en CSE devant les élus, une dizaine de pages sur les soi-disant orientations stratégiques qu’Emmanuel Macron, son Premier ministre et son gouvernement auraient validées et qu’elle compte bien faire avaler aux élus sur l’air de la transformation ainsi que de la « révolution numérique qu’il convient d’accélérer ».

Les élus bouche bée. On va leur répéter et leur répéter  (c’est même le sous-titre du document) « France TV et le premier média de tous les Français »

En plus d’y découvrir de nouveaux mots et autres expressions inventés (l’évènementialisation des antennes, une distribution maitrisée visant à ne pas être désintermédiés, une information servicielle, etc…) histoire de les faire passer un peu plus pour des andouilles et  accessoirement de leur faire admettre mais aussi de détourner l’attention, ils devraient crier bravo…enfin certains, – à se demander qui a écrit un tel galimatias débordant de lieux communs ! – et  se coltiner une intro à n’en plus finir ennuyeuse et pompeuse, style les soviets parlent aux soviets (* bas de page)  

Les élus apprendront par exemple que « la tranche d’information du soir sur France 3 [comprenez le Soir 3 dont beaucoup prédisaient la fin] sera mutualisée entre France 3 et France Info, d’abord diffusée à horaire fixe sur France Info, puis ensuite sur France 3 pour (soi-disant) favoriser une seconde partie de soirée plus lisible sur la chaîne »

Dit plus simplement c’est France Info qui assurera la diffusion de l’édition sur une le Canal 27 de la TNT et France 3 qui rediffusera plus tard!

Cette annonce, véritable arbre qui cache la forêt est surtout destinée à éviter d’autres sujets qui fâchent « l’arrêt de France Ô et de France 4 avec pourtant le lancement en 2019 d’une nouvelle offre pour les enfants à la demande, gratuite et sécurisée suppose être le premier lien entre les plus jeunes et le service public et conquérir la première place face aux géants américains sur ce marché ! »

Tout ça avec l’aval du Pouvoir…mais de qui se moque-t-on? 

Ce dernier tour de passe-passe en laissera probablement plus d’un estomaqué…après la vente de Gulli pour 2,5 millions d’euros au final (10 fois moins que les 25 millions escomptés) et donc la disparition de France 4 la chaîne jeunesse du groupe, on annonce la création d’une chaine jeunesse cette année! C’est vraiment se foutre du monde et tout ça au nom de l’État.

La fallacieuse présentation ira plus loin dans le cynisme avec des inepties du genre « les quatre chaînes linéaires constitueront notre bouquet à compter de septembre 2020 après l’arrêt de France 4 et de France Ô » [ Quatre? France 2, France 3 et France 5, ça fait trois…il en manque une, non?  Ne serait-ce pas “france info:” l’édition cogérée avec Radio France dont il est question?! ]  ou encore «C’est en proposant au public les bénéfices des innovations numériques que nous deviendrons un éditeur pleinement ancré dans les nouveaux usages».

Ah ces fameux “nouveaux usages” dont se gargarise l’ex Orange en permanence qui seraient la télé de demain et dont elle ose péremptoirement assurer “ces usages changeants du public qui consomme de plus en plus à la demande mais aussi dans les nouvelles concurrences mondiales, dans l’automatisation croissante, dans le recours à l’intelligence artificielle et la robotique…" !

C’est là votre big bang monsieur le Président de la République ? Pas sérieusement!

Vous ne pouvez pas valider la vacuité de telles orientations stratégiques qui n’ont rien de stratégique et encore moins d’orientation! 

Ce n’est pas parce que la crise des “gilets jaunes” se poursuit que vous devez regarder ailleurs et laisser ainsi casser la télé publique sur fond de licenciements de masse avec 2.000 collaborateurs dehors dont nombreux viendront grossir les chiffres du chômage !

(*) 

Il y a 70 ans naissait la télévision publique avec le premier journal télévisé. Depuis, nous avons conquis et affirmé notre mission citoyenne. Notre indépendance à l’égard de tous les pouvoirs est reconnue comme un droit fondamental. Nous nous sommes affirmés comme un pilier de l’exception culturelle française. Nous sommes devenus l’un des tous premiers lieux du débat public. Nous sommes aujourd’hui un marqueur de la démocratie.

Nous avons su profiter des évolutions technologiques et faire face à l’exacerbation croissante de la concurrence des médias audiovisuels. Nous avons su faire évoluer notre offre en ayant toujours à cœur de conserver nos valeurs de service public. Chaque jour nous rassemblons un Français sur deux devant nos écrans en lui proposant une information et des programmes ambitieux de qualité. Nous sommes aujourd’hui le premier groupe audiovisuel français.

Nous bénéficions d’un attachement puissant de nos publics qui nous le témoignent à la fois par leur fidélité, mais aussi par leur confiance et leurs attentes d’évolutions de nos offres. Ainsi, notre information est régulièrement reconnue comme bénéficiant de la confiance la plus large des Français. Nos programmes sont aussi valorisés pour leur originalité et leur différence. Les Français sont soucieux du lien qu’ils entretiennent avec nous, comme a pu en témoigner le succès de la récente consultation citoyenne.

Nous sommes un pilier des industries créatives en France et nous regroupons tous types de métiers, de la fabrication à la régie publicitaire et dans tous les territoires. Nous pouvons compter sur des salariés engagés et attachés au projet citoyen de la télévision publique. Nous sommes dépositaires d’un savoir-faire et d’une exigence partagés au sein de l’entreprise. Nos équipes ont régulièrement su innover et s’adapter aux évolutions du marché audiovisuel. Notre équilibre social repose à la fois sur notre capacité à relever des défis importants pour offrir le meilleur service à tous les publics, tout en respectant chaque salarié et en lui permettant de s’épanouir dans son travail.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter de ces résultats. Car si certains pensent que la révolution numérique a atteint un palier nous permettant de reprendre notre souffle, nous pensons au contraire qu’elle est en train d’accélérer. Nous le voyons d’ailleurs tous les jours autour de nous. Notamment dans les usages changeants du public qui consomme de plus en plus à la demande. Mais aussi dans les nouvelles concurrences mondiales, dans l’automatisation croissante, dans le recours à l’intelligence artificielle et la robotique.

Nous allons réinventer notre modèle. La révolution numérique touche tous les secteurs, à commencer par les médias. La confiance dans les médias est aujourd’hui questionnée dans le monde entier. D’autre part, les publics les plus jeunes s’éloignent de nos offres car leurs usages les ont détournés des chaînes de télévision linéaire, mais aussi parce que le bouillonnement créatif issu des nouveaux médias nous a mis à distance de leurs pratiques culturelles.

Nous portons le projet d’une télévision publique qui rassemble, qui  émancipe le plus grand nombre et place le citoyen au centre de sa mission. Nous sommes rassemblés autour des valeurs d’indépendance, d’exigence et d’universalité. Nous voulons nous adapter à tous les usages. Nous voulons convaincre tous les publics à commencer par les plus jeunes. Nous voulons être leur moyen d’accès à une information indépendante, exigeante et de qualité car nous sommes convaincus que dans un espace public fragmenté l’urgence est là. Nous voulons leur proposer des contenus originaux et audacieux qui font la preuve de la créativité française. Nous voulons être un espace citoyen exemplaire dans lequel se reconnaissent chacune et chacun. Nous sommes le premier média de tous les Français…