Le cadeau empoisonné de la Cour des comptes à Roselyne Bachelot.
Juste avant Noël, la Cour des comptes a adressé à Roselyne Bachelot un lourd cadeau qu’elle n’avait pas commandé au Père Noël.
Il s’agit de la « note structurelle » que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a rendu et qui est consacrée aux missions de ministère de la Culture.
« La cour dresse un constat sévère sur la Rue de Valois et entend apporter sa contribution au débat public non en pointant une quelconque gabegie financière, mais en proposant des « éléments de diagnostic » sur des « enjeux essentiels » pour la France, à moins de quatre mois de l’élection présidentielle » écrit Guillaume Fraissard dans le colonnes du Monde de ce weekend.
« Les griefs ? Atomisation des crédits, politique de subventions et de guichet, manque de stratégie globale, champ d’intervention disparate et trop élargi, incessante valse des ministres, faible attractivité de cette administration pour des cadres, fuite des talents vers le privé... N’en jetez plus, la liste est longue comme un repas de fête. » ajoute le journaliste qui poursuit « Mis en place en 1959, acteur majeur de la démocratisation et de la décentralisation culturelles, le ministère serait arrivé au bout d’un cycle, constate sans détour la Cour des comptes qui – on ne se refait pas – appelle à plus de modestie et sur tout à un périmètre d’action plus restreint. »
Le titre de presse de souligner l’analyse de la Cour qui souligne une « Spirale d’instabilité » avec la valse des locataires « Comment pourrait-il en être autrement alors que la Rue de Valois en a connu douze différents en vingt-cinq ans » et d’enchérir « le quinquennat Macron n’a pas cassé cette spirale d’instabilité. Dix-sept mois d’exercice seulement, puis Françoise Nyssen s’en est retour née à sa maison d’édition ; vingt mois pour Franck Riester rem placé en pleine crise du Covid par Roselyne Bachelot en juillet 2020 » en constatant que « l’impulsion et le volontarisme politiques en matière de culture, se sont réduits comme peau de chagrin ».
Si le quotidien indique que «Pierre Moscovici s’est défendu de vouloir jouer un rôle politique ou de transformer la Cour des comptes en think tank, après la publication de cette note qui pose certes ses diagnostics mais se garde bien de donner le moindre élément de solution dès lors qu’il s’agit d’entrer dans le concret », il précise juste avant de conclure que « Les remèdes préconisés pour redonner au ministère de la culture ‘’son élan d’administration stratège’’ ressemblent pourtant bien à un vademecum pour le prochain quinquennat : poursuite du mouvement de décentralisation, augmentation des moyens pour les directions régionales des actions culturelles (DRAC), remise de l’expertise technique au cœur de la machine ministérielle ».
Autrement dit, la très pro ernottienne Roselyne Bachelot ne laissera guère plus de traces après son passage éclair rue de Valois, que Nyssen, Riester, Filipetti ou encore l’ineffable Fleur Pellerin.
Le Monde s’interroge pour finir « Déjà court-circuité, voire contredit par l’Elysée lors des nominations importantes, quel poids aurait un ministère « stratège » replié sur son administration centrale ?
La culture n’a que rarement été une priorité pour les candidats à l’élection présidentielle. On n’accède jamais à l’Elysée en ayant promis un opéra ou une bibliothèque de plus – ou de moins. A quinze semaines du premier tour, aucun signal ne montre qu’il en sera autrement en 2022. Si la note de la Cour des comptes a un mérite, c’est bien de rappeler que la culture n’est pas qu’une source de coût mais bien une activité économique "non négligeable", elle rappelle aussi que la rue de Valois, garante de l’exception culturelle française, pourrait perdre toute vitalité si elle restait durablement coupée de toute ambition politique forte »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire