Dans un article au vitriol signé Laurent Mauduit pour
Médiapart intitulé « L’audiovisuel
public dans le miroir de l’affaire Gallet », un chapitre « Les mauvais choix du CSA » parle de lui-même.
Le papier de Médiapart qui fait suite à la
condamnation de Mathieu Gallet pour « favoritisme » à un an de prison
avec sursis et une amende, débute tambour battant.
Extrait :
« Dans un souci d’« exemplarité »,
la ministre de la culture invite Mathieu Gallet, condamné pour favoritisme, à
abandonner son poste de PDG de Radio France.
Mais le pouvoir gagnerait en
crédibilité s'il n'avait toléré, avec le CSA, que l'audiovisuel public se
transforme en pétaudière, avec des PDG
nommés dans des conditions opaques, garantissant une tutelle permanente et
oppressante de l’Élysée.
« Les dirigeants d’entreprises
publiques ont un devoir d’exemplarité. Un dirigeant d’entreprise publique
condamné pour favoritisme, ce n’est pas une situation acceptable. Il appartient
à l’intéressé d’en tirer les conséquences, ainsi qu’au Conseil supérieur de
l’audiovisuel, légalement compétent. »…
Cette introduction vient en écho au très riche dossier de 4 pages sous les
plumes conjointes d’Emmanuel
Botta et Emmanuel Paquette qui paraissait dans le n°3441 de l'Express
pour la semaine du 14 au 20 juin 2017, intitulé "Delphine Ernotte en pleine tempête" (de la page 68 à 71 du magazine) [*fin de post]
Voici ce qu’indiquaient, entre autres, les
deux journalistes de l’Express « C'est
Delphine Ernotte que le CSA va choisir au sortir d'une procédure
particulièrement opaque. Au point de pousser la CFE-CGC et la CFDT médias à
déposer une plainte, en décembre 2015, pour abus d'autorité et trafic
d'influence.
Pendant
un an et demi, cette plainte reste lettre morte. Puis, le 15 mai dernier, au lendemain du départ de François Hollande de
l'Elysée, un juge d'instruction est enfin nommé. [une
juge d’instruction pour être précis, ndlr]
Les auditions des syndicats
ont déjà commencé, celles des membres du CSA devraient suivre. "Ceux qui se posaient encore la
question d'une intervention politique ont leur réponse", lâche un candidat
éconduit…
Mais,
de fait, l'ex-dirigeante d'Orange a ses entrées au Parti socialiste: sa sœur
Marie- Christine Lemardeley est adjointe PS à la mairie de Paris chargée de
l'enseignement supérieur, et son assistante, Catherine Bessis, conseillère du
XVe arrondissement, est une proche d'Anne Hidalgo, la maire de Paris… »
Laurent Mauduit dans le
chapitre précité « Les mauvais choix du CSA » enfonce le clou.
Extrait :
« En clair, les auditeurs ou téléspectateurs, qui
paient la redevance, n’ont même pas le droit de connaître les projets défendus
par les différents candidats en lice – dont on ne connaît d’ailleurs pas
l’identité, sauf par des fuites dans la presse.
C’est dans ces conditions stupéfiantes et totalement opaques que le CSA,
sous l’impulsion d’Olivier Schrameck, nomme tour à tour Mathieu Gallet à la
tête de Radio France et Delphine Ernotte à FTV, au terme de grenouillages dans
les coulisses du pouvoir proprement indignes.
De quelle compétence et de quelle
expérience pouvait se prévaloir Mathieu Gallet pour briguer cette fonction ? À
l’époque, beaucoup d’observateurs avertis l’ont dit : aucune !
S’il a décroché le poste, c’est seulement parce qu’Olivier Schrameck a eu
cette lubie.
Et sans même attendre que Mediapart
révèle la vie de patachon de luxe qu’il avait à l’INA, décrite dans un rapport de la Cour des comptes, il était évident depuis
le début que l’on entrait dans la chronique d’un désastre annoncé.
Déjà, la nomination de Mathieu
Gallet à l'INA avait suscité de vives controverses, ce qui aurait dû à tout le
moins alerter le CSA. Toutes les craintes se vérifieront par la suite. La
présidence de Mathieu Gallet à Radio France a été émaillée d'une multitude de
conflits, de polémiques sur ses dépenses somptuaires notamment pour aménager
son bureau, sur les suppressions de postes et de services, sur sa gestion. En 2015, Radio France a connu la plus
longue grève de son histoire – 28 jours –, les salariés contestant la conduite
du groupe par son président.
En somme, Olivier Schrameck a joué la présidence de Radio France sur un coup de
dés. Et il a perdu !
Le pire est que tout a recommencé avec la présidence de France Télévisions
: comme Médiapart l’avait à l’époque révélé, l’Élysée a téléguidé en cachette la
candidature de Delphine Ernotte qui a été désignée PDG de FTV, au terme d’une
procédure entachée d’un nombre incalculable d’irrégularités. [l’instruction judiciaire donc est
en cours, ndlr]…
« Un ça va (et encore !) ...mais deux bonjour les dégâts »
disait la pub.
En voici l’illustration avec un nouvel extrait de l’analyse
de Médiapart :
« D’un seul coup, la ministre
de la culture et de la communication, Françoise Nyssen, est sortie de sa
torpeur et dans une déclaration au Monde, a dit ce qu’elle pensait de Mathieu
Gallet, le PDG de Radio France, condamné la veille pour « favoritisme » après
avoir commandé près de 400.000 euros de prestations à deux sociétés de conseil
sans avoir respecté les règles des marchés publics, du temps où il était le
président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), entre 2010 et 2014.
De prime abord, le coup de gueule
est le bienvenu, même s’il est très tardif. D'autant que le pouvoir ne peut
s'exonérer de toute responsabilité.
Cette affaire Mathieu Gallet, et les turbulences dans lesquelles est prise
son homologue de France Télévisions (FTV), Delphine Ernotte, font office de
miroir: on y retrouve tous les mécanismes
qui ont poussé l’audiovisuel public dans une crise profonde. Mécanismes
auxquels ont contribué tous les gouvernements successifs – avec le concours
actif, pour la dernière période, du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Car la nomination calamiteuse de Mathieu Gallet à la tête de Radio France,
c’est le CSA, présidé par Olivier Schrameck, qui y a procédé en février 2014.
Et celle, contestée, de Delphine Ernotte en août 2015, c’est encore le CSA qui
en a pris l’initiative…
Derrière le naufrage des présidences
de Mathieu Gallet à Radio France et de Delphine Ernotte à France Télévisions,
c’est celui du CSA qui apparaît en pleine lumière. Il est donc urgent d’instruire le procès de cette autorité “indépendante”,
qui a joué un rôle si accablant ces dernières années… »
Schrameck dont le mandat se
termine normalement en fin d’année, va
non seulement devoir répondre à une juge d’instruction – et il n’est pas le
seul – concernant les conditions du
parachutage de l’ex Orange mais aussi
devoir rendre des comptes au Président de la République actuel - François
Hollande le
précédent n’ayant pas été candidat à sa propre succession - sur ces
décisions qui ne pouvaient conduire comme
l’explique encore Laurent Mauduit (ci –après) qu’aux catastrophes industrielles que les téléspectateurs/contribuables
connaissent aujourd’hui.
Extrait :
« Quand François Hollande accède à l’Élysée, en mai 2012, il y a
l'espoir que les temps vont devenir plus cléments pour l’audiovisuel public. Le
candidat socialiste a dit pendant la
campagne présidentielle son indignation contre ce système d’intrusion mis au
point par son prédécesseur. Il a annoncé une grande réforme : ce sera à
nouveau le CSA qui nommera les PDG de l’audiovisuel public. Pour beaucoup
d’observateurs, cette nouvelle réforme va permettre de garantir un minimum
d’indépendance aux radios et chaînes publiques.
Las ! Comme cela a été le cas en presque tous les domaines, la promesse de
François Hollande va vite apparaître totalement avariée.
D’abord, en janvier 2013, François Hollande installe Olivier Schrameck,
l’ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, à la présidence du
CSA.
Ce qui évidemment jette le doute sur sa sincérité quand il avait promis de
tourner le dos aux nominations de copinage: comment une autorité pourrait-elle
être indépendante si son président est lié, par tout son passé professionnel, au
camp qui est au pouvoir ?
Le pouvoir de nomination redonné au
CSA apparaît alors comme une supercherie – et on en aura vite la confirmation :
toutes les décisions importantes resteront en cachette pilotées par l’Élysée.
Le système reste inchangé, mais l'habillage est plus hypocrite.
Surtout, le pouvoir de nomination confié au CSA s’accompagne d’une régression
démocratique majeure: les auditions des candidats aux postes de dirigeants de
l’audiovisuel public se déroulent à huis clos. »…
Il est plus que temps pour le Pouvoir de dire stop à
tout cela avant que les caisses de la
Radio-Télé ne soient complètement vides et l’image auprès des français durablement
entachée !
[*article de l'Express]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire