Voilà où passe une partie des économies de la télé publique !
Certains avaient peut-être raté l’enquête EXCLUSIVE de Jamal Henni dans la version papier du Capital de juillet, intitulée « BHL : la télé publique le finance sans compter » mais le blog CGC Média qui en a fait lecture avec le plus grand intérêt, a choisi pour ses lecteurs avant qu’ils ne le découvrent, quelques morceaux croustillants à commencer par l’illustration (* ci-après) qui fait état de :
- 580.000 euros d’argent public pour son dernier
documentaire ;
- 25 films cofinancés par Arte et/ou France
Télévisions ;
- 1554 entrées (seulement) en salle pour son
film « Mort à Sarajevo ».
(*)
Dans ce dossier de deux pages,
le journaliste détaille montant des subsides exorbitants accordés par la Télé
publique… mais pas que !
Le site internet du magazine qui décline sous le titre « France Télévisions et Arte, grands mécènes du cinéaste Bernard-Henri Lévy », complète le propos avec le tableau ses films écrits et réalisés par Bernard-Henri Levy avec budget et entrées en salle avec les budgets en kiloeuros des films produits par les Films du lendemain.
Le blog CGC Média vous propose deux très larges extraits de cet Exclu Capital pour laquelle le magazine indique : « Contactés, ni BHL ni son avocat Olivier Cousi n’ont souhaité faire de commentaires ».
« Bernard-Henri
Levy est de retour. Le 5 mai est sorti son dernier livre, Sur la route
des hommes sans nom, une série de huit reportages, en Grèce, en Libye,
au Nigéria, en Irak, en Syrie, en Ukraine, en Somalie, au Bangladesh et en
Afghanistan. Mais, comme souvent chez BHL, rien ne se perd et tout se
transforme. Ces reportages avaient déjà été publiés dans Paris match et
d’autres magazines étrangers (la Stampa, the Wall street journal…). Ils
ont aussi été filmés, ce qui a donné naissance à un documentaire, qui
s’appelle Une autre idée du monde (ex-L’adieu au monde ?).
Le film est diffusé
sur Canal Plus le 14 juin, avant de sortie en salles "à la rentrée".
Le budget envisagé
était de 2,8 millions d’euros, selon le devis prévisionnel déposé
début 2020 au CNC (Centre national du cinéma) et publié par cinefinances.info.
Une somme plutôt élevée : le budget moyen d’un documentaire est de 570.000
euros pour le cinéma, et de 185.000 euros de l’heure pour la télévision, selon
le CNC.
Selon ce devis
prévisionnel, les voyages, l’hébergement des équipes et la régie sur place
devaient absorber 1,2 million d’euros. La productrice du film Kristina Larsen
précise que le devis prévisionnel diffère des sommes finalement dépensées, mais
n’a pas souhaité donner les chiffres finaux. En tous cas, BHL a signé un contrat
lui octroyant 50.000 euros pour le scénario et la co-réalisation.
Selon le dossier
de presse, le film a été financé par le CNC, la région Ile-de-France,
François Pinault, Orange, Canal Plus et France Télévisions.
La région évoque
sur son
site une aide de 80.000 euros.
Pour sa part, France
Télévisions indique à Capital avoir financé le film à hauteur de 500.000 euros.
Le service public est
un soutien de longue date des films écrits et/ou réalisés par BHL. Il a déjà
financé Princesse Europe (à hauteur de 230.000 euros), Mort
à Sarajevo (300.000 euros), American vertigo (225.000
euros), Bosna (600.000 euros) et Le jour et
la nuit (1,26 million d’euros).
De l’argent un peu
jeté par les fenêtres, car ces films ont ensuite été diffusés en pleine
nuit, récoltant une audience microscopique.
Ainsi, American
vertigo, diffusé à 1h30 du matin, a attiré 131.000 téléspectateurs, selon
des chiffres Médiamétrie obtenus par Capital. Mort à Sarajevo,
diffusé à 0h35, a réuni 258.000 curieux.
Mieux : France 5
avait aussi investi 150.000 euros dans un documentaire sur la maison de BHL à
Tanger, finalement regardé par 21.000 aficionados... soit un coût de 7 euros
par spectateur ! A l’époque, ce financement avait fait polémique,
car la somme investie par la chaîne représentait le double de ce qu’elle
verse en moyenne à un documentaire. Rony Brauman avait même menacé de
démissionner du conseil d’administration de France Télévisions à cause de
l’affaire…
Ce documentaire avait
été produit par les Films du lendemain, une société de production
détenue à 50/50 par BHL et Artémis, et présidée par le philosophe jusqu’en
2012. Cette société a surtout produit des longs métrages de fiction.
Là encore, le service
public a été au rendez-vous, finançant un tiers des projets des Films
du lendemain durant la période BHL [*]. Parmi ces neuf films, seuls
quatre ont dépassé les 100.000 entrées en salles : les Adieux à la
reine, Une vie meilleure, les Âmes fortes et le Temps retrouvé.
Ces deux derniers films sont même un “double jackpot”, car ils sont à la
fois produits par BHL et interprétés par son épouse Arielle Dombasle. Dans
le lot, on trouve aussi un film cher au cœur de BHL, Terre et cendres,
la première co-production franco-afghane. France 3 a investi 500.000 euros dans
ce long métrage pour le diffuser ensuite à 1h10 du matin devant 70.000
spectateurs. Enfin, côté télévision, France Télévisions a aussi commandé
deux téléfilms ayant Arielle Dombasle pour vedette : Sissi
l’impératrice rebelle et Milady.
Cet amour des chaînes
publiques pour BHL était parfois intéressé. Selon la biographie BHL de
Philippe Cohen, l’écrivain aurait en retour soutenu la reconduction de Marc
Tessier à la présidence de France Télévisions en 2005. Mais l’influence du
philosophe ayant visiblement ses limites, Marc Tessier n’a pas été renouvelé…
France Télévisions ne
pouvant soutenir tous les projets audiovisuels de notre prolifique penseur, ce
dernier se tourne aussi régulièrement vers Arte, un autre soutien sans faille.
La chaîne publique franco-allemande a financé cinq films écrits et/ou réalisés
par BHL : Peshmerga (à hauteur de 250.000 euros), Le
serment de Tobrouk (200.000 euros), Princesse Europe (200.000
euros), Le jour et la nuit (172.560 euros) et Irak
: la bataille de Mossoul (90.000 euros). Là encore, du pur
gaspillage, les films ayant été diffusés en catimini devant une audience
lilliputienne. Peshmerga, diffusé à 22h40, a attiré 260.000
spectateurs, Le serment de Tobrouk, programmé à 0h15, a conquis
32.000 aficionados. Irak : la bataille de Mossoul, diffusé à 18h30,
n’a réuni que 335.000 curieux.
Mais ce n’est pas
tout. Arte a aussi financé la moitié des productions des Films du
lendemain sous BHL. Parmi ces douze films [**], les deux tiers n’ont
jamais dépassé 100.000 entrées en salles. Un seul a remporté un prix
important : le César du meilleur film pour Lady Chatterley. Mais
deux avaient pour vedette Arielle Dombasle : les Âmes fortes de
Raoul Ruiz et Gradiva d’Alain Robbe Grillet.
Car Arte a aussi les
yeux de Chimène pour l’épouse du philosophe. Elle a acheté pour 5.000 euros
les droits de son documentaire La traversée du désir pour le
diffuser à 0h10.
Sa sofica Arte
Cofinova a financé à hauteur de 80.000 euros sa réalisation Alien crystal
palace, qui attirera seulement 2.236 curieux en salles, et ne sera
jamais diffusé sur Arte. Enfin, la chaîne culturelle a co-produit plusieurs
films ayant pour vedette la blonde sylphide, comme Hors jeu ou Quand
je serais star.
Arte a aussi financé deux films produits par un proche du couple, Matthieu Tarot. C'est le manager et producteur des chansons d’Arielle Dombasle. C'est aussi l'associé de BHL dans deux maisons de disques (l’un en France et l’autre en Grande Bretagne), baptisées Tempest Music et qui produisent les disques de la chanteuse. En 2008, Matthieu Tarot et BHL ont même fait équipe pour faire une offre sur les Cahiers du cinéma… Précisément, Arte a misé 400.000 euros sur Au fond des bois (2010), puis 500.000 euros sur Une histoire d’amour (2011). Ce dernier film, consacré au banquier Edouard Stern, était réalisé par Hélène Fillières, épouse à la ville de Matthieu Tarot. Là encore, l’argent d’Arte est largement parti en fumée, car ce dernier film a fait un bide en salles (44.082 entrées) comme lors de sa diffusion sur Arte (143.000 spectateurs), qui l’a diffusé à 23h30.
Enfin, en 2002, BHL avait aussi convaincu Arte France de financer à hauteur de 100.000 euros la réhabilitation de l'auditorium du lycée français de Kaboul, au titre du mécénat...»
Le magazine de poursuivre « Pour trouver l’origine de cette love story là, pas la peine de chercher bien loin : BHL est le président du conseil de surveillance d’Arte France depuis 1993. Grâce à ce poste, notre homme est membre permanent du comité de sélection des films financés par la chaîne. Toutefois, Arte assure qu’“un membre du comité lié à un projet de film se retire lors de l’examen du film et ne vote pas”. Et que BHL “ne participe plus aux réunions du comité depuis plus d’une dizaine d’années”….
Le poste (non
rémunéré) de président du conseil de surveillance d’Arte a permis à BHL de
jouer un rôle - parfois important - dans la nomination du patron de la chaîne.
Il a notamment milité pour la nomination de Bruno Patino en 2020, ou auparavant pour la
reconduction de Jérôme Clément. Ce dernier, lors de son départ en 2011, saluera
“la confiance et l’amitié que M. Levy lui a toujours témoigné, amitié
ininterrompue de 17 ans, au cours de laquelle il a toujours pu compter sur M.
Levy, sur sa présence et sur son aide pour résoudre chaque difficulté”, indique
le procès-verbal de l’assemblée générale.
BHL a même réussi à se maintenir à ce poste en contournant la limite d’âge de 70 ans figurant dans les statuts. Ce plafond a été instauré par l’assemblée générale des actionnaires d’Arte France du 18 juin 2019. Ce jour-là, notre philosophe a déjà dépassé les 70 ans depuis sept mois... Mais l’assemblée générale inscrit dans les statuts un plafond qui ne s’applique pas à BHL : “la limite d’âge du président du conseil de surveillance est fixée à 70 ans, et ce pour tout président élu après le 18 juin 2019”. Une phrase qui permet donc à BHL de rester à son poste. Interrogé, Arte répond que cette limite d’âge “ne s’applique pas aujourd’hui, mais s’appliquera au prochain renouvellement de la présidence du conseil de surveillance”, qui aura lieu mi-2024. BHL, qui aura alors 75 ans, devra quitter ce poste après 31 ans de magistère -une longévité inégalée dans l’audiovisuel français ».
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