Frédérique Dumas députée des
Hauts-de-Seine espère un électrochoc «Je souhaite la réussite d’Emmanuel
Macron… on peut encore changer les choses».
Dans une interview qu’elle a donnée à Pauline Théveniaud en EXCLUSIVITÉ pour « Le Parisien »,
Frédérique Dumas productrice
et femme d’expérience en matière contenus, députée de la 13e
circonscription des Hauts-de-Seine et vice-présidente de la commission des
affaires culturelles à l’Assemblée Nationale, dit ne plus être entendue.
Après le rapport qu’elle et d’autres
députés ont rendu concernant la réforme de l’audiovisuel public - « le
rapport du groupe de travail de la majorité tout simplement balayé d’un revers
de main. Les décisions qui vont conduire à l’explosion de l’audiovisuel public étaient
déjà prises, pour habiller des économies et paraître moderne » (sic) – Frédérique Dumas ne reconnait plus
les aspirations du groupe de travail sur le
programme culturel auquel elle avait largement contribué pendant la campagne
d’Emmanuel Macron.
Quel gâchis surtout après les nouveaux cafouillages de la toujours ministre
de la Culture Françoise Nyssen qui annonce une réforme de la contribution
pour l’audiovisuel et se fait recadrer vertement par Matignon dans les
minutes qui suivent.
A choisir, vous qui parliez d’un « big
bang » Monsieur le président de la République, vous allez laisser
s’envoler tout espoir d’une réforme d’envergure parce que certains de vos
proches ne cessent de vous répéter que l’Audiovisuel public on s’en fout et que
c’est très loin d’être une priorité ?
Combien de
Frédérique Dumas faudra-t-il laisser partir pour maintenir des Françoise Nyssen
qui remonteront un peu les Français avant 2022 ?
Le blog CGC Média vous propose de découvrir l’interview d’une clairvoyance rare et d'une grande
lucidité:
«Les fondamentaux du macronisme ont été oubliés», juge la députée
Frédérique Dumas.
La productrice Frédérique Dumas avait participé à la campagne d’Emmanuel
Macron. Mais la députée ne se reconnaît plus dans le groupe LREM. Manque de
sens, manque d’écoute, technocratie… «On a le sentiment d’être sur le Titanic»,
nous dit-elle.
Députée de la 13e circonscription
des Hauts-de-Seine, vice-présidente de la commission des affaires culturelles, Frédérique Dumas nous
annonce qu’elle quitte le groupe LREM à l’Assemblée pour rejoindre le groupe
UDI-Agir. Une première pour la majorité parlementaire, si l’on considère que Jean-Michel Clément
(Vienne) avait préféré claquer la porte en avril dernier alors qu’il était sur
le point d’être viré pour s’être opposé à la loi Asile immigration.
Membre du comité politique et du
groupe de travail sur le programme culturel pendant la campagne d’Emmanuel
Macron (qu’elle a prévenu de sa décision), Frédérique Dumas, productrice de
cinéma (« The Artist », « Timbuktu »…) de 55 ans, évoque « des désaccords
profonds, sur le fond et sur la méthode ». Et dresse un tableau des
dysfonctionnements qui ont conduit à cette rentrée ratée.
Pourquoi quittez-vous le groupe LREM
?
FRÉDÉRIQUE DUMAS. Du fait de désaccords profonds, sur le fond et sur la méthode. Beaucoup de
choses vont dans le bon sens, mais les fondamentaux du macronisme ont été
oubliés. On confond vitesse et précipitation. La méthode, qui repose sur la
confrontation d’idées, le débat et l’expérimentation, est essentielle à la
réussite. Là, on a plutôt le sentiment d’être sur le Titanic. Il faut un
électrochoc. On est au début du mandat, on peut encore changer les choses, car
je souhaite la réussite d’Emmanuel Macron.
En quoi ces « fondamentaux » ont-ils
été oubliés ?
Le « en même temps », c’est
prendre en compte l’ensemble des dimensions, sans prisme idéologique. Mais si
on met la transformation aux mains de technocrates hors-sol, voire cyniques,
cela ne peut pas fonctionner. Certaines décisions se réduisent à des coupes
budgétaires. Il n’y a pas d’ambition, pas de sens.
Vous évoquez des problèmes de
méthode…
Travailler dans l’espoir d’être
écouté, voire entendu, faire bouger les lignes… est tout simplement impossible
avec l’exécutif et compliqué avec le groupe. Même donner un avis est vu comme
une fronde s’il n’est pas conforme.
Vous parlez d’expérience ?
La réforme de l’audiovisuel public
devait se faire en coordination avec les députés. Or, on n’a eu aucune réunion
avec le gouvernement, si ce n’est un petit-déjeuner avec le Premier ministre,
une heure avant les annonces, où la bascule sur le numérique de France 4, la
chaîne pour enfants, n’a même pas été évoquée. Toutes nos propositions n’ont
pas à être reprises, mais le rapport du groupe de travail de la majorité a été
tout simplement balayé d’un revers de main. Les décisions étaient déjà prises,
pour habiller des économies et paraître moderne. Et elles vont conduire à
l’explosion de l’audiovisuel public. J’ai ensuite envisagé à la radio que l’on
rediscute de France 4. Un crime de lèse-majesté ! J’ai perdu ma mission sur
l’éveil musical, car, m’a-t-on dit, « on ne récompense pas une frondeuse ».
Aucune tête ne doit dépasser ?
Non, à un point caricatural. On nous
explique que les ministres doivent faire des sacrifices personnels en
abandonnant leurs convictions, leurs idéaux. Qu’il faut avaler toutes les
couleuvres, pour rester au gouvernement. C’est dangereux. Emmanuel Macron,
lorsqu’il défendait sa loi comme ministre de l’Économie, cela n’avait rien à
voir avec la façon de faire actuelle.
A-t-il changé ?
Si on voit l’écart, c’est forcément
que quelque chose a bougé. L’été dernier, on était l’illustration de
l’exemplarité. On avait voté la loi pour la confiance dans la vie politique,
les ministres mis en cause partaient immédiatement, et la rentrée, c’était huit
pages d’interview du président dans le Point sur la complexité. Un an après, il
y a des accrocs importants dans notre exigence.
Vous pensez à l’affaire Benalla…
J’ai soutenu le président dès le
départ. Le « j’assume » m’a plu. Puis, on est passé à « c’est une tempête dans un verre
d’eau ». C’est incroyable ! « J’assume », cela veut aussi dire : «
J’ai compris, je vais faire des choses. » On a le droit de ne pas être
infaillible, à condition de se reprendre.
C’est-à-dire ?
J’attendais des gestes forts à la
rentrée, cela n’a pas été le cas. Ce que dit Alexandre Benalla des sénateurs (NDLR : « des petites personnes ») montre qu’il a encore une forme
d’impunité. Et Richard Ferrand, à la
présidence de l’Assemblée… Sa procédure judiciaire, même s’il n’est jamais mis
en examen, est une épée de Damoclès sur une fonction très importante. Il ne
s’agit pas de mettre en cause leurs compétences, mais pourquoi nomme-t-on consul Philippe Besson qui
a fait un livre sur le président ? Pourquoi, quand on a décapité pratiquement
tout le ministère de la Culture, la seule nomination que l’on fait est celle d’Agnès Saal (condamnée pour « frais de taxis indus »)
? L’exemplarité, c’est aussi une question de bon sens.
Il y a aussi l’affaire Françoise
Nyssen…
Que la question de son maintien au
ministère de la Culture ne se pose pas, alors qu’elle est en charge de la réglementation du patrimoine
qu’elle reconnaît elle-même ne pas avoir respectée, qu’on lui enlève le livre
pour cause de conflit d’intérêts, que la politique culturelle est d’un vide
abyssal, c’est totalement anormal ! On va dire que je voulais sa place, mais
arrêtons l’hypocrisie. Il est important que les choses soient enfin dites pour
que ça change.
Qu’allez-vous faire ?
Je rejoins l’UDI, ma famille
d’origine, un vrai contre-pouvoir constructif, et Xavier Bertrand au sein de
La Manufacture, un laboratoire d’idées et d’expérimentation. Je veux faire des
propositions de l’extérieur. Il faut construire des garde-fous et des
contre-pouvoirs, pour éviter les extrêmes.
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