La direction espérait bien en programmant la consultation simultanée des CHSCT de France Télévision, le 3 février 2011, alors que l'expert n'a pas rendu ses travaux sur les incidences qu'aura "réorganisation" sur les salariés, parvenir quand même à un avis au CCE extraordinaire du lendemain.
Le scénario, la direction l'avait imaginé avec la cgt: fort de l'avis rendu par le CHSCT de France 3 (où la cgt est majoritaire) qui "prenait acte de la mise en œuvre des points mis à l'ordre du jour par la direction..."
"Prendre acte" c'est bien évidemment rendre un avis. La cgt réédite, là, le même coup qu'en décembre 2009 où elle rendait un avis (négatif certes mais bien un avis permettant à Carolis de mettre en route son "fonctionogramme")
Si le CHSCT de France 3 a donc pris acte (cette prise d'acte, il faut le redire que la direction comptabilise bien comme un avis), les CHSCT de France Télévisions SA et de FTVI refusaient de rendre un avis avant que l'expert n'ait rendu son rapport; avis que les CHSCT de RFO Malakoff et France 2 eux aussi refusaient de rendre formellement malgré les pressions de certains membres cgt qui insistaient pour que les instances, à l'instar de France 3 prennent acte.
Seulement voila rien n'est allé comme la direction et la cgt l'avaient établi. La direction communiquant sur "les CHSCT ont bien tous rendu un avis"...pour la direction "refus" vaudrait avis [ cette bonne blague]. Sur ces allégations fallacieuses, la direction et la cgt avaient donc escompté que les points mis à l'ordre du jour du CCE eux aussi suivraient le même chemin...La cgt entonnant comme de coutume son refrain (un copié-collé de celui de la direction ): "les syndicats CFDT, CGC, SNJ et SUD sont des irresponsables...ils bloquent la réorganisation essentielle à l'entreprise et empêchent les repositionnements des salariés donc leur évolution!". Qui peut encore croire de telles salades?
La direction et la cgt pensaient que les déclarations intempestives, les attitudes faussement outrées et la raillerie permanente dont ceux qui ne pensent pas comme eux font l'objet, suffiraient à entretenir une confusion monstre (voire une foire d'empoigne) qui aurait évidemment été propice -motion et délibération de la cgt s'affrontant à celles soutenues par les syndicats CFDT, CGC, SNJ, SUD & STC - à dire que la consultation ayant donc eu lieu au CCE, le refus de l'instance de se mettre d'accord sur un avis, celui-ci était rendu!
cTout était calé, le CCE au grand complet serait certes houleux mais au bout de plusieurs heures d'affrontement, la direction pourrait considérer le CCE "régulièrement" consulté.
Coup de théâtre que ni la direction, ni la cgt n'avaient prévu. L'ensemble des membres à l'exception des cégétistes ont lu la déclaration suivante, quitté séance et laissé ceux qui restaient entre eux en bonne compagnie.
Voici la déclaration:
DÉCLARATION DES ÉLUS CFDT, CGC, SNJ & SUD AU CCE EXTRAORDINAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS DU 4 FÉVRIER 2011.
[Déclaration soutenue par les syndicats CFDT, CGC, SNJ, SUD & STC]
« Le CCE reprend à son compte la délibération émise par une majorité des CHSCT parisiens le 03 février 2011:
« Les déménagements s’intensifient, hors consultation des CHSCT, et parfois sans concertation avec les salariés concernés et, dans certains cas, sous la pression, (il est difficile de donner des exemples sans faire courir de risques aux salariés qui sont actuellement dans une phase de repli par crainte de leur hiérarchie),
« Les conditions de travail se dégradent suite à l’accumulation de changements non accompagnés : outils, procédures… entraînant une perte de repères pour les salariés, (idem)
« Dans le même temps, les risques psychosociaux s’aggravent et s’amplifient, et la souffrance au travail est omniprésente. Les membres du CHSCT, tout comme la médecine du travail, sont de plus en plus sollicités par les salariés en déshérence.
Ce constat perdure, malgré les alertes successives des CHSCT, l’injonction de l’inspecteur du travail en date du 21 décembre 2010 à respecter les salariés et leurs instances, et la volonté affichée de la direction de tenir compte des préconisations du rapport d’expertise.
Aujourd’hui, les membres élus du CHSCT sont consultés sur la base de documents initialement destinés aux membres du CCE. Ces documents ne présentent aucune analyse de l’impact de ces projets sur les conditions de travail, la santé et la sécurité des salariés. Par conséquent, ces documents, comme l’ensemble des communications faites en séance par la direction, ne permettent pas au CHSCT de mesurer et de comprendre l’impact du processus en cours sur les conditions de travail et la sécurité des salariés.
Certains membres élus du CHSCT estiment n’être pas en mesure de rendre un avis éclairé et ce, malgré la pression exercée par la Présidence (confer la communication du 26 janvier 2011) ».
Ce constat est largement partagé par les CHSCT de régions et d’outremer.
Forts de l’expérience passée qui nous a prouvé qu’un avis même négatif n’a pas empêché la Direction de mettre en place son organisation et de ne tenir aucun compte des préconisations qui ont été faites, les élus refusent de cautionner la politique de la Direction par un simulacre de consultation.
Les élus signataires de ce texte condamnent l’opacité accompagnant la mise en place de cette nouvelle organisation et les conséquences qu’elle entraîne pour le présent et l’avenir de l’entreprise.
Gilbert BARNABOT (Guadeloupe 1ère – CFDT)
Salim LARFA (F2 – CGC)
Dominique DUMONT (F3 NPCP – SNJ)
Marie-Laurence GRESSIER (F3 Siège- CFDT)
Michel BOULANGER (F2 – CFDT)
Dominique LE GLOU (F2 – SNJ)
Jean LEMESLE CORNEILLE (F3 LPC – SUD)
Gilles MALET (Réunion 1ère – CFDT)
Freddy BERTIN (F3 Siège – CFDT)
Stephan SOUILLÉ (F3 Siège – CFDT)
Georges CHIOCCA (F3 Corse - STC)
José SOLIA (Calédonie 1ère – CFDT)
Suite à cette déclaration, ces élus ont quitté la séance du CCE extraordinaire du vendredi 4 février 2011 à 13h30."
PS: La cgt se retrouvant donc seule face à la direction, n'a pas pu comme elle l'avait prévu, jouer sur la confusion pour faire croire que l'absence d'avis valait finalement avis.
La cgt qui accuse les autres de ne pas prendre ses responsabilités, restant seule avec la direction, avait là l'occasion de les prendre ses responsabilités...Eh bien non, au lieu de cela, la cgt a dû rédiger et lire en urgence une déclaration (personne n'est dupe) où elle indique " la cgt étant exclue, malgré l’importance de sa représentation dans l’instance, du bureau et de toutes les commissions du CCE, ses élus n’entendent pas assumer la responsabilité d’une situation de carence inédite et dangereuse dont seuls sont responsables la majorité en place et la direction. En conséquence les élus CGT quittent la séance à 15h 20"
C'est l'histoire de l'arroseur, arrosé.
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