A l’issue du récent séminaire gouvernemental, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a réaffirmer haut et fort dans ses déclarations les propos qu’il avait déjà tenus et qui ont, entre autres, été ceux du Chef de l’État sur la « ligne suivie » : « Ce nouveau modèle français pour que la promesse de l’élection présidentielle, celle que François Hollande a portée, du redressement du pays dans la Justice, devienne peu à peu, avec ce travail acharné, déterminé, résolu, mobilisant tous les acteurs de la société, une nouvelle réalité ».
Tous les mots ont un sens et le mot Justice peut-être encore plus que tous les autres. Justice sous toutes ses formes, à commencer par le Justice Sociale.
La Justice justement, elle a eu l’occasion à maintes reprises et ce de façon jurisprudentielle constante, de se prononcer sur CE QUE NE PEUT PAS FAIRE UN EMPLOYEUR.
L’employeur
ne peut pas imposer une modification du contrat de travail au salarié, ça c’est le Code du travail donc la loi.
Le salarié
peut refuser la modification de son contrat de travail lorsqu’elle touche à
un élément qui est déterminant pour lui, soit par nature, soit parce qu’il l’a
précisé au moment où il a conclu son contrat (Cass. soc., 19 mai 1998, no
96-41.573). En pratique, il s’agit notamment de la rémunération, de la durée du travail, du lieu de travail
(sous certaines conditions) et de sa qualification
professionnelle.
C’est
pourtant ce sur quoi le tandem Pflimlin/Papet à France Télévisions a décidé de
s’asseoir…la loi c’est probablement pour les autres mais pas pour eux !!!
A France Télévisions
et alors que sans accord de substitution visant à venir en remplacement des
conventions collectives et divers accords d’entreprises (couvrant les chaînes
globalement), les
salariés depuis le 9 octobre 2012 sont en A.I.A. (Avantages Individuels Acquis),
la direction a décidé de modifier UNILATÉRALEMENT donc ILLÉGALEMENT leur
contrat de travail.
Autrement dit,
Pflimlin/Papet ont choisi d’avancer à marche forcée et de violer une nouvelle fois
la loi….Pflimlin qui déclarait au Sénat le 4 avril 2012¸ accusant
Patrick de Carolis, son prédécesseur d’avoir laissé l’entreprise totalement
désorganisée: « La nouvelle équipe que je dirige depuis 18
mois, a pris en charge une entreprise
totalement désorientée, désorganisée par la mise en place à marche forcée de
l’entreprise unique en un an. » !!!! Cela ne s’invente pas.
Le cas échéant et en résumé, alors qu’à l’issue du délai de survie des textes, sans texte de substitution les salariés conservent donc les avantages individuels acquis (issus
des conventions et/ou des accords d’entreprise) qui devraient tous figurer sur leur contrat de travail et en être
partie intégrante, Pflimlin/Papet
ne l’entendent pas de cette oreille et optent pour le conflit avec les salariés
en se retranchant derrière les Tutelles et l’État !
Pour les stopper, une fois encore, le SNPCA-CGC saisit
la Justice
qui dans des situations identiques a toujours tranché dans le même sens en condamnant
l’entreprise.
Puisque
l’employeur ne peut pas imposer une modification du contrat de travail au salarié,
ce dernier peut bien évidemment s’y
opposer - c’est son droit – notamment :
si la modification
qui lui est proposée s’accompagne inévitablement de la modification d’un
élément de son contrat de travail tel que par exemple la rémunération,
bouleversant l’économie même de son contrat; c’est par exemple le cas
si la modification se traduit par un véritable changement de fonctions
accompagné d’une perte d’avantages matériels (Cass. soc., 7 juin 2006, no
04-44.815)
Ce qui est
le cas avec la méthode Pflimlin/Papet.
Le refus
du salarié de voir modifier son contrat de travail, ne constitue pas en soi une cause réelle et
sérieuse de licenciement (Cass. soc. 28 janv. 2005, no 03-40.639). La
Justice a
établi cela depuis bien longtemps…l’employeur qui suivrait cette « voie
sans issue », serait inévitablement condamné.
L’employeur devra alors :
- soit rétablir le salarié dans son emploi et abandonner la modification ;
- soit tirer les conséquences du refus en engageant une procédure de licenciement (Cass. soc., 5 mai 2009, no 07-45.031)…mais pas n’importe quelle procédure de licenciement : « une procédure de licenciement économique »
L’employeur devra, en l’espèce, justifier le
licenciement par un motif « personnel » ou motif économique qui
ne soit pas basé sur ce refus. Il
doit alors respecter une procédure stricte soumise au processus d’information/consultation
obligatoire devant le Comité Central d’Entreprise et surtout en faire
la proposition au salarié par lettre recommandée avec accusé de réception,
lequel a alors un mois pour répondre,
pas moins (Cass. soc., 10 déc. 2003, no 01-44.745).
Le salarié s’il ne dit rien dans ce délai, est
réputé avoir accepté la modification proposée (C. trav., art. L. 1222-6). S’il refuse, soit l’employeur renonce à
la modification du contrat, soit il
engage une procédure de licenciement pour motif économique en précisant la
nature de ce dernier (C. trav., art. L. 1233-3).
Le
SNPCA-CGC a d’ores et déjà mandaté son Conseil pour qu’à la moindre
lettre recommandée allant dans ce sens adressé à un salarié, il assigne France Télévisions devant la Justice pour faire stopper
ce viol manifeste de la loi…Le
SNPCA-CGC fera publier également sur le blog CGC des Média, un, modèle de
lettre-réponse pour bloquer la modification unilatérale du contrat de travail
sans la mise en place préalable processus d’information/consultation
obligatoire devant le Comité Central d’Entreprise de licenciement pour motif
économique en précisant la nature.
Il n’est
pas question que Pflimlin déclare dans les diners en ville, avoir le soutien du
Premier Ministre et du Chef de l’État et que s’en prévalant, il continue sa
casse de l’entreprise – une entreprise d'État - en faisant fi de toute disposition
légale !!!!
P.S : Pour ceux qui auraient encore des
doutes sur les intentions de la direction et pour reprendre ce que le blog CGC
Média rendait public vendredi dernier, voici les 10 pages sur 67 du texte
(qui n’est pas la version que
les syndicats ont refusé de signer) que Papet a donc parafé tout seul et adressé
aux managers pour application unilatérale sous couvert de l’actionnaire à France
Télé.
Chacun
appréciera l’extrait de la page 3 du fameux texte (*) "Tout salarié peut être amené au niveau de son
poste, à effectuer des les tâches relevant d'activités complémentaires à
son emploi de référence. Il
peut aussi être appelé exercer des activités relevant de plusieurs emplois
dans la mesure les activités qui lui sont confiées, soit concourent à
l'exercice d'une mission, soit présentent des caractéristiques analogues. Ces
activités complémentaires sont définies comme une ou plusieurs "Unités de
Compétences complémentaires" s'ajoutant aux activités relevant de l'emploi
habituellement exercé par le professionnel de la société....".
Autrement dit même si ce n’est pas au contrat du salarié, il pourra
quand même le faire et effectuer des tâches relevant
d'activités complémentaires !!!!!
Et dire que le Code du travail prévoit
impérativement un motif au contrat !
Si c’est ça le redressement de la télé
publique dans la Justice,
ça fout la trouille.
Voici donc le texte (hors annexes) dont les Tutelles n'ont peut-être même pas connaissance et qu'il veut mettre en place unilatéralement et le plus illégalement qui soit, Pflimlin/Papet.
(*)
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