Une perte de 93 millions d’euros en 2021 pour la plateforme de VOD Salto « synonyme d’échec » !
« Il y a fort à
craindre que Salto soit à terme synonyme d’échec avec pour l’heure, seulement une
cible modeste de 40 000 abonnés » indiquait récemment le
sénateur LR Roger Karoutchi qui s’interrogeait dans un récent rapport sur
le bienfondé de l’investissement de France Télés dans la plateforme de vidéo à
la demande principalement axée sur la TV de rattrapage.
Salto devrait, en effet, afficher
un déficit de 93 millions d’euros en 2021, partagé entre France Télévisions,
TF1 et M6.
L’ex-Orange qui fait aujourd’hui
l’objet d’une enquête préliminaire déclenchée par le PNF suite
à la plainte déposée en septembre par la CGC (¤), a pris soin pour faire croire à
un nouvel équilibre (tu parles !) en dissociant cette perte
d’exploitation de –24,5 millions d’euros en 2020 (selon la nouvelle
prévision de budget d’octobre) qui devraient dépasser les –35 millions
d’euros en 2021.
« Il y a lieu d'être inquiet sur cette absence de vue claire sur les investissements de Salto » souligne aussi le rapporteur spécial qui pose en conséquence la question de l'opportunité pour le groupe public de continuer dans Salto avec les groupes M6 et TF1 qui voulaient à l’origine contrer Molotov qui, lui, cartonne.
« Une première lecture du catalogue
fait apparaître des séries étrangères déjà accessibles sur d'autres plateformes
ou des films. Les séries françaises produites pour France Télévisions sont
par ailleurs déjà accessibles sur le service gratuit de vidéos à la demande des
chaines du groupe public » précise encore l'intéressé qui ajoute
« Il est par ailleurs possible de s'interroger sur la mise en vente de
séries produites pour le service public, en principe accessibles à tous, et
financées, à ce titre, par des ressources publiques ».
« Le coût de
l'abonnement de Salto est proche de celui retenu par les fournisseurs
américains, type Netflix et Amazon, sans pour autant faire montre du même
effet d'attraction faute d'un catalogue de contenus inédits suffisamment
développé. Il y a forte à craindre que l'investissement du groupe public
soit donc à terme synonyme d'échec. » enchérit
Roger Karoutchi qui enfonce le clou « Pour l'heure, seule une cible
modeste de 40 000 abonnés à la fin de l'année 2020 a été fixée… perspective
qui ne lasse pas d'interroger une nouvelle fois sur les choix stratégiques de
France Télévisions, enclin à vouloir se rapprocher des groupes TF1 et M6, au
risque de remettre en question un positionnement censé être plus exigeant. »
Ce à quoi, il lui fut répondu qu'« au
regard du caractère confidentiel des données financières de Salto imposé par
l'Autorité de la concurrence, et étant rappelé que France Télévisions n'est pas
l'éditeur des programmes de cette société, France Télévisions ne dispose pas du
détail des investissements dans les programmes et dans la plateforme
technologique ni du détail des dépenses de fonctionnement de Salto » !
Pas de réelle visibilité donc qui fait douter logiquement le rapporteur spécial sur l'opportunité pour le groupe public d’aller plus loin dans Salto. Le cas échéant, le résultat d’exploitation de France Télés artificiellement à l’équilibre (*) pour son budget 2021 ne comprend justement pas Salto qui pèse évidemment sur les comptes de France Télés déjà dans le rouge.
L’équilibre n’étant pas prévu avant 2023 (en théorie seulement), la propagande habituelle va forcément bon train. Reste que le résultat d'exploitation de France Télévisions intègre un tiers de la perte prévisionnelle de la société Salto, soit 13 millions d'euros en 2020, tout cela devant se faire encore au détriment des programmes donc des téléspectateurs mais aussi et surtout des salariés!
(*) Ernotte ne s’étend pas non plus sur le coup de pouce de 45 millions d’euros annoncé en septembre par l’État via le plan de relance afin de faire face aux effets de la crise sanitaire. Cette dernière raconte donc à qui veut qu’il semblerait normal que « Salto étant un investissement, la plateforme soit séparée du résultat d’exploitation communiqué hors éléments non récurrents, puisqu’elle n’est pas financée par la taxe audiovisuelle mais pris sur la trésorerie » ! Ben voyons…Parce que la trésorerie de l’entreprise ne dépendrait pas, elle, des deniers des contribuables ?! Non mais au secours...
Son discours selon lequel "Salto ne serait ni directement, ni indirectement financée par la contribution à l'audiovisuel public mais par les recettes commerciales induites par son modèle économique" ne trompe guère finalement.
(¤)
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