Nous ne résistons pas à l'envie de publier sur notre blog la tribune d'Yves Loiseau, Administrateur à France Télévisions qu'il a rendu publique sur son blog le mercerdi
12 mars 2008 à 17:26 http://yves.loiseau.free.fr/blog/index.php?2008/03/12/96-de-carolis-et-la-cgt-france-3-s-embrassent-sur-la-bouche
"C'est l'information people de la semaine. Marc Chauvelot et Patrick de Carolis ont été vus ensemble hier soir dans les couloirs de France Télévisions après une réunion d'où ils ont viré les autres syndicats !
L'information est d'importance parce que le Président Sarkozy avait eu un très fort mouvement de recul du menton en écoutant Marc Chauvelot lui expliquer pourquoi il fallait maintenir la publicité dans les programmes.
Le Chef de l'Etat avait marqué son incompréhension: « C'est la CGT qui me dit ça ! ».
Et le Président de la République, malgré ses services secrets et sa police, ignorait que, de longue date, la CGT de France 3 était l'alliée des Présidents successifs de France Télévisions. La CGT de France 3 malgré son discours sur les modifications de structures est en fait opposée -totalement opposée- à la modernisation de la télévision publique ! (voir le dernier tract CGT en la matière en haut de page - cliquez dessus pour agrandir)
Je vais tout vous expliquer.
"C'est l'information people de la semaine. Marc Chauvelot et Patrick de Carolis ont été vus ensemble hier soir dans les couloirs de France Télévisions après une réunion d'où ils ont viré les autres syndicats !
L'information est d'importance parce que le Président Sarkozy avait eu un très fort mouvement de recul du menton en écoutant Marc Chauvelot lui expliquer pourquoi il fallait maintenir la publicité dans les programmes.
Le Chef de l'Etat avait marqué son incompréhension: « C'est la CGT qui me dit ça ! ».
Et le Président de la République, malgré ses services secrets et sa police, ignorait que, de longue date, la CGT de France 3 était l'alliée des Présidents successifs de France Télévisions. La CGT de France 3 malgré son discours sur les modifications de structures est en fait opposée -totalement opposée- à la modernisation de la télévision publique ! (voir le dernier tract CGT en la matière en haut de page - cliquez dessus pour agrandir)
Je vais tout vous expliquer.
L'idée de Carolis -exprimée en petit comité- est de faire de sa réforme sur les chantiers le test qui montrera à l'actionnaire unique qu'il a les choses en main et qu'il est l'homme qui doit piloter le futur avion mis au point par la commission Cope ! C'est grave pour les salariés qui seront les cobayes de ce test... Pour eux le chemin, quel que soit l'avenir, sera irréversible: c'est un groupe d'otages ou de sacrifiés !
La réalité est terrible.
Ces chantiers sont un ersatz de modernisation. La mise sur pied d'un vrai groupe piloté par une société de groupe -avec des filiales- ou le rassemblement de toutes les activités actuelles dans une société du type Radio-France est le choix qui sera fait par la Commission Cope.... ou le Chef de l'Etat. La première solution semble -peut être- la plus souple mais le système BBC n'est pas exactement le retour à l'ORTF... avant de proférer des avis peut être faudrait il étudier sérieusement le dossier.
La réalité c'est que les chantiers Carolis-CGT sont l'arbre qui cachent la forêt.
Je ne pense pas personnellement que l'actionnaire unique soit dupe de ce décor devant lequel on invite les partenaires sociaux à sacrifier conventions collectives et salariés sur l'autel de l'illusion.La modernisation de France Télévisions c'est quelque chose de beaucoup plus profond qui depuis 10 ans aurait du requérir la mobilisation de tous. La modernisation de France Télévisions, c'est la mise sur pied d'une stratégie du numérique. Il y a, sur le plan éditorial, plusieurs propositions possibles ! Mais, quelle que soit la solution choisie, les métiers vont être mis en cause, peut être même les rédactions et les rythmes de travail de tous... Inutile de dire qu'il s'agit d'un chantier qui impacte tous les autres....
La modernisation de France Télévisions c'est une entreprise sociale, technologique, sans précédent dans un groupe où il y a 5 chaînes de programme, autant de cultures d'entreprises que de sociétés et l'incapacité si on ne tape pas sur la bonne table d'obtenir des résultats.
Un exemple: depuis 7 ans, j'ai toujours deux ordinateurs sur mon bureau: l'un France 2 sous Windows 2000 avec un logiciel de messagerie GroupWare, l'autre France 3 sous Windows XP avec une messagerie Outlook.... Les deux messageries ne sont pas compatibles entre elles.Je m'envoie quelques fois des messages de l'un à l'autre parce que même à l'intérieur du siège de France Télévisions les réseaux France 2 et France 3 ne sont pas les mêmes: il m'arrive -je le jure- de recevoir le soir sur l'ordinateur France 3 le message que j'ai envoyé le matin sur l'ordinateur France 2 !En 2001, devant l'ensemble du Conseil d'administration, Marc Tessier avait promis que ce problème serait réglé dans les 6 mois. Deux administrateurs de France Télévisions de l'époque, Jean Pierre Jouyet et Didier Mathus, doivent s'en souvenir: eh bien non, Monsieur le Ministre, Monsieur le Député le problème n'est toujours pas réglé. Est il besoin de monter un « chantier » pour que ces dysfonctionnements cessent ! Comment se fait il qu'il y a quelques mois France 2 et France 3 aient acheté des caméras dont on dit qu'elles ne sont pas compatibles !
Comment se fait il que dans certaines régions de France 3 les responsables puissent acheter -sur caisses noires- des matériels incompatibles dans le reste de la société!
Aucun de nos patrons -aucun- n'a été capable de mettre ses chantiers la sur le tapis.... « Tessier n'était pas Messier » comme je l'avais dit à Libération quant à Carolis il s'est rapidement séparé de Thierry Bert qui était prêt à se colleter à ce chantier.... jusqu'aux limites des lois en vigueur ! Quant il s'est agi de bloquer les négociations sur les sujets de fond les Présidents de France Télévisions ont toujours trouvé la CGT à leur coté.... Et ça remonte à loin !
Peu de temps avant les années 2000 -si ma mémoire est bonne- la direction technique de France 3 avait décidé de faire une tentative d'implantation d'un desk informatique à Reims. Reims, Nancy sont depuis des lustres des fiefs incontournables de la CGT. Autant dire que faire une expérimentation la bas du type du desk informatique la bas, c'était aboutir inéluctablement à l'échec. C'était sans doute ce que voulait la Direction Générale de France 3 et son directeur technique. L'acceptation de la machine aurait entraîné trop de tracas, d'efforts et de négociations pour nos patrons afin d'implanter. La chose s'est passée comme prévue ! Le CE de France 3 Reims a rejeté l'expérimentation et aucune rédaction de France Télévisions jusqu'à ce jour -à ma connaissance- n'a été équipée d'un tel matériel. Le délégué syndical de l'époque s'appelait Marc Chauvelot. Si la réponse n'avait été négative, cela aurait pu être pour France Télévisions l'ouverture aux réseaux, aux disques durs et aux caméras numériques desservant leurs images sur des serveurs..... Depuis cette époque, tout s'est figé ! C'est aujourd'hui le même Marc Chauvelot qui déclare au Président de la République qu'il est pour le maintien de la publicité sur l'antenne de la télévision publique et qui soutient le Président Carolis dans la mise en route des chantiers.....
Marc Chauvelot s'en prend aujourd'hui à la CGC et à son préavis de gréve en des termes qui méritent d'être cités tels quels....
La réalité est terrible.
Ces chantiers sont un ersatz de modernisation. La mise sur pied d'un vrai groupe piloté par une société de groupe -avec des filiales- ou le rassemblement de toutes les activités actuelles dans une société du type Radio-France est le choix qui sera fait par la Commission Cope.... ou le Chef de l'Etat. La première solution semble -peut être- la plus souple mais le système BBC n'est pas exactement le retour à l'ORTF... avant de proférer des avis peut être faudrait il étudier sérieusement le dossier.
La réalité c'est que les chantiers Carolis-CGT sont l'arbre qui cachent la forêt.
Je ne pense pas personnellement que l'actionnaire unique soit dupe de ce décor devant lequel on invite les partenaires sociaux à sacrifier conventions collectives et salariés sur l'autel de l'illusion.La modernisation de France Télévisions c'est quelque chose de beaucoup plus profond qui depuis 10 ans aurait du requérir la mobilisation de tous. La modernisation de France Télévisions, c'est la mise sur pied d'une stratégie du numérique. Il y a, sur le plan éditorial, plusieurs propositions possibles ! Mais, quelle que soit la solution choisie, les métiers vont être mis en cause, peut être même les rédactions et les rythmes de travail de tous... Inutile de dire qu'il s'agit d'un chantier qui impacte tous les autres....
La modernisation de France Télévisions c'est une entreprise sociale, technologique, sans précédent dans un groupe où il y a 5 chaînes de programme, autant de cultures d'entreprises que de sociétés et l'incapacité si on ne tape pas sur la bonne table d'obtenir des résultats.
Un exemple: depuis 7 ans, j'ai toujours deux ordinateurs sur mon bureau: l'un France 2 sous Windows 2000 avec un logiciel de messagerie GroupWare, l'autre France 3 sous Windows XP avec une messagerie Outlook.... Les deux messageries ne sont pas compatibles entre elles.Je m'envoie quelques fois des messages de l'un à l'autre parce que même à l'intérieur du siège de France Télévisions les réseaux France 2 et France 3 ne sont pas les mêmes: il m'arrive -je le jure- de recevoir le soir sur l'ordinateur France 3 le message que j'ai envoyé le matin sur l'ordinateur France 2 !En 2001, devant l'ensemble du Conseil d'administration, Marc Tessier avait promis que ce problème serait réglé dans les 6 mois. Deux administrateurs de France Télévisions de l'époque, Jean Pierre Jouyet et Didier Mathus, doivent s'en souvenir: eh bien non, Monsieur le Ministre, Monsieur le Député le problème n'est toujours pas réglé. Est il besoin de monter un « chantier » pour que ces dysfonctionnements cessent ! Comment se fait il qu'il y a quelques mois France 2 et France 3 aient acheté des caméras dont on dit qu'elles ne sont pas compatibles !
Comment se fait il que dans certaines régions de France 3 les responsables puissent acheter -sur caisses noires- des matériels incompatibles dans le reste de la société!
Aucun de nos patrons -aucun- n'a été capable de mettre ses chantiers la sur le tapis.... « Tessier n'était pas Messier » comme je l'avais dit à Libération quant à Carolis il s'est rapidement séparé de Thierry Bert qui était prêt à se colleter à ce chantier.... jusqu'aux limites des lois en vigueur ! Quant il s'est agi de bloquer les négociations sur les sujets de fond les Présidents de France Télévisions ont toujours trouvé la CGT à leur coté.... Et ça remonte à loin !
Peu de temps avant les années 2000 -si ma mémoire est bonne- la direction technique de France 3 avait décidé de faire une tentative d'implantation d'un desk informatique à Reims. Reims, Nancy sont depuis des lustres des fiefs incontournables de la CGT. Autant dire que faire une expérimentation la bas du type du desk informatique la bas, c'était aboutir inéluctablement à l'échec. C'était sans doute ce que voulait la Direction Générale de France 3 et son directeur technique. L'acceptation de la machine aurait entraîné trop de tracas, d'efforts et de négociations pour nos patrons afin d'implanter. La chose s'est passée comme prévue ! Le CE de France 3 Reims a rejeté l'expérimentation et aucune rédaction de France Télévisions jusqu'à ce jour -à ma connaissance- n'a été équipée d'un tel matériel. Le délégué syndical de l'époque s'appelait Marc Chauvelot. Si la réponse n'avait été négative, cela aurait pu être pour France Télévisions l'ouverture aux réseaux, aux disques durs et aux caméras numériques desservant leurs images sur des serveurs..... Depuis cette époque, tout s'est figé ! C'est aujourd'hui le même Marc Chauvelot qui déclare au Président de la République qu'il est pour le maintien de la publicité sur l'antenne de la télévision publique et qui soutient le Président Carolis dans la mise en route des chantiers.....
Marc Chauvelot s'en prend aujourd'hui à la CGC et à son préavis de gréve en des termes qui méritent d'être cités tels quels....
"A moins que le but de ce syndicat (il s'agit de la CGC - voir tract CGC juste après) ne soit pas le financement de l’entreprise, ni même les chantiers de réorganisation interne ouverts en septembre dernier, mais plus prosaïquement, d’obtenir, comme il l’exprime à mots plus ou moins couverts, l’éviction de l’actuelle équipe dirigeante. Mais si c’était le cas, on quitterait le domaine du syndicalisme pour entrer dans celui de la politique."
Et quand bien même, qui peut croire qu’un patron nommé par Sarkozy serait plus sensible aux questions sociales? Ne serait-il pas plutôt choisi pour faciliter la mise en place de restructurations et de plans sociaux, comme on l’a vu par le passé ? »
L'insinuation est perfide....
Qui critique les chantiers s'attaque au Président de Carolis.
Qui critique les chantiers fait de la politique.
Si je traduis le tract de la CGT, la CGT France 3 vient de découvrir que Patrick de Carolis était un homme de gauche ce dont personnellement en tant qu'administrateur de France Télévisions « ne me bouge pas l'une quand je secoue l'autre » -description attribuée à Jacques Chirac- et que l'actuel dirigeant du groupe serait à la fois sensible « aux questions sociales » et « opposé aux restructurations ».
Merci à celui qui me fournira la marque de la moquette !
Pour ce qui me concerne, ce n'est pas la personne de Carolis où son équipe qui sont en tant que tels-dans les quelques semaines qui viennent- visés: ils feront atterrir l'avion jusqu'à ce qu'une nouvelle équipe prenne le pouvoir dans une nouvelle configuration. Le contraire n'aurait aucun sens.
Mais en tant qu'administrateur, attaché à l'intérêt social de l'entreprise, du groupe, de France Télévisions, de ses 11.000 salariés répartis sur plus de 40 sociétés avec -sans doute- 4 ou 5 régimes sociaux différents, cette entreprise doit se moderniser pour ne pas disparaître..... Ce sont qui s'opposent aux changements de fond qui seront les responsables des restructuration à la hache et aux licenciements.
Certes Carolis- largement aidé par Patrice Duhamel- aura réussi à infléchir légèrement la qualité du contenu de l'antenne. C'est bien. Mais c'est loin d'être suffisant en 2008.
Ce n'est pas en déplaçant 50 personnes d'une société à une autre -en leur faisant perdre leur statut au passage- que Libération, le Monde, etc.... sont passés à l'ère du numérique. C'est en exigeant comme l'on fait les personnels de ces entités -mais il y a d'autres exemples dans le monde- un vrai plan de bataille avec un calendrier, en dégageant des moyens pour informer les personnels, préparer les changement en dégageant des formations, etc.....
En dehors de la négociation conduite sur les droits d'auteur, rien ne s'est passé si ce n'est la création d'un club de téléspectateurs et d'une fondation France Télévisions: bref rien d'autres que de la com ! En terme de modernisation effective: rien !
Il faut faire revenir l'ensemble du contenu éditorial dans les chaînes, négocier avec les journalistes le passage au multisupport, créer des sites internet qui soient le reflet de la vie de l'ensemble des sociétés de programme et pas des espèces d'OVNIS sans armature qui se traînent en terme d'audience dans le peloton de queue des sites généralistes. Bref, un vrai chantier quoi !
Bref, s'il y avait au Conseil d'administration de France Télévisions un comité des rémunérations et des nominations -comme dans toutes les grandes sociétés françaises- et si les représentants des salariés avaient pu s'y exprimer, on voit tout de suite ce que j'aurai dit ! C'est d'ailleurs en gros ce que j'ai dit au seul comité de la stratégie réuni par celui qui est si sensible « aux questions sociales ».
Ce qu'il faut -comme je l'ai écrit aux administrateurs du groupe- c'est que Carolis mette fin à ses chantiers mais qu'il organise à l'intérieur du groupe la même concertation que celle qui s'est mise en place à l'extérieur sur la modernisation du service public de la télévision. Une concertation qui permette à chacun, syndiqué ou non syndiqué, technicien ou journaliste, employé de bureau ou spécialiste des finances, de la publicité ou du marketing, de se prononcer sur l'avenir de son outil de travail.
C'est parce que nos dirigeants n'ont pas été capables de mettre ça sur pied dans les six mois qui précedent que l'actionnaire s'est réveillé.
Dommage pour ceux qui voulaient continuer à endormir tout le monde !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire