Procès
France TV/Bygmalion : La mémoire sélective du prévenu Carolis.
Ce lundi 21 novembre, se poursuivent devant la 32ème chambre
correctionnelle de TGI de Paris, les audiences du procès dit France
TV/Bygmalion débuté lundi dernier.
La journée devrait être « chaude » – c’est ce lundi que les témoins seront entendus – « tendue » particulièrement
après les contradictions entre prévenus étalées devant la Cour et surtout après
l’intervention de Camille Pascal qui est même allé jusqu’à se lamenter du
triste spectacle qu’ils donnaient à voir,
mais également « riche »
en rebondissements dont la dernière audience fut le théâtre.
Carolis qui
indiquait pourtant à la Présidente « Je suis à la disposition de la Cour »,
n’a visiblement pas apprécié les dernières questions des parties civiles
(SNPCA-CGC, CFDT et SNJ). « Je demande, maintenant, à être interrogé sur les faits
qui me sont reprochés ».
Alors qu’il
avait expliqué avec force détails et références pendant
une quarantaine de minutes minimum ses études, son cursus, son parcours, sa
carrière journalistique, sa candidature à France Télé plutôt que Patrice
Duhamel, ses cinq ans à la tête du groupe et sa « résistance » à
Nicolas Sarkozy alors président de la République … le voilà qui avait
soudainement du mal à se souvenir.
La première grosse « absence » elle
survient après la question de Maître Pierre-Olivier Lambert qui intervient pour le SNPCA-CGC partie
civile à l’origine de la plainte dès avril 2011 « Vous souvenez-vous de la lettre que
vous ont adressée vos deux ministres de Tutelle en octobre 2005 sur
l’impérieuse nécessité de respecter l’ensemble des dispositions de l’ordonnance
européenne de 2005 transposée dans les 27 pays européens et régissant les
marchés publics et l’obligation de mise en concurrence ?».
Bien,
Carolis ne s’en souvenait pas (*lettres)… « C’était deux mois après ma
désignation…elle a dû être reçue puisque c’est un document interne mais, je ne
m’en souviens pas…Vous savez, je n’étais pas tout seul !... ».
La deuxième énorme « absence », elle
fait suite à la question de Maître Roger Koskas qui demande à Carolis « Vous nous
avez dit tout à l’heure que la projet que vous aviez présenté devant le CSA en
2005 portait sur la mise en place de l’entreprise unique. Vous avez indiqué que
vous étiez satisfait de la reprise de votre « stratégie » par la commission Copé puis
par le président de la République. Vous souvenez-vous des chantiers que
vous aviez tenté de mettre en œuvre avant même que le Législateur se soit
prononcé ? »
Voilà que Carolis ne s’en souvenait pas, non plus… « Ça ne me dit rien… ».
Tout de même
après s’être raconté pendant près de trois quarts d’heure dans les moindres
détails – souvent surabondants – voici qu’à deux questions très précises et
en lien direct avec le dossier, Carolis ne se rappelait pas de
grand-chose !
Heureusement que Maître Roger Koskas a pu lui rafraîchir la mémoire « Vous aviez voulu mettre en œuvre un projet intitulé "Modèle de gouvernance" que vous promouviez alors à travers un document « charte organisationnelle » élaboré par votre cabinet d’avocats Gide Loyrette et Nouel. Projet de « charte » rejeté par les syndicats mais également lourdement condamné par le Tribunal de Grande Instance de Paris ».
Heureusement que Maître Roger Koskas a pu lui rafraîchir la mémoire « Vous aviez voulu mettre en œuvre un projet intitulé "Modèle de gouvernance" que vous promouviez alors à travers un document « charte organisationnelle » élaboré par votre cabinet d’avocats Gide Loyrette et Nouel. Projet de « charte » rejeté par les syndicats mais également lourdement condamné par le Tribunal de Grande Instance de Paris ».
Si Carolis ne s’en souvenait toujours pas, lui, au moment où Maître Roger
Koskas indiquait « leurs
représentants sont deux bancs derrière », Maitre Pitron du cabinet Gide Loyrette et Nouel, lui, se levait et
confirmait...
Stupeur dans
la salle.
Car si Maitre Pitron du cabinet Gide Loyrette et Nouel avocat de
Carolis pendant son mandat (et FTV depuis plus de 10 ans) est là avec un second avocat du cabinet, c’est en tant que partie
civile contre les prévenus dont le même Carolis ...comment peut-il
être d'un côté et de l'autre !?
Bizarre,
vous avez dit bizarre ?!...Très très bizarre, en effet !
Le round n’allait pas s’arrêter
là.
Maître Roger
Koskas enchaînait « Vous
souvenez-vous qui à l’époque, le
19 février 2008, l'Élysée installait comme président à la tête de la
Commission éponyme pour la télé publique Jean-François Copé qui intégrait le cabinet Gide Loyrette et Nouel !?
Le même
Jean-François Copé [dont Bastien Millot, Guy Alves et Damien Cuier
avaient été les collaborateurs] qui validait en somme votre projet - celui présenté au
CSA lors de votre candidature - pour aboutir au vote de la loi ».
Il suffit de
reprendre l’article, entre autres, publié le 2 juillet 2008 par « Le
Canard enchaîné » et de relire, entre guillemets, les déclarations
de Carolis:
« Je suis vraiment
satisfait que le Président de la République ait parlé de la télévision
publique, qu'il soit attaché » disait le communiqué de
Carolis
- le même qui répondait à la question de Maître Maria Cornaz pour le
SNPCA-CGC lui demandant s'il était satisfait d'avoir tété entendu "Je
n'ai pas à être satisfait ou pas de la décision de Législateur"
- qui ajoutait pourtant clairement « J'ai pris acte avec satisfaction du soutien du président de la
République au virage éditorial que nous avons engagé à France Télévisions
depuis trois ans. Soutien au projet qui était le nôtre
de transformer France Télévisions en entreprise unique ».
« Je suis extrêmement satisfait des idées qui
émanent » du "prérapport
rendu par Copé et ses copains, claironne illico le vaillant pédégé",
écrit aussi « Le Canard enchaîné ».
Camille Pascal accusé par Carolis dans le cadre de la confrontation organisée à l'initiative du juge Renaud Van Ruymbeke, avait lui bien en tête le déroulé des faits.
Espérons que celui qui l'avait recruté après son départ du CSA sous Dominique Baudis et ce malgré un avais défavorable d'un de ses corps de rattachement, puisse retrouver la mémoire car si pour l'instant il ne s'agit que du respect des règles en vigueur. Si les contrats passés esans mise en concurrence se révélaient bidons, la Cour pourrait bien, au minimum, requalifier les faits en détournement de fonds publics! Là ce serait une autre histoire.
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