A France Télévisions « être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile »
Ce weekend « Le Monde »
Radio Télé faisait sa première de couverture avec la grande enquête qu’il
diffusait sur la place des femmes à France intitulée « France Télévisions en mal
de parité ».
L’article sans complaisance que le
blog CGC Média vous propose de découvrir (ci-dessus) et qui aurait très
bien pu s’appeler « France Télévisions en mâle de parité » fait le constat alarmant que la place des
femmes à des postes de direction « éditoriale » va sans cesse
décroissant contrairement à ce que tente de faire croire Pflimlin, Papet et
consort.
Le dossier relève qu’aux postes de
direction de France Télévisions, les femmes sont absentes… soulignant les
places occupées au sein du groupe quasiment exclusivement par des hommes
(P.Papet, M.Ajdari, B.Patino, T.Thuillier, etc…)
Aucune Femme donc dans les
« hautes sphères du groupe »…imaginez un peu l’inverse !
Et encore l’article ne parle pas de
tous les postes de directeur…de la communication,
des moyens des antennes, de l’harmonisation, des réseaux régionaux, des
recettes, de la prospective, de ceci, de cela, etc...
Ce qui, il faut bien l’avouer pour « cette télévision de service public
dont la mission est de ressembler le plus possible à la société… la télévision de la nation où la Nation doit se retrouver
dans sa télé », les phrases creuses qu’assènent péremptoirement
Pflimlin et ses lieutenants, sont loin, très loin de la réalité.
Martine Martinel députée
PS auteure des rapports éponymes, qui déclare « Plus le niveau
hiérarchique est élevé, moins les femmes sont présentes. Seuls 26 % des chefs
de rédaction sont des femmes et les comités de direction élargie sont
constitués au trois quarts d'hommes » ne s’y ai pas trompée, en écrivant
dans un de ceux-ci que « la situation est indigne du Service
Public ».
Martine Martinel
d’enfoncer le clou « A la télévision, la vie est plus dure pour une femme. On peut
même se demander si une certaine forme de cruauté ne leur est pas réservée »
Faut-il rappeler que les femmes sont
la majorité de la population et que par ailleurs elles sont donc la majorité du
public en télévision.
Si les parole de Pflimlin
étaient si vraies pourquoi donc « Lors du premier passage, le 29
novembre 2013, devant la commission d'homologation du label diversité selon la
procédure, ladite commission créée en juin 2009 aurait-elle demandé un complément d'information » (dixit
Le Monde)?!
Et d’en remettre une louche « Il faut dire que la direction de France télévisions ne s'est pas privée de communiquer sur le sujet est qu'un succès serait l'évidence bienvenue alors que l'image sociale du groupe en pleine restructuration est écornée…
Rémy Pflimlin ne semble pas aimer
beaucoup les femmes puisque malgré les promesses et les engagements pour
favoriser la carrière des femmes, lors du colloque féminin du 8 juillet« En avant toutes », organisé à domicile en
présence de Nadjet Vallaud-Belkacem ministre des droits des femmes et Aurélie
Philippe ministre de la Culture et de la Communication et Olivier
Shrameck, aucune action n’a depuis été menée.
C’est d’ailleurs, le même
semaine que le groupe achevait son audit auprès de l'organisme de certification
AFNOR pour l'obtention du label diversité « Cette
grande priorité fixée au groupe depuis deux ans …qui a permis de mesurer
l'engagement de toute entreprise dans la politique d'égalité des chances entre
hommes et femmes. » martelait Pflimlin.
Son fidèle lieutenant
Papet de lancer « Aujourd'hui ce n'est pas tant le label qui est important nos
yeux que la marque de l'entreprise fort qu'il implique ».
Depuis deux ans, rappelait–il
encore« la grande maison de verre
n'a pas été avare en annonces ni en mesures visant à rétablir l'équilibre entre
hommes et femmes : formation pour la promotion interne, accord collectif pour
enclencher une harmonisation salariale, engagement à ne pas pourvoir un poste
d'encadrement sans avoir examiné au moins une candidature de femme, présence
accrue des femmes parmi les experts et à l’antenne».
Tout cela c’est de la foutaise, de l’enfumage et du blablabla…
Force est de constater que l’année
2013 aura décimé les femmes aux postes à responsabilité éditoriale ;
Emmanuelle Guilbart directrice des programmes du groupe, Perrine Fontaine
directrice des programmes de France 2, remplacée par Philippe Vilamitjana dont chacun
a pu mesurer le « talent » avec son retentissant et dernier échec celui
de « JITVB » présenté par Sophia Aram (mais qui lui est toujours là
au 8ème étage derrière son bureau… « le couloir de la
mort », c’est le nom que certains lui donnent !) Sophie Benoist directrice des programmes et
des contenus des plateformes numérique du groupe et la dernière en date, la
seule encore aux programmes, Sandrine
Roustan directrice des programmes et des antennes de France 4 qui a fait les
frais, de ce machisme d’un autre âge.
Dans « Le Monde Radio télé »,
le journaliste relate le traitement
plus que viril qui lui a été réservé par Bruno Patino qui menait sa conférence
de programmes le 21 mars 2013 dans l’auditorium du groupe en présence de la
quasi-totalité des salariés de la chaine.
« Elle n’a pas été conviée sur la
scène, contrairement à ses homologues masculins. Mais au dernier moment,
petit remue-ménage dans l'organisation de la conférence : l'alignement des
généraux en costume gris fait visiblement trop monotone. Qu'à cela ne tienne,
on a fait chercher la directrice de France 4 ! Sur scène, son rôle s’est
réduit à passer le micro…elle « se voit remerciée d'un « merci
messieurs »…
« je me suis sentie humiliée, je suis aussi légitime
qu’eux» (dit-elle).
On le serait à moins !!!!!
Sandrine Roustan réduite au rôle de
potiche, de femme alibi !
Et Pflimlin qui vous assure que l’Afnor
va donner le label diversité à France Télévisions dès la prochaine session en
février 2014…il en a eu la garantie par écrit !!!
Si c’est du sûr, qui pourrait bien
encore s’inquiéter du sort des femmes et qui fait s’interroger Martine Martinel
sur cette « forme de cruauté qui leur est étant pas
réservée » !!!
Et encore l’article du « Monde »
ne parle pas du 11 juillet dernier, lors de la conférence de presse de France 4
devant un parterre de journalistes, Bruno Patino laisse sous-entendre devant
tout le monde, qu’il va de toute façon se séparer Sandrine Roustan en déclarant
devant elle « c’est la vie... »
Le site de Jean-Marc Morandini
relatera l’événement en titrant « Sandrine Roustan virée en
directe ». Le paroxysme de l’humiliation. Surréaliste....
Pourtant, en coulisses la directrice
des programmes et de l’antenne de France 4 ne faisait que son travail. Sandrine
Roustan défendait sa chaîne corps et âme et s’inquiétait sincèrement du sort
qui allait lui être réservé avec le projet du binôme Patino/Razon qui voulait
faire de pour France 4 en dépit de toutes les logiques et mécanismes de
télévision « une chaine hybride vouée aux Nouvelles écritures-laboratoires en
soirée avec un ton résolument transgressif remettant en cause les codes et les
stéréotypes de la société et une chaine jeunesse en journée. »
Sandrine Roustan a osé le crime de
lèse-majesté…ne pas être du même avis qu’un homme ; en l’occurrence
deux ! Elle a eu
« l’audace » de souligner dans un rapport d’une quarantaine de
pages les conséquences dramatiques en terme d’audience, de recettes
publicitaires, de gestion couteuse des stocks, ce qu’un tel scénario
représentait pour le groupe avec la mise
en danger de l’équilibre financier qui à terme pourrait remettrait en question
la viabilité et l’existence de la chaine elle-même… Autant dire « une mort
annoncée ».
Impensable…Impensable également ses
propos tenus au micro d’Europe 1…ses réserves pour l’avenir de sa chaîne dans
l’intérêt du groupe. Cette
professionnelle à la carrière audiovisuelle bien remplie qui soutenait pourtant
l’axe jeunesse et jeunes adultes voulu par la ministre Aurelie Filipetti y
ajoutant une dimension ludo-éducative et enseignante, n’avait fait
qu’exprimer ses doutes sur la création d’une chaine difficilement compréhensible
et peu lisible par le téléspectateur.
Impensable d’émettre des doutes sur le
projet voulu par le binôme Patino/Razon : Nouvelles écritures laboratoires
en soirée et jeunesse en journée !!!!
Elle
n’a d’ailleurs pas été la seule à s’être inquiéter à l’intérieur du groupe - les
salariés de France 4 ont déclaré, eux aussi, leur inquiétude dans un courrier officiel à la
direction dont le blog CGC médias vous révélait déjà le contenu en novembre
dernier - et aussi à l’extérieur …mais
les autres étaient des hommes.
Certains se sont même retrouvés promus
pour leurs déclarations à la suite de certaines programmations
« catastrophiques ». Sandrine
Roustan, elle, a été suspendue.
L’inquiétude
d’un homme a-t-elle plus de valeur que l’inquiétude d’une femme à France
Télé ? ?
Le Président du CSA Olivier
Schrameck, lui aussi, s’inquiétait et déclarait à son tour dans l’Express, le 29
octobre 2013 : « Ce qui ne va pas à France Télévisions ce sont les orientations
des lignes éditoriales qui n’apparaissent pas clairement, or c’est l’image du
service public pour les téléspectateurs qui est en cause ».
Analyse
également reprise par la Ministre
Aurelie Filippetti, « France Télévisions doit d’avantage s’interroger sur la politique
éditoriale ses audiences ou l’efficacité de sa régie ».
Pour
s’être inquiétée pour de bonnes raisons, Sandrine Roustan a été suspendue puis finalement
et arbitrairement licenciée par Bruno Patino le mois dernier.
Elle a saisi le Conseil des
Prud’hommes pour immédiatement contester ce licenciement abusif dont elle est
victime. Pour leur part, trois syndicats de France Télévisions (CFDT, SNJ et
SNPCA-CGC) ont décidé de mettre au grand jour ces agissements mais plus
formellement ont fait voter à l’unanimité, une demande d’enquête pour
harcèlement moral et discrimination, par les élus du CHST.
Et
si Sandrine Roustan avait raison ?
Et si son inquiétude de plus en plus
crédible pour cette chaîne qu’elle a portée et promu, était menacée face au
fumeux projet ne semble pas voir le jour puisqu’il a été repoussé de janvier à mars
2014 ?
Et si cette inquiétude traduisait plus
largement d’autres inquiétudes plus légitime encore : Où va se groupe ? Ne faut-il pas s’interroger aujourd’hui sur la
compétence de ceux qui en ont la charge ?
Finalement,
en s’inquiétant pour France 4 des annonces d’une chaine « moitié Internet-
moitié Nouvelles écritures », n’est-ce pas également l’inquiétude de la
stratégie du TOUT numérique du groupe qui engloutit des budgets par centaines
de millions depuis 3 ans sans rien rapporter ou si peu, qu’elle
développait ?
Le
« cœur de métier » d’une télévision publique n’est-il pas d’abord de
développer des programmes de télévisions avant de développer des plateformes
numériques qui restent une technologie et non un contenu ?
Il suffit de constater le nombre
d’échecs cette dernière année pour se le demander...
Evidemment l’échec de Sophia Aram en
access prime time sur France 2 est un symbole mais ce n’est que la partie haute
de l’iceberg. Oubliées les émissions d’après-midi qui
ont été, elles aussi, des échecs, « Dans
la peau d’un chef » qui n’attire que 4 et 5% du public, c’est peu…. « Un air de Famille » le
samedi à 19 heures arrêté à la hâte et aussi discrètement que possible au mois
de novembre 2013…il y a eu aussi la fiction-courte «Y’a pas d’âge » juste avant le 20 heures, la scripted-reality
« Le jour où tout a basculé »,
programme qui a beaucoup fait parler et s’exprimer la Ministre…l’arrêt de
Taratata et son remplacement par « Alcaline »
programme musical qui n’attire pas franchement les foules mais…
L’arrêt de « les Mots de Minuit »,
le passage de « Ce soir ou
jamais » de La Trois à La Deux, de quotidienne à hebdomadaire et
peut-être bientôt « nocturne »…sans parler de l’émission « La
quotidienne » émission de consommation programmée le midi sur France 5 qui
n’a pas vraiment pas les faveurs des téléspectateurs avec des audiences à moins de 1% en moyenne…et il y
en a d’autres, beaucoup d’autres.
Aucune nouveauté, en somme, à porter
au crédit de la non-politique de programmes de cette direction qui désoriente non
seulement les téléspectateurs mais également les publicitaires qui se désengagent.
Pas étonnant que les recettes publicitaires plongent.
Et
si Sandrine Roustan avait été victime du « fait du Prince » qui ne supporte
pas que son autorité et sa stratégie soient sources d’inquiétudes et de réserves ???
Elle
est femme et ils sont hommes. La professionnelle a sans doute
eu raison trop tôt mais comme souvent, il est préférable de ménager la carrière
des hommes aux réseaux influents qui ne sont pas toujours à leur place plutôt
que de favoriser la carrière des femmes qui ont de l’expérience et du cran.
La conclusion c’est Le Monde qui la
donne : « Elle était il y a encore un mois la seule directrice femme des
programmes d’une des 6 chaines du groupe. Situation surréaliste.... »
Etre
une femme libérée tu sais c’est pas si facile….à France Télé !
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