Que dire de plus à la nomination
annoncée de Sibyle Veil à
Radio France ? Que peut-être la jurisprudence est passée à la
trappe !
Le
27 mars dernier, le blog CGC Média publiait un article intitulé « Sibyle
Veil pour présider Radio France ! » indiquant que
l’intéressée « était
bien partie pour remplacer Mathieu
Gallet ».
Nous
ne sommes pas les seuls évidemment à l'avoir annoncé, certes! Médiapart sous la plume de Laurent Mauduit
dans son article du 31 mars dernier « Radio
France est dans l’attente du bon vouloir de l’Élysée » écrivait « toute la
presse parle de la victoire probable de Sibyle Veil pour le poste de PDG de
Radio France : une candidature
évidente, presque jouée d’avance».
Le
blog CGC Média vous propose de découvrir, ici, un autre papier émanant de
« 24 heures actu » (*) celui-ci, qui pose la question de la
jurisprudence jamais démentie depuis qui veut que les membres d’une
instance de désignation issus du Conseil d’État ne peuvent valablement
participer à l’élection d’un candidat à quelque poste que ce soit, lui
aussi issu du même Conseil d’État…sous peine semble-t-il de nullité !
Voici
la « Question complémentaire »
sur laquelle se penchait le site « Les deux
membres du CSA qui sont par ailleurs membres du Conseil d’État peuvent-ils valablement délibérer sur les candidatures,
dès lors que l'une des candidates est également membre du Conseil d’État
? ».
En
voilà l'intégralité:
(*) "Qui succédera à Mathieu Gallet à la tête de Radio France ?
Si plusieurs candidats sont en lice, la procédure semble biaisée en faveur de
Sibyle Veil, protégée d’Emmanuel Macron. Un nouvel exemple de l’entre-soi qui
règne au sein de cette noblesse d’État issue des grands corps de la fonction publique.
Ils sont six. Six
candidats pour un fauteuil, celui qu’a laissé vacant Mathieu Gallet, l’ancien
président de Radio France ayant été poussé à la sortie, fin janvier, à la suite
de sa condamnation pour favoritisme.
Au Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel (CSA) d’étudier les projets et de départager les candidatures.
L’institution dévoilera, mercredi 4 avril, la liste de ceux qu’elle
auditionnera pendant la semaine du 9 au 13 avril. La nomination du nouveau
patron de la célèbre Maison Ronde devrait avoir lieu, au plus tard, le 14
avril.
Népotisme
Voilà pour la
théorie, celle d’une procédure de désignation ouverte, transparente,
démocratique. Du moins en apparence. Car, comme
le révélait Mediapart le 31 mars, « la procédure ressemble déjà à une
mascarade. Les dés semblent jetés. L’Élysée joue en sous-main en faveur de
Sibyle Veil, ancienne condisciple d’Emmanuel Macron à l’ENA ».
De fait, celle
qui est Directrice déléguée aux finances de la radio publique semble faire la
course seule en tête.
Camarade de
promotion du chef de l’État au sein de la prestigieuse école d’administration
publique, Sibyle Veil a également rencontré son époux, Sébastien, sur les bancs
de l’ENA – Sébastien Veil dont on dit qu’il est, lui aussi, un proche
d’Emmanuel Macron. Pour les anciens de la promotion « Senghor », l’entre-soi et
les renvois d’ascenseur sont élevés au rang d’art de vivre.
Si elle venait
à être confirmée, la nomination de Sibyle Veil à la tête de Radio France
constituerait un nouvel et édifiant exemple de népotisme au plus haut sommet de
l’État. Et une trahison des engagements présidentiels : n’est-ce
pas Emmanuel Macron lui-même qui préconisait « d’ouvrir » la société française,
fustigeant cette « caste » de hauts fonctionnaires, vivant dans « l’entre-soi »
et bénéficiant de « protections hors du temps » ?
Pour Vincent
Jauvert, auteur des « Intouchables d’État – Bienvenue en Macronie » (Robert
Laffont), « le vrai nouveau sujet, ce sont (…) les nombreux conflits d’intérêts
que l’on observe au sommet du pouvoir, particulièrement depuis l’élection
d’Emmanuel Macron ». Et de s’interroger sur ces curieux couples de pouvoir,
dont l’un des membres est au gouvernement, pendant que l’autre siège à la tête
d’une puissante administration d’État ou pantoufle dans un groupe privé.
Vincent
Jauvert va plus loin. Selon lui, « dans la noblesse d’État, l’entre-soi et
la cooptation provoquent des dysfonctionnements considérables. Comment se
fait-il, par exemple, que la plupart des grands établissements culturels
français soient dirigés, avec des salaires très élevés, par des conseillers d’État
ou de la Cour des comptes alors qu’ils n’ont pas de compétences spécifiques
pour cela » ?
Énarque, maître des requêtes au Conseil d’État, ancienne «
directrice du pilotage de la transformation » de l’Assistance publique Hôpitaux
de Paris puis conseillère « travail, santé, logement » à l’Élysée auprès de
Nicolas Sarkozy, Sibyle Veil semble cocher toutes les cases de la technocratie
française et aligne le CV typique des hauts fonctionnaires hexagonaux. Son
expérience, indéniable, la prédispose-t-elle pour autant à prendre les rênes
d’une maison aussi emblématique que Radio France ? Rien ne l’indique.
Mélange des
genres
Apparemment bien consciente que ni son profil ni son programme
ne plaident en sa faveur, et non contente de mobiliser les moyens de Radio
France pour sa campagne, Sibyle Veil se serait aussi offert les services de
consultants de luxe… sans oublier de faire marcher la machine à piston. Conseillée
par Raymond Soubie, son ancien patron à l’Élysée – et lui aussi énarque –,
la candidate serait désormais assistée par la patronne de Dentsu Consulting,
Véronique Reille-Soult.
Problème, Dentsu Consulting est aussi en contrat avec Radio
France pour la gestion des achats médias. Un mélange des genres qui ne semble
pas faire trembler Sibyle Veil, sûre que sa proximité avec le chef de l’État
suffira à convaincre les sages du CSA de lui accorder leur confiance. Le
lobbying forcené de Sibyle Veil parviendra-t-il à ses fins ?"
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