La SACD et la SCAM, se sont dites "abasourdies" par les déclarations de M. Copé et le point de vue du ministère de la Culture sur le seconde coupure publicitaire, nouvelle manne pour les télés privées qu'ils proposent.
Cette position "lève le voile sur les véritables intentions de la réforme en cours selon les sociétés d'auteurs.
PARIS, 30 mai 2008 (AFP) - La publicité, bientôt radiée des chaînes publiques, pourrait bénéficier sur les chaînes privées d'une deuxième coupure pendant les films et les fictions longues, selon un projet qui devrait être discuté par le Parlement à l'automne.
C'est Jean-François Copé, président de la commission qui planche sur le financement de France Télévisions après la suppression de la publicité, qui a jeté vendredi matin le pavé dans la mare.
Actuellement, l'article 73 de la loi de 1986 sur l'audiovisuel autorise une seule coupure dans les films et les fictions de 90 minutes.
Interrogé sur Europe 1 sur l'éventualité d'une deuxième coupure publicitaire M. Copé a répondu: "J'y suis tout à fait favorable, on n'en a pas encore parlé dans la commission".
L'arrêt de la pub dans l'audiovisuel public doit logiquement entraîner un report des annonceurs vers les chaînes privées.
"Il n'est pas question que les télévisions privées soient appauvries, si on n'augmente pas les espaces publicitaires pour accueillir la publicité supprimée", a justifié M. Copé, suscitant immédiatement l'étonnement de plusieurs associations de professionnels.
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale s'est dit "même favorable à ce que l'application de la directive Télévision sans frontières soit élargie sur ces sujets de publicité, avant la suppression de la publicité à la télé publique".
Cette suppression doit entrer en vigueur par étapes à partir de septembre 2009.
Fin 2007, le Parlement européen a approuvé une nouvelle version de cette directive, pierre angulaire de la réglementation de l'audiovisuel européen, qui assouplit notamment les règles de diffusion de la publicité.
TF1 et M6, premières concernées par l'arrivée possible de cette nouvelle manne publicitaire, se sont refusées à tout commentaire.
La proposition de M. Copé a rencontré un écho positif au ministère de la Culture favorable à un débat sur le sujet "dans le projet de loi audiovisuel de l'automne". Cette loi entérinera la réforme de France Télévisions après la suppression de la publicité.
"A ce stade, nous ne faisons aucun commentaire sur le principe même de cette coupure publicitaire, parce que nous voulons notamment débattre de son opportunité avec les auteurs des films et fictions, qui veulent que l'on préserve l'intégrité de leurs oeuvres", a-t-on souligné au ministère.
Une deuxième coupure "pourrait renforcer la compétitivité, le développement de la programmation d'oeuvres audiovisuelles à la télévision. Cela agirait comme un levier pour augmenter la programmation de ces oeuvres", toujours selon le ministère.
Du côté des auteurs, les réactions sont vives. Les deux principales sociétés d'auteurs, la SACD et la SCAM, se sont dites "abasourdies" par les déclarations de M. Copé et le point de vue du ministère de la Culture.
Cette position "lève le voile sur les véritables intentions de la réforme en cours: favoriser le marché de la télévision commerciale, quitte à fragiliser, voire à démanteler le service public", ont jugé la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et la Société civile des Auteurs multimédia (SCAM).
"L'instauration d'une seconde coupure publicitaire (...) se ferait au détriment de l'intégrité des oeuvres et du droit moral des auteurs, et au mépris des télespectateurs et du public", ont-elles assuré.
Les recettes engendrées par cette seconde coupure publicitaire et un nouveau mode de calcul de la durée maximale de pub par heure seraient de 300 millions d'euros net, selon Valérie Négrier, directrice du pôle TV chez Aegis Média Expert (groupe d'achat d'espaces publicitaires britannique).
Par Marie-Dominique FOLLAIN
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