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mardi 24 mars 2015

France Télévisions en faillite, ne s'en relèvera pas....la guerre sera perdue si le CSA joue les apprentis sorciers.

Dans un article d'une formidable intensité "France Télévisions: la guerre des présidents" signé , publié le


Dans un contexte particulièrement explosif, lié entre autres aux erreurs de Mathieu Gallet qui vient vient d'envoyer un courrier d'excuses aux personnels de Radio France et du plan de "départs" qu'il vient d'annoncer ce matin en C.C.E. (300 personnes au bas mot!), le CSA ne peutplus se permettre la moindre erreur.

Sans développer plus avant, le blog CGC Média vous propose de découvrir ci-après l'article en question dans son intégralité.

"Le patron du CSA, Olivier Schrameck, et le chef de l'État se livrent une lutte feutrée autour de la nomination, le mois prochain, du PDG du groupe audiovisuel public. Alors qu'une quinzaine de candidats sont déjà en lice, la tension monte. 

La scène se déroule, le 12 janvier, dans le ­bureau de François Hollande à l'Élysée, cinq jours après les ­attentats islamistes. Le chef de l'Etat, ­encore ulcéré par ­certaines images et certains commentaires saisis sur le ­petit écran, est entouré de son secrétaire ­général, Jean-Pierre Jouyet, de la ­ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, du président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), ­Olivier Schrameck, ainsi que de sa conseillère chargée des questions audiovisuelles, Audrey Azoulay.

France Télévisions, BFM TV, iTélé... la canonnade du président n'épargne personne. 

Cette charge est suivie, quelques jours plus tard, d'une salve d'objurgations dispersée par le CSA aux quatre coins du PAF. 


Après avoir raccompagné sa conseillère et Fleur Pellerin, Hollande reste de longues minutes en tête à tête avec son grand chambellan et le gendarme de l'audiovisuel, deux hommes avec lesquels il souhaite aborder en toute confidentialité la question qui le taraude : la nomination, à la fin d'avril, du prochain PDG de France Télévisions, le successeur de Rémy Pflimlin.  

Pour Hollande, la télé publique est aussi importante que l'école.

Lors de son élection, en 2012, le chef de l’État jure pourtant qu'il ne se mêlera pas de ce dossier. Il dit alors vouloir rompre avec les pratiques de son ­prédécesseur. Mais un élément le fait ensuite changer d'avis : la séquence "Charlie". 

Pour lui, la télévision ­publique joue un rôle central, au même titre que l'école. Ce sont, soutient-il, deux vecteurs de "réconciliation", de "refondation" de la société et de "cohésion sociale".

La perspective de l'élection présidentielle de 2017 pèse également dans son esprit. Le mandat du futur patron de France 2 et de France 3 enjambera cet horizon, et cette femme ou cet homme aura à ­affronter l'obstacle dans un climat ­politiquement explosif. Enfin, il y a l'état de délabrement budgétaire de France Télévisions, mammouth de l'audiovisuel public, qui le préoccupe. 
 
L'actuel PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, se succéderait bien à lui-même. Pas favori, il espère néanmoins profiter de la multitude des candidatures. 

Lors de la conversation à huis clos du 12 janvier, François Hollande évoque la procédure de désignation mise en place par le CSA, le profil des premiers candidats qui émergent et dont le Tout-Paris se fait déjà l'écho, ainsi que l'importance que revêt à ses yeux le choix final.

Interrogé alors sur le rôle qu'il entend jouer, le président répond clairement que, s'il n'interférera pas dans le processus de désignation, s'il respectera l'indépendance et les prérogatives du CSA, il récusera en revanche celles et ceux qui ne lui siéront pas. [N’oublions pas que l’État donc les contribuables français, sont propriétaires de de France Télé, ndlr] 

En un mot, il revendique un droit de veto... que l'UMP entend également faire ­valoir le moment venu si elle juge l'heureux élu trop politiquement engagé. Bref, chaque camp prépare ses feux rouges et ses feux verts, voilà ­Olivier Schrameck prévenu ! 

Face à de telles injonctions, quelle sera sa réaction ?

Les entendra-t-il ou en fera-t-il des confettis ? Nommé à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel en janvier 2013, ce grand commis de l’État, au regard laser et à la séduction onctueuse, a dirigé avec autorité le ­cabinet de Lionel Jospin, alors Premier ministre, de 1997 à 2002. Il n'entretient pas de très bonnes relations avec François Hollande, qui l'a nommé. Ce dernier manifeste, en retour, une méfiance ­mêlée d'agacement envers celui qui le recevait entre deux réunions, dans son bureau de l'hôtel Matignon, quand il n'était encore que le premier secrétaire du Parti socialiste.

A la tête d'un organisme de régulation qui garde à bonne distance l'exécutif et toise avec une ­certaine jubilation ministres, conseillers et petits marquis de la ­République, Schrameck fait de l'indépendance de son institution une arme de dissuasion. Et de sa présidence, un maroquin : l'intéressé a rang de vice-ministre de la Communication, au grand dam de Fleur Pellerin, cantonnée à un rôle décoratif. 

Hollande-Schrameck... Du chef de l'État ou du président du CSA, on ne sait pas toujours qui est le suzerain et qui est le vassal. Voilà deux puissances - l'une politique, l'autre cathodique - qui s'observent et se jaugent. D'un côté, le Château, de l'autre, la tour Mirabeau. C'est ici, dans ce donjon de verre et d'acier planté sur les bords de la Seine, que l'ex-éminence de la Jospinie est retranchée avec ses troupes.

Fort de quelque 308 collaborateurs et d'un budget de 39 millions d'euros, le CSA, récemment réorganisé, a tout d'un ­gouvernement. Olivier Schrameck, son cabinet et les sept membres qui ­composent avec lui le collège règnent sur une armée de petites mains, les "services". Les réunions plénières du mercredi matin ont des allures de Conseil des ministres, et les communiqués de l'institution, la forme de ­sentences régaliennes. Le CSA est un État dans l'État, que l'on peine à suivre à l’Élysée, où Olivier Schrameck est qualifié d'"illisible". 

Le bilan de Thierry Thuillier à la direction de l'information est plutôt encensé, mais sa reconduction n'a pas forcément les faveurs de l’Élysée. La nomination à la présidence de ­Radio France, contre toute attente, en février 2014, de Mathieu Gallet - un ancien membre des cabinets de Christine Albanel puis de Frédéric Mitterrand, au ministère de la Culture - a pris de court l’Élysée, où l'on se gausse, aujour­d'hui, des difficultés que rencontre ce jeune PDG de 38 ans. "Une gravure de mode choisie sur sa bonne mine", raille-t-on, et qui a été épinglée, la semaine dernière, par Le Canard ­enchaîné, pour des travaux somptuaires (100.000 euros) dans son bureau.  

Les dirigeants proches de Sarkozy? Élimines... 

Avec France Télévisions, l'enjeu politique est autrement plus important qu'avec Radio France. Dès l'été dernier, François Hollande s'intéresse au sujet et joue les chasseurs de têtes. "Je voudrais trouver le Bertrand Meheut d'il y a dix ans", confie-t-il alors à l'un de ses visiteurs, en référence à l'actuel PDG du groupe Canal +. Meheut, que ses troupes, à son arrivée, avaient ­affublé du sobriquet de "Baygon vert", en référence à ses années passées dans l'univers des pesticides chez Rhône-Poulenc, est devenu l'une des pointures du monde de l'audiovisuel. 

Le chef de l'État approche, tour à tour, la directrice générale d'Artemis (groupe Pinault), Patricia Barbizet, puis une ­figure de la finance, le président de Weinberg Capital Partners, Serge ­Weinberg, avant de jeter son dévolu sur le PDG de Canal + France, Rodolphe Belmer.
Tous déclinent, notamment en raison de la trop faible rémunération du poste : moins de 300.000 euros par an, le quart de ce que perçoit Belmer, par exemple. Dans le même temps, François Hollande barre d'un trait de plume tous ceux qui ont approché, de près ou de loin, Nicolas Sarkozy, qu'il s'agisse du patron de RTL, Christopher Baldelli, du président d'Europe 1, Denis Olivennes, ou encore du PDG de la Fnac, Alexandre Bompard. Cela tombe bien : ils ne sont pas candidats ! 

Présent, le 12 mars, à la soirée d'anniversaire de Julien Dray, le chef de l'État étrille ­encore quelques autres personnalités, vraiment en lice cette fois-ci, et tacle au passage Olivier Schrameck, jugé "imprévisible". Avant de tracer pour "France Télés" le portrait-robot d'un "capitaine d'industrie"... qu'il dit ne pas avoir découvert. 

Le chef de l’État revendique un droit de veto dans le choix des candidats. Comme son prédécesseur. 

Ce n'est pourtant pas faute de postulants ! Parmi les éventuels prétendants, qui ont jusqu'au 26 mars pour faire acte de ­candidature, figurent, sous réserve, le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, l'ancien directeur des programmes de France Télévisions ­Pascal Josèphe, deux cadres (ou ex-cadres) d'Orange, Patricia Langrand et Delphine Ernotte, un ­reporter et syndicaliste de France 3, Serge Cimino, l'ex-­patron de ­Lagardère ­Active Didier Quillot, ou encore le ­directeur général de Microsoft MSN, Alexandre Michelin, la présidente de France Médias Monde, ­Marie-Christine Saragosse, le directeur de la Monnaie de Paris, Christophe Beaux, ainsi que le président du directoire du groupe Le Monde, Louis Dreyfus... Et cette liste n'est pas exhaustive ! 

L'actuel PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, serait également sur les rangs : le dirigeant, qu'entoure un dernier carré d'affidés, pense pouvoir sortir de la mêlée et se succéder à lui-même.

Seule certitude, cette foire d'empoigne voit ce beau monde faire feu de tout bois et le siège du CSA. Qu'ils soient politiques, communautaires, francs-­maçons ou professionnels, les réseaux et lobbies de tout poil s'entre-déchirent et cherchent à faire valoir leurs préférés en coulisses. Ainsi, le mercredi 11 mars, au restaurant « Les Deux Abeilles », à Paris, se tient un "raout" organisé par ­Bibiane Godfroid, une dirigeante de M 6 bien en cour à l'Élysée et décorée quelques heures plus tôt de la Légion d'honneur par le chef de l' État. 

Arrivé sur les lieux, ce dernier est pris en chasse par la soixantaine d'invités présents, dont trois des candidats à la présidence de France Télés, qui l'abordent la mine mendiante, guettant chez lui un sourire ou un mot d'encouragement dont il ne leur fera pas l'aumône. Le président parle politique et Jeux olympiques, mais ne prononce pas un mot sur le sujet qui les hante...  

A "France Télés", on ne froisse personne et on fait profil bas. 

C'est à la mi-mai, au plus tard, que le CSA installera le nouveau PDG de France Télévisions. L'heureux élu prendra officiellement son poste le 22 août, date à laquelle expire le mandat de Rémy Pflimlin. Dans l'attente de cette nomination, l'entreprise semble en ­suspens. Car à nouveau PDG nouvelle équipe : l'adage inquiète en interne, et les cardinaux de Pflimlin veillent au grain.

Dans l'attente du verdict du CSA, il ne faut froisser personne et faire profil bas. Le journal de 20 heures, que le ­cabinet de François Hollande juge trop libéral et trop critique à l'égard de la politique du gouvernement, a été lissé ces dernières semaines. Il en va de même des éditos du chroniqueur économique maison, François Lenglet, souvent remisés ces derniers temps. En revanche, les indices d'une reprise ­économique éventuelle sont mis en avant plus que de coutume...

Une question agite spécialement l'équipe en place. Qui pour diriger l'information demain ? Thierry Thuillier, dont on salue le bilan, sera-t-il maintenu, alors qu'à l'Elysée certains réfléchissent déjà à un autre casting. Une évidence : à vingt-six mois de l'élection présidentielle, la direction de l'information de France Télévisions est le seul poste sur lequel le prochain patron de la télévision publique aura peu de prise.

Une réalité aussi vieille que l'ORTF, qui ne décourage pas l'escadron de ­candidats en lice, des hommes et des femmes prêts à toutes les contorsions et capitulations pour atteindre le ­sommet de ce qu'ils prennent pour l'Olympe et qui s'apparente pourtant, de plus en plus, au Golgotha."


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