Michel
Field, le "vice-roi" de France Télé - "Ernotte le consulte sur toutes les
décisions importantes, comme le limogeage début octobre du directeur des
programmes de France 2, Vincent Meslet. Michel Field a
également pesé dans la récente nomination de Xavier Couture à la tête des
programmes du groupe" (son interview au JDD [ci-après]) -
déclare à l'Hebdo savoir qu'il perdra sa couronne à la prochaine élection
présidentielle.
« Je n'aurais sans doute pas d'autre choix que de partir: on appelle ça le syndrome du petit chef de service du Ministère qui valse à chaque élection ...» se victimise-t-il auprès de Renaud Revel qui l'interroge.
Le très condescendant "monsieur info" de l'ex Orange se
comparerait-il à ce "petit chef de service du Ministère" qui valse ? Allons
donc ! Il a trop de self-estime pour en être arrivé là!
Qu'il parte, c'est effectivement assez probable et qu'il ne soit pas le
seul, cela semble inéluctable...tant « il a lié son sort à celui
de Delphine Ernotte» à qui il clame "bien
conscient" de l'effet
produit par ses déclarations (reprises largement dans les média
aujourd'hui) «
Inch' Allah!»
Le blog CGC Média vous propose de découvrir l'hallucinante interview "Michel Field, le
funambule de la télé publique" qui montre bien l'état d'esprit de
l'intéressé.
Extrait:
Agrégé de philo multimédia, il revendique un «délit d'ancienneté» avec les responsables politiques. Sa nomination controversée à la tête de l'info de France Télévisions l'oblige à des numéros d'équilibrisme.
Agrégé de philo multimédia, il revendique un «délit d'ancienneté» avec les responsables politiques. Sa nomination controversée à la tête de l'info de France Télévisions l'oblige à des numéros d'équilibrisme.
« Je n'aurais sans doute pas d'autre choix que de
partir: on appelle ça le syndrome du petit chef de service du Ministère qui
valse à chaque élection ...». Même s'il manie l'ironie, Michel Field est convaincu qu'il ne
survivra pas aux prochaines échéances électorales: «Ai-je bien pris la
mesure de la complexité de cette maison et de son environnement?». Installé
depuis neuf mois aux commandes de l'information de France Télévisions, l'ancien
journaliste de LCI et d'Europe 1 essuie tantôt les flèches d'une rédaction qui
ne l'a jamais vraiment adopté, tantôt les poussées de fièvre d'une classe politique
sur le qui-vive. Jamais patron de l'info n'a occupé une telle responsabilité
dans un contexte politique aussi incertain.
C'est à l'occasion d'un déplacement en
Guadeloupe, au lendemain des attentats du 13 novembre à l'origine de
dysfonctionnements sur les antennes de France 2 et de France 3, que Delphine Ernotte,
lui propose ce poste forcément piégeux. Pour autant, rien n'entame le flegme
de ce familier de longue date de la chose publique. Douze années passées à
interroger, de TF1 à LCI, le ban et l'arrière-ban de la classe politique lui
ont forgé une carapace. À 62 ans, il avoue un« délit d'ancienneté » avec
les principaux responsables de ce pays et pousse depuis bientôt trente ans les
grilles de l'Élysée.
Est-il aux ordres du pouvoir?
Il n'avait pas 16 ans quand il
distribuait sur le pavé parisien Rouge, l'hebdo de la Ligue communiste
révolutionnaire (LCR) d’Alain Krivine. On ne renie pas ses anciens camarades. C'est l'un d'entre eux, Denis Pingaud, croisé
dans les allées de la LCR, que Michel Field retrouve cinquante ans plus tard, au
printemps 2015, quand s'organise la succession de Rémy Pflimlin à la présidence de
France Télévisions.
Pingaud, devenu lobbyiste, est familier du conseiller en communication de
François Hollande à l'Élysée, Gaspar Gantzer. Après avoir œuvré à la nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio
France, il s'est mis au service d'une cadre dirigeante d'Orange inconnue
du sérail, Delphine Ernotte, propulsée par le CSA aux commandes de France
Télévisions.
Pingaud convainc Michel Field de quitter
Europe 1 pour rejoindre Ernotte, qui l'installe d'abord à la tête de France 5
et sept mois plus tard à la direction de l'information du groupe.
Sa nomination suscite quelques
étonnements internes et des réactions hostiles dans les rangs de l'opposition
où certains pointent du doigt son passé
militant, tout comme le pedigree du plus proche collaborateur de Delphine
Ernotte, Stéphane Sitbon-Gomez, ex-directeur de campagne d'Eva Joly en 2012.
Ce que ne se prive pas de faire remarquer Nicolas Sarkozy, à l'automne 2015, lors
d'un déjeuner avec Delphine Ernotte.
Field aux ordres du pouvoir? « C'est bien mal le connaître, cet homme est
libre et sans attaches », assure l'ancien magistrat Philippe Bilger. Son
complice et politologue Olivier Duhamel ajoute: « Ce que l'on prend parfois
pour du parti pris ou une absence de sens politique est le signe d'une grande
indépendance.»
David Pujadas évoque «l'absence d'esprit de système» chez Field, avec qui
il entretenait de bonnes relations jusqu'à ce qu'il apprenne à la radio la disparition de son émission Des
paroles et des actes. Difficile d'enfermer dans une case ce logorrhéique passionné de philo
et de politique à «l'ego affirmé», euphémisent ses proches, les journalistes Anne Sinclair, Claire Chazal
et Germain Dagognet, l'animateur Karl Zéro, le chanteur Patrick Bruel, ou
encore Olivier Besancenot, Patrick Buisson et l'ancienne communicante de DSK,
Anne Hommel. Ces soutiens sont loin d'être inutiles. Pas un jour sans que
Michel Field n'ait à éteindre un foyer d'incendie. Le courant passe mal avec une rédaction
rugueuse dont il tente de bousculer les habitudes: «Michel éclabousse sans même le désirer», ajoute Philippe Bilger.
Déboulonnées de leur piédestal, Guilaine Chenu et Françoise Joly, les deux anciennes
présentatrices d'Envoyé spécial, refusent de revenir sur cet épisode. Quant
à l'intéressé, s'il confesse des « maladresses » collectionnées comme à
plaisir, il s'en exonère en expliquant être en « surrégime », « absorbé»
par les premiers pas balbutiants de Franceinfo, cette nouvelle chaîne dont
François Hollande a encouragé la création.
Relation forte avec Delphine Ernotte
Si beaucoup d'intimes s'inquiètent, lui
ne semble pas s'en soucier, fort de l'appui de Delphine Ernotte. Ces deux caractères ont
une relation forte; elle le consulte sur
toutes les décisions importantes, comme le limogeage début octobre du directeur
des programmes de France 2, Vincent Meslet. Michel Field a également pesé dans la récente nomination de Xavier
Couture à la tête des programmes du groupe. Cet ancien cadre d'Orange, passé par TF1 et Canal+, est un ami de trente
ans de Field, un vieux routier du PAF et un fin connaisseur du monde politique:
François Fillon et Alain Juppé, entre autres, le tiennent en estime.
Se garder à droite, rassurer à gauche: l'ancien agrégé
de philo est comme un funambule. « À
l'approche de la présidentielle, on passe du
rationnel à l'irrationnel », confie Arlette Chabot, qui occupait la
même fonction en 2007. « La classe politique devient paranoïaque. La
multiplication des chaînes d'info comme l'explosion des réseaux sociaux rendent
chaque élection plus difficile que la précédente.»
Thierry Thuillier, aux manettes en 2012,
assure: « L'hystérie qui règne est
d'autant plus folle que chaque citoyen, député ou ministre considère France Télévisions comme sa
propriété. »
La diffusion en
septembre d'une enquête sur l'affaire Bygmalion a été l'occasion d'une sérieuse
passe d'armes avec Nicolas Sarkozy: « Que je sache, France Télévisions n'est
pas là pour mener des croisades. Cette
diffusion fut au minimum une maladresse», lâche le sénateur Pierre Charon,
qui peine à rabibocher Field et l'ex-président. Quant à Alain Juppé, il a
quitté le plateau de L'Emission politique après avoir dû débattre avec
Jérôme Kerviel et Robert Ménard: « Un casting indigne d'un candidat à la
présidentielle», bouillonne son entourage.
Et François Fillon, lors de la troisième
confrontation de la primaire, s'est insurgé contre la «conception de ce débat en termes de spectacle». Réponse sèche de
Field: «Si on n'aime pas la politique
spectacle, on ne va pas sur le canapé de Karine Le Marchand!»
Chaque éclat voit Field se transformer
en démineur, comme après l'altercation, le 19 octobre dans l'émission Cash
investigation, entre Christian Estrosi et Élise Lucet, avec qui il avoue
entretenir des « relations sportives». « Calmer les humeurs des politiques
fait partie du job » glisse-t-il. Un œil fixé sur les temps de parole des politiques, qu'il surveille
avec un soin d'horloger, l'autre sur le compte à rebours de la présidentielle,
qu'il espère franchir sans encombre: certains jours Field se rassure en regardant
dans son rétroviseur. Car malgré les oukases et les pressions endurés durant les campagnes de
2007 et de 2012, Arlette Chabot et Thierry Thuillier sont allés jusqu'au terme
des mandats respectifs de leur PDG, Patrick de Carolis et Rémy Pflimlin. En
sera-t-il de même pour Michel Field?
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