L'Arcom ne peut signer l'arrêt de mort de la télé publique s'asseyant sur 10 ans d’échecs d'Ernotte qui raconte toujours les mêmes sornettes.
Dans sa
dernière publication « France
Télévisions : en route vers la dissémination ? » (Sur Tik Tok...et vive la Chine)
Pierre-Etienne Pommier a vu juste.
Il écrit : « Lors
de son audition devant l'ARCOM, Delphine Ernotte a de nouveau martelé des
slogans, des promesses édifiantes qui veulent manifestement faire moderne, avec
bien sûr de l'IA comme solution miracle alors que, selon le rapport public
de l'IGF, France Télévisions a aujourd'hui été incapable de gérer sa
transformation numérique.
Plutôt que de
s'interroger sur les objectifs et moyens pour faire de bons programmes, toucher
tous les publics notamment les jeunes, elle défend pour son troisième mandat qui
sonne comme une promesse politique : « Réconcilier » les Français en
luttant contre la polarisation de la société…
"Alors
que les ferments de la division prospèrent en France comme partout dans le
monde, réconcilier les Français est la plus noble des missions du service
public. C'est à cet objectif que ce projet s'attelle." (sic)
Quoi qu’en
pense de ces affirmations, le sujet est que tant son bilan que son nouveau
projet viennent totalement contredire ces soi-disant objectifs.
Côté bilan et pour s'en tenir à ce seul point, l'échec de Franceinfo, tant au niveau éditorial qu'en termes
d'audiences, démontre l'incapacité de Delphine Ernotte à développer
une offre d'information forte et distincte en dix ans. Cet échec est
illustré par une instabilité managériale : en dix ans, la direction de
l'information de France Télévisions aura changé cinq fois (alors que chez
TF1, Thierry Thuillier est resté stable à son poste).
La séquence
diffusée cette semaine dans l'émission de Léa Salamé est un épisode
supplémentaire et lamentable qui démontre que les antennes de France
Télévisions ne sont pas maîtrisées et que tous les dérapages sont possibles.
Quand la
direction de France Télévisions laisse diffuser cette séquence d’une émission
enregistrée où Thierry Ardisson déclare que « Gaza c'est Auschwitz », elle
manque à ses responsabilités, tant sur le plan éditorial que juridique.
Comment
peut-on imaginer que de tels propos puissent permettre de réconcilier les
Français sur un sujet aussi sensible ? Le point Godwin serait-il devenu un
nouvel outil pour lutter contre la polarisation ?
Côté projet, Delphine Ernotte assume fortement de vouloir faire entrer
France Télévisions “dans l'ère de la dissémination” (terme dont
on se demande si inconsciemment il ne renvoie pas lexicalement aux suites d’un mouvement
de désintégration ou de dissolution).
La donne
mondiale a changé. Il nous revient d'être le rempart contre la manipulation de
l'information. Aucun intérêt particulier ne nous freine. Notre seule boussole,
c'est la véracité des faits.(…) Nous mènerons cette bataille partout où elle se
déroule, que ce soit à l'antenne et sur les réseaux sociaux. La dissémination
de notre offre est indispensable. – (Audition de
D.E.)
TikTok pour
sauver la démocratie ?
Pour
illustrer cette nécessaire dissémination, elle cite lors de son audition
l'exemple de la Roumanie où « c'est TikTok qui a fait l'émission politique
». Ainsi, après avoir échoué à développer une offre d'information linéaire
en continu, Delphine Ernotte propose maintenant de sauver la démocratie en
produisant et disséminant des programmes politiques sur les réseaux sociaux.
Il est
pourtant prouvé que TikTok a participé à des opérations de manipulation durant
ces élections (qui ont été annulées) en Roumanie. Au-delà des tactiques d'Astroturfing (manipulation par réseaux de comptes
coordonnés), Global Witness a démontré que l'algorithme de
recommandation de TikTok (le fil « Pour Toi ») favorisait de manière
significative — jusqu'à 14 fois plus fréquemment — les contenus soutenant le
candidat d'extrême droite Călin Georgescu par rapport à ceux de son adversaire.
Comment
peut-on sérieusement décider de faire d’une plateforme dont l'algorithme
invisibilise les contenus d'information fiables au profit de contenus
extrémistes un outil pour réconcilier les Français et lutter contre la
polarisation ?
"Dans
une période marquée par la polarisation, la vitalité de la démocratie ne sera
durablement garantie que par l'accès de tous à un débat public de qualité. Le
rôle d'un média public gratuit est majeur à cet égard et doit être investi avec
constance et régularité, y compris en dehors des séquences électorales." – (sic)
Comment
se fait-il que la présidente de France Télévisions et de l'EBU ignore si
manifestement les études internationales démontrant le rôle des réseaux sociaux
dans la manipulation de l'information et les atteintes à la démocratie –
notamment le dernier rapport de Viginum.
Sans compter
les problèmes d’atteinte à la vie privée,
l'autorité irlandaise de protection des données vient d’infliger une amende de
530 millions d'euros à TikTok pour avoir transféré des données
d'utilisateurs européens en Chine.
Est-ce du
cynisme ? De l’ignorance ? De l’indifférence ?
Les dangers
de la dissémination
Une
stratégie assumée de dissémination, qui impliquerait de renoncer au contact
direct avec nos publics et d'accepter une forte désintermédiation, serait
suicidaire pour l'audiovisuel public.
Aucun
grand groupe média d'envergure dans le monde, qu'il soit public ou privé, n'a
choisi une telle stratégie. C'est même l'inverse : tous les grands média
savent que leur force repose sur leur identité propre, leurs contenus
distinctifs et l'attachement qu'ils suscitent auprès de leurs publics.
Delphine
Ernotte succombe à tous les pièges de la modernité : Croire que tout
est fluide et que les contenus doivent être systématiquement déclinés sur tous
les supports — au risque de se soumettre à des algorithmes non maîtrisés et
d'abandonner le contrôle éditorial à des acteurs étrangers — est une erreur
fondamentale.
Certes, une
présence sur les réseaux sociaux est nécessaire, mais elle doit être réfléchie.
Ces plateformes ne doivent pas être considérées comme de nouvelles antennes ou
des médias autonomes, mais plutôt comme des outils marketing servant à
promouvoir les marques et programmes que le public consommera dans des
environnements maîtrisés.
Et si on
faisait de la bonne “télé” ?
Pour réussir,
il est essentiel de revenir aux fondamentaux : créer des programmes, des
formats et des marques fortes qui deviennent de repères de confiance pour le
public sur le linéaire et le numérique. C'est précisément ce que Delphine
Ernotte n'a pas su faire en dix ans. Qui peut aujourd'hui citer le nom de
l’émission politique de référence de France 2 ?
Son
nouveau projet de réconciliation et de dissémination ne fait que masquer son
échec à faire de la télévision.
Pour
l'avenir de notre télévision publique, il ne reste qu'à espérer que l'ARCOM
fera le bon choix.
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